1707 - Si au moins… ça pouvait ressembler… à l'Italie ! (7)
Si au moins…
ça pouvait ressembler…
à l’Italie !
(récidive)
7
28 septembre 2024 [suite]
Soir
Le restaurant recommandé par le guide est assez onéreux. Je commande un osso bucco, avec le souvenir de celui que préparait ma mère. (J'ai parfois mangé des versions acceptables de ce plat rue Delambre en compagnie d’Aymeric. Il me paraît étonnant, quand j'y songe, que ces moments appartiennent dorénavant au passé — puisque Aymeric ne travaille plus dans ce quartier…)
Celui que je mange dans ce restaurant est tout bonnement excellent, même si je déplore qu'il se trouve trop de viande dans l'assiette, et trop peu de légumes.
Au moment du dessert, je ne parviens pas prononcer « cheesecake ». Et songe in petto à Duncan.
Je me fais une remarque très générale : les voix des mâles italiens ne sont pas très viriles dans leur tessiture (faut-il attribuer cela à une tradition, pourtant forclose, de la fabrication de castrats ?).
Le dessert lui aussi s'avère savoureux, quoique sans doute en excédent de sucre.
Nuit
Je m'écarte, sans avoir compris pourquoi, de l'itinéraire indiqué par le GPS et descends par des ruelles que balisent des filets de couleur à peine visibles dans la cartographie que celui-ci m’indique. Les transports en commun la nuit s’avère rares à Bergame, si j'en crois les horaires consultés. Heureusement, le bus que je comptais prendre est en retard, et je parviens à rallier l'avenue Victor-Emmanuel II à l'instant où se présente un véhicule.
Rentré à l'appartement, je profite du Wi-fi — pourquoi (ou pourquoi pas !) mentionner cela ? — et sacrifie à une saine masturbation, quoique devant une vidéo porno aussi indigente, sinon navrante, dans son argument que médiocre dans l’incarnation des deux protagonistes.
Peu me chaut, au vrai, que les images que je mate ne soient qu'à demi bandantes, voire déceptives, l'appel à la chair (à l'incarnation) et l'impulsion à l’imagination étant mises en branle, quoi qu’il en soit et de toutes les façons. Je ne regarde pas toujours l'écran (d'ailleurs) et m'imagine des mains sur mon corps caressant ma peau, flattant tel endroit, massant tel autre, tout en pinçant mes tétons dressés — suppléant ainsi les invariables pipes et enculages qui se succèdent invariablement au cours de ces images, selon un scénario par trop réglé…
Or, si pour l’onaniste soustraire de fait une unité en raison de l'absence de partenaire revient quelquefois commodément à se dérober à des problèmes compliqués (résoudre des équations à un inconnu ayant pu quelquefois lasser ¡), et s’il est tout aussi vrai d’avoir retranché ce un au deux comporte un manque patent dans des jeux à l’évidence intransitifs, ce ne sont pas les mains qui manipulent, les doigts qui doigtent, les langues qui lèchent ou les caresses qui caressent qui manquent le plus, ce sont davantage les bouches qui s'abouchent, les langues — dans l'inflexion de pelles mirifiques qui travaillent de concert à leur œuvre et cognent dans leurs cavités et s'émerveillent dans des palais où le baiser est souverain —, ainsi que déjà raconté au sortir d’un rêve érotique…
* * *
L'appartement de Sandra est décidément bien aménagé, décoré, meublé avec goût. C'est la toute première fois que je vois une cuisinière avec cinq points de cuisson dans cette sorte de location. Quatre serviettes sont roulées, qui servent d'essuie-mains dans la salle de bain. Le lit est aussi large que long. Le seul bémol qui m'apparaît après m'être couché tient à la minceur des cloisons, et j'entendrai bientôt sonner des bruits de pas venant du plafond…