1590 - Voyage à l'Est (9), 18 octobre, Budapest
[récidive]
Journal extime
(Mitteleuropa, 12 octobre - 25 octobre 2023)
9
18 octobre
J’ai dormi tout mon soûl, accomplissant une pleine inhabituelle nuit de 8 heures !
Je retourne à Buda afin d’en visiter le Palais.
Putto with skull, Fragment from the tomb of Wilhelm Georg Löffelholz from the Church of Our Lady in Buda Castle, Middle of 18th century
L’entrée de la Salle Saint-Etienne est prévue à 10 heures 45. Or, il n’est qu’à peine 10 heures 05. Je patiente en parcourant le dernier étage — et en regardant une vidéo d’un quart d’heure exposant l’histoire du Château.
J'entre enfin, en même temps qu'une dizaine de personnes. Ce que l’on donne à voir ensuite — est livrée une tablette qui accompagne en français une déambulation d’autant plus alentie que les commentaires en sont copieux, si ce n’est fastidieux, en spécifiant le détail de familles royales et des souverains — concerne les derniers travaux entrepris dans le Palais, ainsi que les derniers feux de l’Empire austro-hongrois. Tout a été reconstitué à l’identique après les bombardements de la Seconde guerre mondiale. On ne nous laisse entrer qu’après un certain temps — sans doute pour que soit effectuée la lecture complète des informations distillées par la tablette et les panneaux muraux des toutes premières salles — dans Stephen’s Hal, rutilant en diable de tout l’éclat de sa reconstitution (achevée en 2021) et flambant neuf…
Je visite le reste du bâtiment ensuite, divers et variable en intérêt.
Frieze with a Inscription, red marble, last quarter of the 15th century ; Coffered Ceiling Panel with Cherub Heads, red marble, around 1480-1490
Puis, je me rends au Clocher Marie-Madeleine : cette tour de guet vieille de six cents ans est vantée pour sa vue panoramique sur la ville. J’en escale avec grand-peine les escaliers — il y a près de deux cents marches à gravir — pour un contentement finalement assez maigre, le panorama ne se dévoilant qu’à travers des vitres sales.
Après-midi
Je prends un train jusqu’au Musée Vasarely, à l’extérieur de la ville même. Il est 13 heures 30 quand j’y parviens, et, affamé, je déjeune d’un sandwich rapide dans une cafétéria toute proche avant d’entrer dans les lieux.
J’apprends que le peintre a fait ses premières armes sous le drapeau du Bauhaus hongrois, puis en France.
Certains aspects de sa recherche — et de son œuvre — sont intéressants, mais, à mes yeux, pas uniment. Sa vision du « principe "démocratique" de la multiplication », qui « devait devenir la marque de fabrique de l’art de Vasarely » présuppose aussi (et surtout ?) l’application bien comprise de l’expansion du capitalisme même — voire du profit particulier du peintre.
Géométrie, rythmes, répétitions, couleurs (ou noirs ou blancs), inversions, réversions du même ou du similaire, distorsions et effets rétiniens ne me sont néanmoins pas indifférents
Naissances, 1954/1960, From the album “Hommage à Johann Sebastian Bach” (Éd. Pierre Belford, Paris, 1973. Exemplaire XIV/XX.), Supplement n° 3, Deep kinetic object, plexiglass, silk screen
— et je perçois le lien organique que Naissances peut entretenir avec “l’art de la fugue”, le plasticien se réclamant de Bach, maître incontesté des variations musicales (ce qui me ramène en pensée aux toiles de Judit Reigl vues l’avant-avant-veille…).
Vasarely (Karton | Carton by) - Manufacture d'Aubusson, Pinton Cheyt Strif, 1975, N°72, Tapestry, Cotton and wool
Des épigones contemporains sont exposés dans une dernière salle à l’étage, et ses yeux s’arrêtent quelque temps sur cette œuvre qui tient de l’ombrelle ou du bouclier, tout en proposant de subtiles variations de rouges.
Robitz Anikó, Los Angeles, 2010 (ou plus certainement) Aix-en-Provence, 2016 ; Fotó, archival pigment print
[Je n’ai pas photographié le cartel de cette dernière toile — et n’en ai par la suite retrouvé ni le titre ni le titre, à mon grand regret…]
* * *
J’effectue un formidable dans le temps en me rendant ensuite en bus jusqu'aux ruines romaines de la ville d’Aquincum.
* * *
Puis, voulant rentrer à Budapest même, je me trompe de train et suis bientôt en route vers Esztergom, ainsi que me l’explique un contrôleur amène, qui, fermant les yeux sur l’infraction involontaire que je viens de commettre, me remet dans la bonne direction (et vers l’actuelle capitale de la Hongrie).
Je débarque donc du train à la gare suivante, sans être autrement inquiété jusqu’au retour à Budapest.
Soir
Je prends un verre dans un bar que j’avais repéré au cours de mes déambulations dans le quartier juif, en face de la Grande synagogue.