1519 - Si bien que… ? (63)

Publié le par 1rΩm1

 

 

Si bien que… ?

(Journal extime)

Work in progress

 

63

 

7 avril 2023

Elisabeth, la veille, m’avait parlé pendant la manifestation d’un rassemblement en soutien aux agents de service, de moins en nombreux en raison du non-remplacement de collègues partis à la retraite, l’un, décédé, et, par suite, tous accablés de travail, en me donnant le lieu et l’heure du point de rendez-vous. Je décide de m’y rendre.

Bien m’en prend. J’avise d’abord Hélène un peu en retrait ainsi que, des étudiants faisant cercle autour d’elle, Elvire — que je n’ai pas vue depuis septembre (me dira-t-elle plus tard).

J’entame une conversation avec Hélène, que je connais depuis longtemps — et pour cause, puisque nous avions préparé ensemble l’agrégation il y a dorénavant trente ans, elle, réussissant au concours bien mieux que moi. Comme je lui demande des nouvelles de la conférence d’Adrien, prévue à l’origine le 11 mai, elle m’apprend que celle-ci est remise sine die. Le regret me point de n’avoir pas contacté Adrien quand j’étais à Paris il y a deux semaines.

J’apprends que la délégation des agents, étudiants et enseignants, nonobstant un rendez-vous préalablement demandé, n’a pas finalement été reçue au prétexte d’un rassemblement illégal, puisque non déclaré à temps en préfecture.

Contournant le cercle des étudiants et Elvire, j’aperçois Neil, qui entreprend une conversation d’autant mieux bienvenue qu’il avait paru m’éviter les deux ou fois précédentes que nous nous sommes croisés. Je fais signe à Laurent, Benoîte et Anne. Au terme de notre échange — qui a trait essentiellement à mon séjour parisien —, Neil me propose de prendre un verre mercredi prochain, ce que j’accepte volontiers.

Je rejoins Elvire à la faveur d’un départ de deux étudiants, distendant le cercle précédemment formé. Nous devisons un assez long moment, avant que Laurent nous rejoigne et que les étudiants se mettent de notre partie.

Je tomberai sous le charme de cette jeunesse, notamment d’un jeune homme plein de faconde, dont les réparties font montre de son engagement et d’une connaissance précise des instances administratives ou politiques, qu’il évoque avec un humour qui fait mouche.

Lorsque le cercle se rompt — tous sont là depuis une heure et demie au moins et le vent qui se lève sur cette place connue pour être toujours accaparée par brises et plus encore bises mordantes —, Elvire propose que nous voyions durant les vacances à venir.

(Elle m’avait demandé si “le métier” ne manquait pas. J’avais répondu que non ; que j’avais le regret, en revanche, de ce contact privilégié auprès de jeunes gens — du moins, avais-je ajouter, ceux qui valent pour l’énergie, l’intelligence, la ductilité et l’intérêt facile à éveiller dont ils savent faire montre…)

 

9 avril 2023

Je me mets en route — c’est du moins ce que j’espère — pour une de ces variantes de Nuit Debout improvisées qui sont réputées avoir lieu chaque soir à 20 heures dans les moyennes et grandes de France en protestation envers la (contre)réforme des retraites et, plus largement, de la politique antisociale brutale du gouvernement. Je ne vois aucun attroupement, sinon une haie de policiers de faction devant la préfecture.

 

Je n’entends pas perdre la soirée pour autant. J’attrape au vol un bus qui m’emmène au cinéma voir le Bleu du caftan, film de Maryam Touzani auquel je prends beaucoup de plaisir. Les épithètes qui me viennent à l’esprit sont les mêmes — je le vérifierai bientôt — que celles, méritées, de la réception critique : subtil, délicat, sensible… Le trio d’acteurs, en outre, s’y révèle impeccable : Lubna Azabal — dont j’avais aimé déjà la présence lumineuse dans Un monde presque paisible de Michel Deville —, Saleh Bakri, intense et grave, et, sensuel et prévenant, un jeune acteur inconnu : Ayoub Missioui (dont j’ai volé sur la toile cette rare photographie).

1519 - Si bien que… ? (63)

 

 

 

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