746 - Romana saltatio (Paris-Rome-Paris) (5)

Publié le par 1rΩm1

 

Romana saltatio

 

(Paris-Rome-Paris, 20 octobre – 2 novembre 2016)

Journal extime en écho

[Paris-Porto-Lisbonne, 10-23 février 2017]

 

V

 

24 octobre

 

Non content de mal dormir dans mon hôtel de la zone aéroportuaire, je précède de presque trois quarts d'heure l'heure programmée du réveil. Au moins, de cette façon, n'ai-je pas raté l'avion...

Cependant, qui l'eût cru ? les deux heures de vol passent comme un charme, et (car ?) le trentenaire que je suis (avec intérêt) dans la file d'embarquement... s’avère mon voisin de siège ! Comme il se frotte de temps en temps à mon épaule, il doit réveiller quelque zone hypnotique en moi... car je crois bien — ce qui ne m'arrive jamais en position assise — m'être assoupi. En tout cas, les deux heures de Paris à Rome — ce n'était pas Pâques pourtant — m'ont paru bien moins longues qu'un trajet de TGV.

 

Mais Rome ensuite se montre plus garce.

A la gare de Trastevere, tout d'abord, contrairement à ce qu'affirmait mon logeur dans ses messages, je ne vois nulle part de consigne où fourrer mes bagages. Il est dix heures et demie à peine, et je tire mon sac de voyage juché sur ma valise, l’une et l’autre couronnés de mon blouson ainsi remisé pour la circonstance (puisque la matinée titre 21 ou 22 degrés déjà, lot de consolation qu'il me faut tout de même reconnaître). J'ai mal à la jambe, aux pieds (je ne sais comment j'ai pu les chantourner dans mon sommeil, mais ils se rappelleront à moi toute la journée), et je me dépose sur la terrasse d’un café après être parti dans une mauvaise direction et avoir fait un grand tour du quartier bien malgré moi.

J’accomplis alors le plus positif de ma journée : j’en profite, en effet, un peu pour travailler sur cette terrasse au soleil en attendant midi et demie.

 

 

12 h 30

Je trouve mon logeur en bas de l’immeuble, qui arrive avec cinq minutes d’avance, en même temps que moi.

Il est plus jeune et mince que je l’imaginais.

Je le trouve sympathique, tout en corrigeant intérieurement aussitôt l’impression qu’il me fait : un peu trop sympathique peut-être. (Je découvrirai par la suite toutes sortes de mots de remerciements sur le réfrigérateur, comme un miroir de complaisance qui lui est offert.)

Pour ce qui me concerne, je vois bien que je ne lui offre pas suffisamment de prise.

J’achève de le déconcerter en lui disant (pour faire simple) n’avoir pas de téléphone. « It’s [that’s ?] strange ! », s’exclame-t-il d’emblée. Il rectifie, mais une demi-minute ensuite : « Unusual ».

Il ne s’attarde pas : dix minutes plus tard, il a déjà pris le large. Et nous ne nous reverrons pas, puisque, en partant, je n’aurai qu’à pousser la porte sur moi en laissant à l’intérieur les clés.

 

Après-midi

Je fais quelques courses. Et mange avec un vif appétit de très bons tortellinis (achetés sous vide). Il faut dire aussi que quatre heures et demie ne sont pas tout à fait une heure chrétienne pour un petit-déjeuner, tout environné d’ombres et de nuit, et ce, bien avant Frère Jacques et mâtines…

Ensuite, comme on est lundi, jour de fermeture des musées et de la plupart des monuments en Italie, je décide — le Bon Dieu ne s’étant pas, que je sache, livré au farniente un lundi — de visiter San Clemente.

J’ai sans doute confondu l’arrêt où je devais descendre et le nom du terminus… Cependant, le tram, pour une obscure raison qui ne paraît pas tenir à un caprice du conducteur, lambine. D’ailleurs, nous sommes finalement débarqués et sommés de prendre la rame suivante. Je vérifie mon erreur. Or, il est déjà presque dix-sept heures : le temps de me transporter, l’église sera sur le point de fermer. Je décide, à mon grand dam, de faire demi-tour.

J’ai (re)vu le Colisée, pourtant. Et j’ai même eu le temps, malgré tout, de visiter San Clemente avant que la basilique ne ferme.

© Internet

© Internet

Ses belles mosaïques ne m’ont pas autant impressionné que celles de Montreale ni de Palerme. Et j’y ai consacré toute une après-midi alors que j’aurai pu boucler cela en deux heures et me promener ensuite — à condition que mes pieds y consentent ! — dans la Rome historique et Circo Massimo, promenade que j’ai dû ajourner…

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(en écho)

 

14 février [2017]

 

Vol sans histoire. J’apprécie de n’avoir de voisin ni à droite ni à ma gauche.

 

Il pleut quand j’arrive à Porto.

Le soleil revient bientôt, néanmoins.

Puis, à nouveau, la pluie.

 

Je ne suis pas attendu : il n’en est d’ailleurs pas besoin, puisque l’appartement, tout comme l’entrée de l’immeuble, s’ouvre avec un digicode, qu’a programmé — j’imagine — la femme de ménage en partant. J’ai précisé, la veille, que je serais en avance sur l’heure habituelle du check-in (!), de façon à ne pas trop battre la semelle en attendant de pouvoir pénétrer les lieux.

Le studio est neuf, spacieux et propre. Il est à l’image de l’absence de tout accueil : impersonnel (tout est blanc) et voué aux locations des vacanciers qui s’y succèderont sans jamais mêler leur histoire à celle des autres.

Je m’en rends bientôt compte : je suis tout près du centre piétonnier, de la rue commerçante principale de Porto.

L’après-midi est déjà entamé, et je remets au lendemain toute visite touristique : je me contenterai d’explorer le quartier. Je fais des courses dans un supermarché assez proche, puis, ayant déposé ces courses, dans le studio, m’achète des chaussures, puis trois chemises dont je fais raccourcir les manches.

 

J’ai marché deux heures et demie dans les rues de Porto sans m’en rendre compte.

 

Je dîne dans l’appartement d’un plat préparé que j’enfourne dans le micro-ondes.

 

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