774 - Fado fandango (11)
Fado fandango
Journal extime
(Paris – Porto – Lisbonne - Paris, 10-23 février 2017)
XI
21 février
Matin
Après la visite du couvent de saint Jérôme (Mosteiro dos Jerónimos)
après la visite du musée attenant,
et même si, en chemin, cette fresque murale retient mon attention,
je me dis à tout instant que j’aurais dû m’éviter la Tour de Belém. Les temps d’attente pour y entrer, puis pour gravir les quatre-vingt-douze marches, puis pour les redescendre, sont longs, et l’intérêt de la visite, hors la vue (et encore !), est limité1.
Après-midi
Comme la veille et au même endroit, je déjeune d’un sandwich.
Comme il n’a été ouvert qu’en 2008 et que je n’ai pu le voir auparavant, non sans avoir un peu erré pour le trouver, je me rends au Museu do Oriente.
Une exposition sur l’opéra chinois s’y trouve, très bien scénographiée. Plus qu'aux costumes somptueux, je suis sensible à ces marionnettes.
Le fonds permanent est aussi très riche. La plupart des objets sont, malheureusement, sous vitrine, et beaucoup de clichés que je prends sont soit flous, soit saturés de reflets.
Portable cabinet, Ceylan, ca. 1635-1680
Parmi les vases, les bouddhas, les coffres, les statuettes, les masques, les figurines funéraires, et plus que les fils d'or, les soies, les nacres, les pierreries, les jades, les ivoires et les bois rares, je suis arrêté par cette statue équestre, laquelle paraît s'adresser à quelque vestige merveilleux et lointain de mon enfance.
Prenant ensuite un train jusqu'à la gare centrale (Cais do Sodré), je sacrifie au Lisboa Story Centre, dont la visite s’avère très didactique et plutôt plaisante.
Je boucle mon parcours en visitant l’Eglise du Couvent de Saõ Pedro de Alcantara.
* * *
A l’Institut du Porto, où j’achève cette journée bien remplie, je choisis un rozes extra seco blanc à un prix doux qui fait oublier celui bu chez Taylor’s. Le garçon auquel je m’adresse n’est toutefois pas plus agréable qu’à Porto, qui refuse de me conseiller pour un porto rosé qui ne soit pas trop doux ni trop sucré.
Celui pour lequel j’opte finalement me paraît cependant plus sec que je ne l’aurais imaginé.
-=-=-=-=-=-
1Que n'avais-je lu Eric Chevillard avant ma visite ! Voici ce qu'il écrit dans l'Autofictif au petit pois le 23 avril 2014 :
Sur la passerelle de bois qui nous y conduit, je parcours les pages de mon guide consacrées à la tour de Bélem. Très vite cependant, j'interromps ma lecture. Je n'ai pas besoin d'en oublier davantage.
Puis nous empruntons évidemment un petit escalier à vis, étroit comme si la capitainerie du port avait été confiée par privilège à un chat mal nourri, jusqu'à la terrasse supérieure où nous attend, outre le paysage que nous avons pu contempler aussi bien depuis les paliers intermédiaires, une longue file de visiteurs enroulée sur elle-même, comme moulée par l'ascension, qui guette avec impatience le moment où se libérera l'accès à l'escalier pour s'y couler à nouveau et redescendre enfin. Où se vérifie que le tourisme est bien une forme de transit.
(L'Autofictif ultraconfidentiel, Editions de l'Arbre vengeur, 2018, p. 853.)
[ajout du 28 août 2019]