805 - S i c i l i a n a (12)
S i c i l i a n a
PARIS - SICILE - PARIS
Journal extime (7 - 21 avril 2017)
12
20 avril
Matin
Comme je l'avais projeté la veille, je vais à pied au hasard dans les rues de Catane.
Amphithéâtre romain
Du fait d’un groupe scolaire nombreux et bruyant, je renonce — n’étant d’ailleurs pas en manque de vieilles pierres — au théâtre grec…
Je repasse dans le quartier du marché, où j’ai dîné la veille. A l’étal, des choux-fleurs et des carottes de différentes variétés et couleurs, des agrumes et des fruits à des prix étonnamment bas donnent envie — et je me projette un instant en autochtone bénéficiant de si beaux fruits et légumes.
Un vif vent froid, cependant, pourrait décourager la promenade.
Soir
J’atterris en fin d’après-midi à Paris.
Judith n’étant pas certaine d’être disponible, j’ai renoncé à l’inviter, elle et N., dans un restaurant. Je remets à une fois prochaine l’idée d’une invitation, n’ayant aucune idée d’un cadeau que je pourrais leur faire, et préférant attendre une occasion qui m'inspirerait.
21 avril
Matin
L’heure de mon train, en début d’après-midi, me laisse la latitude encore de flâner dans Paris.
Allant à pied en direction du Luxembourg puis du quartier latin, je suis heureux de constater enfin terminée la rénovation des fresques de Delacroix.
C’est la première fois que je visite la sacristie saint Jean-Baptiste, dont les boiseries impressionnent.
Je m’amuse de cette affiche électorale au texte caviardé afin d’en transformer le slogan, après l’invraisemblable feuilleton à rebondissements déclenché par la mauvaise foi du candidat de la droite…
Soir, ****
Je retrouve T. dans le café où nous avons nos habitudes.
Il se montre toujours emballé par la candidature de **** aux élections présidentielles, et croit à une victoire possible. Il achète les brochures qui présentent le programme du candidat en question, qu’il laisse dans « l’arbre à livres » de la place — et que subtilise à mesure l’agent municipal chargé de ranger les ouvrages dans le meuble, au grand dam de T. évidemment.
Je lui dis que je m’inquiète des conséquences que pourrait avoir pour lui une défaite électorale dès dimanche, étant plus dubitatif que lui sur les résultats de ce premier tour de scrutin.
Il y a songé. Il a songé qu’il pourrait en concevoir une nouvelle dépression (l’élection en 2007 de Nicolas Sarkozy lui avait scié les jambes pour quelques temps).
Je suis content de le retrouver.
Je lui fais part, précisément, du bel enthousiasme suscité par le même **** chez N*** et Judith. Depuis longtemps la politique n’avait suscité autour de moi — je songe également à Marthe, Paul, M.-C. — autant de ferveur, d'espérance. L’animation, la ferveur que j’ai senties dans les discussions, et — les voix discordantes important peu — ce bel unisson d’un ami l’autre, alors même que les uns et les autres ne se connaissent pas, m’a paru digne de ces « chaînes » auxquelles je suis plus sensible qu'aux dissensions, tout en prêtant une identité forte à cet engouement.
(C'est sans scrupule aucun — au vu et su des sondages toutefois — que, pour ne pas devoir regretter mon bulletin de vote comme en 2002, quinze jours après, refusant d'être pris de nouveau en otage par un prétendu "vote utile", je déposerai pour la première fois un bulletin blanc, geste que je renouvellerai avec le même contentement au second tour des élections législatives en juin.)