894 - A l'anversoise (5)

Publié le par 1rΩm1

 

 

DANS ANVERS, DANSE ANVERSOISE

 

(AnverS, AverS et Endroits)

 

 [titre provisoire ?]

 

WORK in PROGRESS

 

Journal extime

 

(Bruxelles - Anvers - Gand - Bruges : 13 août - 25 août 2018)

 

5

 

16 août

Matin

Je suis réveillé tôt. Je me lève juste après John, qui doit, j’imagine, partir bientôt pour travailler.

Ma première visite sera pour le béguinage anversois, le seul de tous les endroits consultés à ouvrir à neuf heures.

 

894 - A l'anversoise (5)
894 - A l'anversoise (5)
894 - A l'anversoise (5)
894 - A l'anversoise (5)
894 - A l'anversoise (5)

Des roses trémières, des merles, des pommes mûres ou pourries tombées au sol offertes en pâture aux guêpes. Je suis le seul humain à tirer là une courte méditation, composant une vanité improvisée.

 

Comme j’en suis proche, je me rends à la maison de Rockox (Rockoxhuis), humaniste et collectionneur d’art éclairé, neuf fois bourgmestre d’Anvers, assez bel homme si l’on en croit les deux portraits qui accueillent le visiteur, dont cette miniature par Philip Fruytiers d’après Rubens, dont il a été l’ami (tous ces renseignements étant tirés du guide).

 

Philip Fruytiers, Portrait de Nicolaas Rockox d’après Rubens

Philip Fruytiers, Portrait de Nicolaas Rockox d’après Rubens

Thomas Willeboirts Bossschaert, Portrait de Nicolaas Rockox

Thomas Willeboirts Bossschaert, Portrait de Nicolaas Rockox

Comme à Bruxelles, je dois remiser ma sacoche, et suis bientôt encombré de deux tablettes : l’un prêtée par le musée pour accompagner mon tour du propriétaire, l’autre, la mienne, pour prendre quelques photographies, le guide en sus ! Je jongle donc entre tous ces objets en parcourant l’endroit.

Je rate ma prise de la Vierge à l’Enfant de Quentin Metsys, faute de pouvoir approcher l’œuvre davantage (une alarme se déclenchant quand j’approche), dont aucune carte postale vendue à l’entrée (qui fait office aussi de sortie) ne viendra compenser la médiocrité.

 

Willem van den Broecke (Paludanus) (Mechelen 1530 - Anvers 1579), le Paradis terrestre, terre cuite

Willem van den Broecke (Paludanus) (Mechelen 1530 - Anvers 1579), le Paradis terrestre, terre cuite

Antoon van Dyck, Deux études d’une tête d’homme, v. 1618, Huile sur toile marouflée sur panneau
Antoon van Dyck, Deux études d’une tête d’homme, v. 1618, Huile sur toile marouflée sur panneau

Antoon van Dyck, Deux études d’une tête d’homme, v. 1618, Huile sur toile marouflée sur panneau

Je découvre une copie par Peter Bruegel le Jeune (?) des Proverbes (vus deux ans auparavant à la Gemäldegalerie de Berlin — et qui manifestaient, de fait, plus de virtuosité)…

 

894 - A l'anversoise (5)
894 - A l'anversoise (5)
894 - A l'anversoise (5)

Je m’amuse de ce chat noir alléché par ces victuailles, que j’enverrai à Marthe, qui ne le découvrira pas dans la profusion du tableau, tapi et en attente de festin.

 

Frans Snijders, Garde manger avec gibier, huile sur toile (v. 1615-1620), Collection particulière
Frans Snijders, Garde manger avec gibier, huile sur toile (v. 1615-1620), Collection particulière

Frans Snijders, Garde manger avec gibier, huile sur toile (v. 1615-1620), Collection particulière

La tablette d’accompagnement est très bien faite.

 

894 - A l'anversoise (5)
894 - A l'anversoise (5)
Joannes Fyt, Concert d’oiseaux, v. 1650, Huile sur toile
Joannes Fyt, Concert d’oiseaux, v. 1650, Huile sur toile
Joannes Fyt, Concert d’oiseaux, v. 1650, Huile sur toile

Joannes Fyt, Concert d’oiseaux, v. 1650, Huile sur toile

En outre, les gardiens très diligents, qui parfois m’adressent la parole alors que j’écoute les documents sonores accompagnant chaque entrée dans une nouvelle pièce, se montrent prompts au dialogue.

L’un s’excuse platement de m’avoir interrompu et me procure un dépliant sur les divers lieux à Anvers qui constituent un parcours à la gloire de Rembrandt.

Je le perds et, m'en apercevant, rebrousse chemin, faisant une salle après l'autre pour le retrouver, moins pour le dépliant que pour le geste en soi.

 

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Je fais quelques courses et rentre déjeuner.

 

 

Après-midi

Je me rends au Museum Plantin-Moretus.

894 - A l'anversoise (5)
894 - A l'anversoise (5)
894 - A l'anversoise (5)

Cette maison d’un imprimeur n’est pas sans faire en moi jouer un peu de fascination, suscitant une de ces vies imaginaires que l’on s’invente parfois le temps d’un court instant par affinité spéciale, non pour des raisons liées à la biographie, mais bien plutôt aux activités mêmes d’un individu qu’on aurait aimé avoir soi-même.

Je parcours la librairie, la salle des correcteurs, l’imprimerie, les bibliothèques, intéressé à peu près par tout et partout.

 

Grande bibliothèque. Crucifixion, Peter Thijs (XVIIe siècle)
Grande bibliothèque. Crucifixion, Peter Thijs (XVIIe siècle)
Grande bibliothèque. Crucifixion, Peter Thijs (XVIIe siècle)
Grande bibliothèque. Crucifixion, Peter Thijs (XVIIe siècle)
Grande bibliothèque. Crucifixion, Peter Thijs (XVIIe siècle)
Grande bibliothèque. Crucifixion, Peter Thijs (XVIIe siècle)

Grande bibliothèque. Crucifixion, Peter Thijs (XVIIe siècle)

P. P. Rubens, [Sénèque], [1612 ?]

P. P. Rubens, [Sénèque], [1612 ?]

Ainsi j’ignorais que l’on vendait les livres en feuilles et qu’on s’adressait ensuite à un relieur pour consulter de véritables volumes... rêverie que j’ai pour ma part déjà eue !

On s’abîme aussi dans des songeries à propos de ces plus anciennes presses du monde en bois, dont cinq seraient encore en état de fonctionner, même si elles sont légèrement postérieures à l’existence de Plantin et de son gendre, Moretus.

 

894 - A l'anversoise (5)
894 - A l'anversoise (5)
894 - A l'anversoise (5)

Plus encore, mon esprit vagabonde à propos des poinçons et caractères de Claude Garamont : d’ailleurs le « garamond », que j’utilise pour ce “blog”-ci est non seulement un caractère à mes yeux parmi les plus élégants, mais serait aussi le plus économe en encre, pour nos imprimantes modernes du moins dont les cartouches sont d'un coût exorbitant…

 

894 - A l'anversoise (5)
894 - A l'anversoise (5)
894 - A l'anversoise (5)

Et je penserai à N. en voyant cette édition des Tyrannies et cruautez des Espagnols de Las Casas.

 

894 - A l'anversoise (5)

*   *   *

 

Je me mets en route ensuite pour visiter le MAS (Museum aan de Stroom), mon guide m’indiquant un nocturne jusque 21 heures.

Entre-temps, je pousse jusqu’au tunnel sous l’Escaut, dont m’avait parlé S***. Je ne l’emprunterai toutefois pas, me contentant de ses seuils.

 

 

894 - A l'anversoise (5)
894 - A l'anversoise (5)
894 - A l'anversoise (5)

Je passe par la Grand-Place, dont l’Hôtel de ville, en réfection, se trouve emballé. On installe un podium destiné à je ne sais quelle manifestation à venir : tout cela bouche la vue et défigure l’endroit.

Je longe assez longuement l’Escaut pour parvenir à mon but.

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Cependant, le “Musée sur le fleuve” est en passe de fermer. Au guichet, une femme aimable m’indique qu’aucun nocturne n’a plus lieu depuis quelque cinq années.

Je visite, avant qu’il ne ferme, l’espace dévolu à quelques-unes des œuvres qui constituent les réserves du musée. Des fichiers incroyablement garnis répertorient à l’ancienne, sur des fiches en carton, des œuvres en disgrâce pour des raisons, sinon mauvaises, nécessairement arbitraires, en attendant qu’elles voient un matin leur renaissance…

 

Zwaar Kind, Anoniem, Nederrijn (Duitse reglo), Eesrte helt 16de eeuw, hout
Zwaar Kind, Anoniem, Nederrijn (Duitse reglo), Eesrte helt 16de eeuw, hout
Zwaar Kind, Anoniem, Nederrijn (Duitse reglo), Eesrte helt 16de eeuw, hout

Zwaar Kind, Anoniem, Nederrijn (Duitse reglo), Eesrte helt 16de eeuw, hout

Je monte ensuite jusqu’à la terrasse de l’édifice, où l’on peut voir sous tous ses angles la ville et son port.

 

894 - A l'anversoise (5)

Je prends une bière brune dans la cafétéria à son pied — et j’écris quelques rudiments de ces phrases-ci.

 

Soir

Je maudis un peu John et sa musique — je ferme la porte entre le couloir qui mène au chambre et l’espace à vivre — qui, comme lui lorsqu’il s’exprime, parle fort. Je le sais pour avoir assisté à des conversations avec sa petite famille sur Skype. Et lorsqu’il n’échange pas avec sa femme et son fils — à qui il lit des histoires, seul point qui trouve grâce à mes yeux —, il a de longues conversations téléphoniques auxquelles je n’entends rien, son accent n’ayant rien à voir avec l’anglais appris à l’école, qui plus est il y a quarante ans !

 

Tandis que j’écris au bureau de S***, j’observe, par la baie vitrée les allées et venues des automobilistes sur le terrain vague en face.

 

 

 

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