903 - A l'anversoise (11)
DANS ANVERS, DANSE ANVERSOISE
(AnverS, AverS et Endroits)
[titre provisoire ?]
WORK in PROGRESS
Journal extime
(Bruxelles - Anvers - Gand - Bruges : 13 août - 25 août 2018)
11
21 août
Matin
Je me mets tôt en route, pour voir tout d’abord à quoi ressemble la bibliothèque De Krook. Non seulement l’on manque de recul pour photographier le bâtiment, mais les alentours sont en travaux — comme tout le quartier l’est d’ailleurs.
Je photographie, sans savoir de quoi il s’agit, l’extérieur du centre d’art Vooruit (et, à l'origine, une « salle des fêtes », si je lis bien aujourd'hui l'inscription sur la façade).
La ligne de bus pour se rendre au musée des Beaux-arts a dû être détournée et je reviens sur mes pas en direction de Woodrow Wilson Plein, où un bus chauffe, n’attendant que moi, alors même que j’arrive.
Cependant, je me suis trompé dans les horaires et suis en avance d’une demi-heure sur l’ouverture du musée.
En compagnie de quelques rares touristes, nous patientons à l’extérieur — ce que je n'aurai pas à regretter ensuite.
Jheronimus Bosch, Saint Jérôme, ca. 1485-1495, Huile sur panneau
Jheronimus Bosch, le Portement de croix, vers 1510-1516, Huile sur panneau
Ce petit format de Rubens me conforte dans l’idée que je me suis forgée depuis quelques jours : j’aime Rubens lorsque des chairs plus grandes que nature ne débordent pas dans de grosses machines, sous un prétexte mythologique quelconque…
P. P. Rubens, la Flagellation du Christ, ca. 1614, Huile sur toile
Jacob Cornelisz van Oostsanen (c. 1472-1533), le Calvaire, v. 1524 Huile sur panneau
Je m’attarde devant ce très beau portrait du Tintoret, dont les antiquités paraissent avoir migré d’une toile de De Chirico.
Une exposition temporaire est consacrée à des dessins
— et le nom de George Minne commence à imprégner mon esprit (en vérité, ce nom semble une réminiscence d'une vie antérieure avec R., que je ne saurais préciser davantage pour autant)
avant même que je ne voie cette étonnante fontaine de suppliants grêles et secs exposée à un tout autre endroit du musée.
George Minne, la Fontaine des agenouillés, Les jeunes gens, vers 1905, Vasque, vers 1927-1930 (copie), plâtre
Et c'est à R. que je songe encore en voyant cette Judith, plus qu'à Michel Leiris — que ces pieds robustes, ce visage impavide, ce corps sans gracilité sans rapport avec quelque Cranach, auraient sans doute rebuté.
Edouard Richter (1844-1913), Judith, 1877, Huile sur toile
Je remets en songe aussi mes pas dans ceux pas si anciens d’une exposition au musée du Luxembourg
Henri Fantin-Latour (1836-1904), Etude de Victoria Dubourg, épouse de l'artiste, 1873, Huile sur toile
— ou sur un quai de ****, qui porte son nom de peintre, longtemps arpenté avant que j’aie su qu’il était peintre et avait même ce prénom, Eugène, que je découvre aujourd'hui…
Mais c’est, à plaisir, un saut à pieds joints que j’effectue dans l’univers de James Ensor :
James Ensor, les Poissardes mélancoliques, 1892, Huile sur toile
J. Ensor, la Vierge consolatrice, 1892, Huile sur panneau
Les Bains à Ostende, 1890, Gouache ou crayon de couleur sur panneau
Et c’est dans le désordre chronologique que j’achève, non sans boucler mon parcours, cette promenade muséale, rentrant à pied ensuite le long d’une avenue bruyante et sans charme.
Oskar Kokoschka (1886-1980), Portrait du docteur Ludwig Adler (1914), Huile sur toile
Après-midi
Je m’octroie une nouvelle sieste, plus longue que celle de la veille.
Contrairement aux prévisions météorologiques, il n’a pas plu. Il fait même beau — et chaud — beaucoup plus que les jours précédents.
Je vais jusque l’abbaye Saint-Pierre, passant à côté — dans le double sens de ces termes — de la pharmacie bâtie par la même coopérative Vooruit ayant édifié le centre d’art qui porte ce même nom, dont, cette fois, je photographie l’arrière et son extension dans des bâtiments plus récents.
Mettant d’autres pas dans ceux de la veille, je retourne à la cathédrale :
le Triptyque de Porbus reste à nouveau imprenable, éclaboussé de lumière. Je me console en achetant quelques cartes postales, l’endroit, cette fois, étant ouvert, et en visitant le trésor de la cathédrale.
Trésor de la cathédrale
Je me promène ensuite au hasard des rues et, de rue en rue, suis amené jusque dans le même café tapissé de livres que la veille, où, le temps d’une pause, je bois une Orval à nouveau.
Soir
À peine un peu plus tard que la veille, je quitte le studio où je loge pour effectuer un circuit similaire à celui fait — à nouveau ! — la veille, façon peut-être d’adresser des adieux à la ville.
Le moment le plus intéressant, le plus photogénique, reste le crépuscule avant que la nuit efface tout à fait les reflets des façades des maisons dans l’eau.