897 - A l'anversoise (7)

Publié le par 1rΩm1

 

 

DANS ANVERS, DANSE ANVERSOISE

 

(AnverS, AverS et Endroits)

 

 [titre provisoire ?]

 

WORK in PROGRESS

 

Journal extime

 

(Bruxelles - Anvers - Gand - Bruges : 13 août - 25 août 2018)

 

7

 

17 août [suite]

Après-midi

Je suis à 14 heures devant le MAS, que je n’ai pu investir la veille.

Je bénéficie d’une gratuité heureuse dans tous ces musées, comme il devrait en être toujours, partout, pour tout un chacun — mais il n’est plus que les musées nationaux anglais pour offrir cela…

 

Le bâtiment offre sept niveaux d'exposition accessibles aux visiteurs, dont le septième a trait à la vie après la mort !

Nonobstant la réserve, vue la veille, le premier que j'investis concerne une peintre, Michaelina Wautier, dont j’ignorais l’existence.

 

 

897 - A l'anversoise (7)

Un bel autoportrait, tendu, m’accueille.

 

Michaelina Wautier, Autoportrait, Huile sur toile, 120 x 102 cm

Michaelina Wautier, Autoportrait, Huile sur toile, 120 x 102 cm

Michaelina Wautier, Saint Jean-Baptiste garçon, Huile sur toile, 68 x 61 cm, Madrid, Museo Lazaro Galdiano

Michaelina Wautier, Saint Jean-Baptiste garçon, Huile sur toile, 68 x 61 cm, Madrid, Museo Lazaro Galdiano

Michaelina Wautier, Saint Jean l’évangéliste, vers 1655, Huile sur toile, Collection privée

Michaelina Wautier, Saint Jean l’évangéliste, vers 1655, Huile sur toile, Collection privée

Michaelina Wautier, Deux garçons faisant des bulles de savon (deux versions de tailles différentes) 90,5 x 121,3 cm, Seattle Art Muséum / 90,5 x 87, Collection privée, Espagne
Michaelina Wautier, Deux garçons faisant des bulles de savon (deux versions de tailles différentes) 90,5 x 121,3 cm, Seattle Art Muséum / 90,5 x 87, Collection privée, Espagne

Michaelina Wautier, Deux garçons faisant des bulles de savon (deux versions de tailles différentes) 90,5 x 121,3 cm, Seattle Art Muséum / 90,5 x 87, Collection privée, Espagne

897 - A l'anversoise (7)
Michael Sweerts, l’Atelier de dessin, vers 1655, 103,4 x 136,5 cm, Harley, musée Frans Hals
Michael Sweerts, l’Atelier de dessin, vers 1655, 103,4 x 136,5 cm, Harley, musée Frans Hals

Michael Sweerts, l’Atelier de dessin, vers 1655, 103,4 x 136,5 cm, Harley, musée Frans Hals

Un moulage en plâtre d’Antinoüs avec les attributs de Bacchus d’après un modèle antique du IIe siècle me rappelle au bon souvenir du bel éphèbe compagnon d'Hadrien, au souvenir d’autres lieux, Rome ou Londres1

 

897 - A l'anversoise (7)

Au deuxième niveau, l’exposition est consacrée à la fête — et s’ouvre sur l’esprit festif de la Gay Pride (décidément !)… (Je verrai plus tard qu’une rue d’Anvers s’institue « rue contre le racisme » !)

 

897 - A l'anversoise (7)
897 - A l'anversoise (7)

Il est question ensuite, entre autres perspectives, des rites d’initiation pour jeunes filles, des — j’ai oublié le terme qui les désigne — façons électroniques dont les adolescents échangent “festivement” sur les réseaux sociaux, ou, bien auparavant, comment les Belges pouvaient organiser leurs teufs d’une autre époque au son d’orgues de danse (à défaut de baller — d'effectuer ma danse anversoise —, je m’amuse beaucoup...).

 

897 - A l'anversoise (7)
897 - A l'anversoise (7)
897 - A l'anversoise (7)

Au troisième niveau, ce sont des villes et d’alimentation dont il est question, et je m’amuse davantage encore de ces installations qui dénoncent ou annoncent des temps à venir…

 

897 - A l'anversoise (7)
897 - A l'anversoise (7)
897 - A l'anversoise (7)
897 - A l'anversoise (7)
897 - A l'anversoise (7)

Au niveau supérieur, mon intérêt s’avère plus partagé. Il s’agit, cette fois, de commerce et de navigation. Le substrat en est plus plat, grossièrement tautologique, ou égrenant des truismes, voire des dogmes ressortissant à quelque actualité triomphante, à l’image du commentaire du livret d’accompagnement : « Les ports naissent à l’interface [!] des éléments eau et terre. Le monde s’y engouffre, des marins et des marchandises en appareillent à destination du monde [belle figure de discours, qui porte un nom, puisque l’énoncé s’ouvre et se ferme sur un même groupe]. Le port est lieu d’échange de marchandises, de brassage interculturel et un foyer d’idées nouvelles. Les ports évoluent en fonction des navires qui viennent s’y amarrer [!]. Mais au milieu des immenses constructions en acier et en béton, le port demeure une activité humaine [!]. »

J’y découvre, toutefois, ces Tintin (droit sortis de l’album le Lotus bleu [?]) que stupéfie le commerce des stupéfiants (sans doute) ;

897 - A l'anversoise (7)
897 - A l'anversoise (7)

mais, à cet étage, on a interrompu toute traduction — de même qu’aux niveaux supérieurs…

897 - A l'anversoise (7)

J’achève cet itinéraire par ce docker de Constantin Meunier, dont j’ai vu déjà un avatar au Musée fin-de-siècle à Bruxelles quelques jours auparavant.

 

Constantin Meunier, Docker

Constantin Meunier, Docker

A l'étage supérieur, consacré à la vie et la mort, de très beaux objets de Nouvelle-Guinée me retiennent ensuite.

897 - A l'anversoise (7)
897 - A l'anversoise (7)
897 - A l'anversoise (7)

Et je reste en arrêt devant ce magnifique bouddha, dont la provenance (la Birmanie) ne me surprend guère, les bouddhas thaïs ou plus encore birmans me confirmant dans l’idée qu’ils sont plus beaux dans cette partie de l’Asie que partout ailleurs…

 

Bouddha “Sakyamuni”, Mandalay, Birmanie, ca. 1850
Bouddha “Sakyamuni”, Mandalay, Birmanie, ca. 1850

Bouddha “Sakyamuni”, Mandalay, Birmanie, ca. 1850

A l’étage au-dessus sont exposés nombre d'objets et de sculptures de l'art de l'Amérique précolombienne.

A ce niveau, heureusement, un catalogue en éclaire la signification — parfois autrement cruelle que pourrait le laisser supposer un premier abord, celui d’un regard innocemment myope, tel le mien sur la cruche représentant un chaman charmant !

 

Groupe de statues : un guerrier et deux chiens. Culture Veracruz, côte nord du golfe du Mexique, 400-900. Céramique.

Groupe de statues : un guerrier et deux chiens. Culture Veracruz, côte nord du golfe du Mexique, 400-900. Céramique.

« Ce prisonnier accompagné de ses deux chiens porte la coiffe de l’ordre des guerriers du chacal. Il ne porte plus qu’un pagne et d’étranges bijoux auriculaires : ses bijoux en or ont été remplacés par des exemplaires de corde. On lui a ôté le restant de ses vêtements. Il attend sa décapitation, dans le calme et la sérénité. »

 

Cruche dotée d’un tamis/ d’une passoire représentant un chaman. Culture Tembladera, côte nord péruvienne. Entre 900 et 400 av. J.-C. Céramique.

Cruche dotée d’un tamis/ d’une passoire représentant un chaman. Culture Tembladera, côte nord péruvienne. Entre 900 et 400 av. J.-C. Céramique.

« En transe [on l’espère pour lui !], ce chaman s’étripe en offrande. »

 

Je grimpe à nouveau jusqu'à la terrasse, afin, cette fois, de sacrifier à un cliché non plus vers le port mais vers la cathédrale.
 

 

897 - A l'anversoise (7)

 

*  *  *

 

Quand je rentre, S*** s’apprête à partir à bicyclette (trois vélos sont pendus en hauteur à des crochets dans l’entrée, qui m'évoquent, sans que je sache pourquoi, des crochets de boucher avec leurs carcasses de bêtes chromées). Il m’explique avoir vendu sa voiture : il économisera par la suite trois mois de salaire (je ne sais si sa voiture était joliment gourmande en carburant, ni quels peuvent être ses  appointements, mais cela me paraît tout de même beaucoup d’économies…).

Il va couvrir les 56 kilomètres qui le séparent de Bruxelles (et de son amie) en pédalant, ce qui lui, précise-t-il après que je m’en suis enquis, prendra deux heures et demie.

J’admire sans rien dire (pour le pédalage et l'amie).

 

Soir

John survient. Il ne s’attarde guère.

Quand je quitte les lieux, il est en pleine causerie avec sa petite famille.

En faisant la vaisselle, je casse un verre.

 

Je sors. (Le Hilton n’est plus pavoisé.)

 

897 - A l'anversoise (7)

Je m’étonne de ces verres de bière que tout un chacun emporte avec soi pour boire dans les rues (j’imagine qu’une consigne existe sans pour autant que les verres fassent un nécessaire retour dans leur bar d’origine…).

Je m’assois pour ma part dans un café et commande une Corsendonk brune.

Je trie les photos — et écris des brouillons de courriels pour Marthe, Paul, J.-Ph., Valérie : chacun le sien, avec photographies assorties.

 

Nuit

Impossible m’est d’éteindre le jeu de lumières de la chambre. Je me résous à dormir dans ce manège d’ambiances bleues, blanches et rosées.

Ce n’est que, réveillé au bout de deux heures par cette pyrotechnie triomphale, que, m’y reprenant, j’y parviens enfin. Et me rendors.

 

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