956 - Bouchons et galets (2)
[in memoriam J.-M.]
Dimanche 10 août [1986], 18 h
Louvain. 18 heures. Terrasse d’un café — et bière.
Après une douche à 25 FB [francs belges] — j’ai dit que la prochaine fois nous la prendrions à deux ! —, nous avons fait un léger come back à Liège, pour visiter le musée du verre (je crois que vous connaissez) et le musée Celtius.
Rue Georges Simenon, les trottoirs étaient déserts, une dame nous a abordés, nous demandant la rue [XYZ], puisque nous étions munis d’un plan (grâce à vous !), hurlant tout à coup de désespoir (la dame) en s’apercevant qu’elle avait ouplié ses ponpons dans le pus : tragédie liégeoise, des cris de porc qu’on égorge, le repos de Simenon s’en est vu troublé…
C’est le seul épisode drolatique que nous a réservé Liège.
Imaginez-vous que j’essaie de conduire aussi équitablement que possible pour Lindsay. Aussi ai-je pris le volant cet après-midi.
Nous nous sommes arrêtés dans un sous-bois pour déjeuner et allonger les matelas au sol : nous avons paressé en lisant, en tenue légère (merci pour le short !) parce qu’il faisait chaud. Oh ! c’est bon les vacances ! (Je n’oublie pas tout à fait mes devoirs puisque j’ai lu une vingtaine de pages de la correspondance de Diderot avec Mademoiselle Sophie Volland.)
Ces parenthèses de lecture et d’écriture nous font rentrer dans nous-mêmes, quoique la présence permanente de l’autre n’ait pas encore été ressentie comme lourde à porter.
La route entre Liège et Louvain était en piteux état, des plaques de béton posées bout à bout nous ont mis l’estomac dans les talons, de manière littérale pour le grand Lindsay, qui crie déjà qu’il a grand-faim. Les grands corps sont ainsi, qui crient pour la nourriture…