949 - Ricaduta siciliana (2)
À PAS RÉPÉTÉS
Ricaduta siciliana
(de Paname à Palerme, de Palerme à Paname)
Journal extime
(10 février - 21 février 2019)
2
Lundi 11
Nuit
Je me lève avec la sensation floconneuse d’avoir bien trop peu dormi.
M.-C. parle dans son sommeil, s’agite dans ses rêves, respire bruyamment ou ronfle (pas trop bruyamment) par intermittences — ce qu’en fait j’appréhendais de peut-être faire de mon côté (qui sait d'ailleurs si ce n'est pas arrivé ?) !
Dans la nuit, peu avant d’entendre l’alarme que nous avons programmée, je rêve que je rencontre le collègue croisé la veille dans une boîte gay. Je me demande s’il est seul. Puis découvre sa femme. Elle a les cheveux mouillés. [Le reste s’est — malheureusement ? – perdu : aucune censure n'a eu lieu parce qu’ici serait un « journal extime » !…]
Nos deux téléphones sonnent à quelques secondes d’intervalle.
En proie à une érection (« la gaule du matin » dirait Julien), je dois attendre un peu avant de me lever.
Après-midi
L’avion atterrit avec du retard à l’aéroport de Barcelone tant et si bien que nous manquons la correspondance pour Palerme.
Au comptoir de la compagnie où nous nous sommes précipités pour nous voir confirmer la nouvelle, proposition nous est faite d’un aller sur Rome le soir même, puis de Rome à Palerme très tôt le lendemain.
On nous délivre des bons de 12 et 6 € pour nous restaurer.
M.-C. a peut-être lu ces lignes, qui lui seraient apparues après que je lui ai montré quelques photographies de Palerme (j’ai malencontreusement oublié de refermer le document) prises la fois dernière, puisqu’elle me demande si elle n’a pas ronflé cette nuit…
Soir
Après plus de six heures d’attente à l’aéroport, plus de deux heures de vol, nous atterrissons enfin à Rome.
Un hôtel, contrairement à nos craintes, a bien été réservé — le Hilton, tout proche de l’aéroport, celui précisément dans lequel M.-C., après quelques recherches sur Internet, aurait souhaité dormir.
Quelques centaines de mètres de couloirs souterrains longeant des parkings nous en séparent, avant une échappée à l’air libre, puis une simple route à traverser.
Nous insistons à l’accueil pour qu'on nous octroie deux chambres séparées.
Nous bénéficions ensuite d’un dîner offert (qui s'avère correct) dans le restaurant de l’endroit. La demi-bouteille de vin de chianti dont nous accompagnons le repas n’est toutefois pas incluse dans le forfait...
Il est vingt-trois heures quand, chacun dans sa chambre, nous nous couchons — enfin.
Mardi 12
Matin
Je suis réveillé avant que sonne l’alarme du téléphone. Il est trois heures. Je finis par me lever, devançant ainsi d’une vingtaine de minutes la sonnerie.
J’improvise un petit déjeuner en faisant chauffer l’eau d’une bouilloire électrique que je verse sur du café lyophilisé qui, après tout, n’est pas si mauvais et en mangeant le cookie au chocolat que j’avais acheté la veille en prévision du déjeuner — avant naturellement de savoir que le déjeuner serait pris en charge par la compagnie aérienne...
Le café, en revanche, que nous buvons vers les cinq heures du matin dans la zone d’embarquement est infect. Il offre au nez une odeur de bouillabaisse sans en avoir la saveur !
Nous avons alors à nouveau du temps à tuer — et regrettons d’avoir demandé à récupérer nos valises, qu’il a fallu enregistrer une seconde fois : nous y aurions gagné une heure de sommeil. Je mesure ma fatigue au voile, à la matité de ma voix.
Le trajet entre Rome et Palerme n’aura duré que quarante-cinq minutes — une heure de moins que ce que (par quelle erreur ?) j’avais calculé.
Il se sera toutefois agrémenté de quelques moments de panique chez M.-C. qui, installée dans l’avion, ne retrouvait pas sa carte d’identité. Elle avait dû la produire pourtant quelques instants plus tôt à la demande d’une hôtesse, avant de pouvoir emprunter le bras articulé menant les passagers de la porte d’embarquement à la carlingue de l’avion (une « passerelle aéroportuaire » selon mes recherches) :
Comment pourtant sa carte serait-elle perdue sans que quelqu’un l’ait trouvée ?
Je fais une première investigation en balayant des yeux les allées en allant aux toilettes à l’avant de l’appareil. A l'arrivée, nous attendons que débarquent tous les passagers pour vérifier qu’elle n’est nulle part par terre tombée d’une poche de M.-C.
Et puis. Le miracle a lieu. Une poche du vêtement, qui en comporte un certain nombre, de M.-C. a été oubliée lors de nombreuses vérifications, dans laquelle se trouve le précieux document !
M.-C., dans le trajet de bus qui nous mène de l’aéroport à la ville, s’accable de reproches, tout en faisant l’éloge de mon calme et de ma patience au moment de l’incident.
En vérité, je n’ai jamais pensé possible que, dans un espace si restreint, ses papiers se soient perdus — et je tâche d’en rire et de mettre toute la péripétie sur le compte de la fatigue, du souvenir de la fois précédente et l’appréhension (surtout) de reproduire une même bourde, mais n’y parviens pas tout à fait, ma propre fatigue prenant le dessus — et plus encore ma hâte d’être débarqués à Palerme !