951 - Ricaduta siciliana (4)
À PAS RÉPÉTÉS
Ricaduta siciliana
(de Paname à Palerme, de Palerme à Paname)
Journal extime
(10 février - 21 février 2019)
4
13 février
Matin
Impossible m’est de faire un café avec la cafetière italienne trouvée dans un placard. J’envoie un message à Francesco :
Unable to unscrew the coffee machine which has no handle… Can You do something ?
Thanks and best regards !
En attendant, je me résous à nouveau au café lyophilisé dont j’ai emporté quelques dosettes avec moi.
M.-C. émerge. Chacun prend sa douche dans sa salle de bains, elle en haut, moi en bas.
Un message de Francesco entre-temps m’est parvenu.
You can find it outside your apartment door inside a bag. I was ringing the bell but no answer from you.
Ciao
Francesco
De fait, occupés à nous laver, ni l’un ni l’autre n’avons rien entendu. Une cafetière toute neuve, chemisée d’un joli gris souris, nous attend à l’extérieur. J’en remercie notre hôte.
We didn’t hear You !
Perfect ! (We like italian coffee !)
Thanks a lot !
* * *
Nous commençons notre journée par le Palais des Normands.
Des guides qui parlent français nous proposent une visite vendredi.
Je sens M.-C. séduite par ce démarchage, et nous remettons notre visite au surlendemain.
Nos interlocutrices nous disent qu’il n’a pas fait si froid à Palerme en février depuis bien longtemps. Je les crois d’autant mieux que, tout au contraire, j’avais un souvenir de journées chaudes et de soirées douces à la même époque trois ans auparavant, ce qui — précisément — m’avait incité à revenir.
Comme nous en sommes tout proches, nous entrons dans la cathédrale, dont l’intérieur me plaît (à nouveau) moins que l’extérieur, spécialement son chevet.
Puis nous pénétrons dans une église obscure (toutes les entrées sont payantes, le moindre vestige baroque se monnaie) où nous ne nous attardons pas.
Puis nous visitons San Domenico, son cloître, son presbytère (où je n’étais pas allé).
Puis nous en découvrons l’Oratorio del Rosario,
qui contient une toile de Van Dyck consacrée à Rosalie de Palerme, patronne de la ville, dont les reliques auraient permis d’éradiquer la peste (ce qui explique que le petit garçon nu s’enfuie en se bouchant le nez du fait des pestilences, le regard aimanté par le crâne à terre…)
et une très belle Flagellation de Matthias Stom.
Nous achevons notre matinée par l’Oratorio di Santa Cita.
Dans les deux derniers lieux, ce sont surtout les stucs de Giacomo Serpotta1 qui retiennent notre attention du fait de la surprenante expressivité des personnages, celle en particulier des putti, qui apportent aux scènes retracées des contrepoints souvent facétieux, tant et si bien que nous nous abîmons dans la contemplation de maint détail.
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1On ne trouve que peu de choses concernant l’homme et son œuvre sur Internet...
Ceci tout de même à propos de l’Oratoire du rosaire :
Encore une particularité artistique de Palerme, les décorations incroyables de stucs ! Construit au XVIIe siècle, il fut entièrement décoré par les stucs de Giacomo Serpotta entre 1686 et 1718. Sur les parois, un tourbillonnant cortège de statues allégoriques et d'angelots espiègles nous ferait presque oublier que nous sommes dans une église. Les angelots semblent pleurer, dormir, et même grimper sur les corniches ! Des panneaux retracent tout autour les épisodes des Mystères du Rosaire. Sur un côté, on peut admirer toute une série de représentations des mystères joyeux et de l'autre vous y découvrirez les mystères douloureux comme le Couronnement d'épines ou bien encore le Calvaire du Christ.
— ainsi que quelques brèves lignes sur Wikipedia, qui livre la façon dont le stucateur se servait de poussière de marbre mélangée à de la chaux (si j’ai du moins bien compris et me rappelle la technique employée, que je n’avais pas retrouvée lors de recherches antérieures) :
On lui doit l'invention de la technique de l'allustratura, à base d'hydroxyde de calcium, qui donne un fini lumineux et translucide.
Et, à propos de l'allustratura :
Questa tecnica, inventata da Giacomo Serpotta (scultore siciliano che operava a Palermo tra la fine del Seicento e i primi del Settecento), consiste nella stesura sulle decorazioni realizzate in stucco di uno strato finale di impasto a base di grassello di calce, cera e polvere di marmo di Carrara – sufficientemente sottile da non compromettere le forme – che viene poi levigato con panni di lino e spatole calde.
Cette technique […] consiste à étaler sur les décorations réalisées en stuc une couche finale de pâte à base de gras de chaux [?], cire et poudre de marbre de carrare — suffisamment fine pour ne pas compromettre les formes — qui est ensuite poncé [?] avec des chiffons de lin et des spatules chaudes.
Plus tard, M.-C., entre autres vidéos sur la Sicile, découvrira ce document :
https://www.youtube.com/watch?v=mn8Z-oH5vGM