1002 - Scottish Gigue (8)
Scottish Gigue
(Paris – Edimbourg – Paris)
14-28 juillet 2019
(Journal extime)
8
20 juillet
Matin
J’ai mal choisi mon moment : c’est au plus fort de la pluie que je me mets en quête de la tombe de David Hume, que je ne trouverai finalement pas, pas plus que les jours précédents.
Mes mocassins sont bientôt trempés. (J’espère ne pas m’enrhumer comme après le déluge que j’avais subi à Athènes…)
En chemin, j’achète un billet de bus valable pour la journée.
En chemin, la pluie a cessé.
Alors que je rentre déjeuner, je croise — c’est bien le mot — mon hôte qui me lance une phrase à propos du temps, puis disparaît.
Après-midi
Il faut quarante-cinq minutes en bus pour se rendre à Rosslyn Chapel.
L’endroit, très petit, est plein comme un œuf. Mes yeux jettent leur dévolu sur une magnifique colonne torse, dont j’apprendrai ensuite, en lisant le dépliant si gracieusement délivré en même temps que les 9 £ dont il faut s'acquitter pour la visite (sans doute pour consoler le touriste dépensier de ce qu'en Grande-Bretagne les musées sont gratuits), la légende qui lui est attachée : « Un apprenti-maçon, sous l’inspiration d’un rêve, aurait sculpté ce pilier en l’absence de son maître. Le maître-maçon de retour, fou de jalousie, tua son apprenti. »
On ne peut prendre de photographies qu’à l’extérieur (des gardiennes bien aguerries m’intiment de rempocher mon portable).
La lumière obscurcissant l’écran, je prends quelques clichés en aveugle, et m’y livre aussi dans la crypte, personne n’étant là pour surveiller, sans résultat probant.
A l'extérieur, les sculptures sont presque toutes très abîmées, et il faut beaucoup de discernement ou d’imagination pour retrouver : « une fermière sauvant une oie de la gueule d’un renard affamé »
— et ce n’est que du fait de ses deux bosses que l’animal qu'on discerne ailleurs se fait reconnaître sous les espèces d’un chameau.
Au retour, je profite de ce que la ligne de bus passe non loin pour me promener dans Dean Village. La joliesse de cette ancienne cité ouvrière — on peine à le croire, quand on a connu les maisons ouvrières de l’Est de la France — est indéniable.
Soir
Je crois être décidément antipathique à mon logeur, que je ne croise que furtivement et qui, enfermé dans sa chambre, ne donne de signe de vie que par une toux intempestive.
M’étant assez agité durant la journée, je décide de demeurer en chambre, moi aussi, pour regarder un film de Rohmer que rediffuse une chaîne de télévision.