1067 - En Italie (16)

Publié le par 1rΩm1

 

 

Si au moins…

 

ça pouvait ressembler…

                             

                                        à l’Italie !

 

 

16

 

1er novembre

 

Matin, Milan

 

Je prends un petit-déjeuner dans le même bar que la fois précédente, ouvert alors qu’il n’est pas encore sept heures.

 

 

Journée

 

Montagnes moins étêtées que la fois précédentes par les nuages : on en voit parfois le sommet ainsi que les neiges éternelles.

Le train paraît se traîner jusque Bourg-en-Bresse (j’espère qu’il va prendre ensuite de la vitesse, sans quoi nous serions en retard).

 

(Deux heures encore à passer avant d’arriver Gare de Lyon. J’ai mis à profit les cinq heures et quelques précédentes pour me mettre à jour dans mon travail, écrire à T., lire. Mais ces activités forcées ont un caractère par trop contraint — précisément !)

 

Soir, Paris

 

Je passe une soirée agréable avec François. François paraît plus détendu que d’ordinaire — et j’ai plaisir, plutôt qu’un déjeuner un peu rapide entre deux demi-journées de son travail, à ce que nous passions plus de deux heures et demie ensemble (cependant, François se montre casanier et vite fatigable !)…

 

Rendez-vous a été pris Place du Marché Sainte-Catherine : Nicolas me l’a fait découvrir, j’y suis allé déjà avec Aymeric, Khadija et T. (je songe au premier, que je n’ai jamais revu et qui m’était éminemment sympathique) ; François ne la connaissait pas.

 

© Internet

© Internet

A peine attablé — car François est en avance, ainsi que d’habitude —, je le remercie d’avoir accepté de dîner là, plutôt que dans le quartier où il travaille généralement. Je vois alors son air surpris. (Je ne me rendrai compte que plus tard qu’en ce jour de la Toussaint il ne travaillait pas et a dû venir de V**** jusque Paris). Précisément, il me dit ne plus se déplacer à vélo. Un automobiliste a roulé sur sa bicyclette, et François a désormais peur des automobilistes lorsqu’il vient à Paris.

On lui a servi un Perrier dans une sorte de bocal à cornichons en verre épais. Je m’amuse de ce que les mœurs des restaurateurs, à vouloir rivaliser d’originalité, deviennent idiotes.

 

Il me parle de ses filles. Il me les montre sur l’écran d’accueil de son téléphone. Me font face deux jeunes filles qui portent l’une et l’autre des bérets. J’en fais la réflexion. L’une d’elles — celle de droite — ressemble beaucoup à sa mère.

François ne les voit guère (je reconnais là l’un de ses développements habituels), mais il a passé dernièrement une soirée avec la cadette [?]. Ils sont allés voir ensemble une pièce écrite par un de ses amis, H. (que je connais aussi), et jouée par un autre ami , C., (que j’ai parfois aperçu) : or, le spectacle n’a pas du tout plu à François, et il s’est défilé pour n’avoir pas à l'avouer à H.

M**** se retrouve au chômage après qu’un contrat de durée déterminée, prolongé une première fois, ne lui a pas été renouvelé. Elle en profite pour voyager au Brésil. François la trouve téméraire, mais, ajoute-t-il en riant, il n’a, lui, aucunement le goût des voyages. Je le sais, et je tais donc largement le séjour dont je reviens.

Il m’évoque une amie de lycée, avec qui il entendait renouer après avoir retrouvé sa trace, finalement donnée morte sur les réseaux sociaux. Son nom ne m’évoque rien.

Je raconte mes retrouvailles avec Nathalie à Edimbourg.

(Il me demandera plus tard si j’ai la nostalgie du lycée. Certes pas. De ce mon moment de mon adolescence, évidemment, période intense s’il en fut, laquelle coïncidait avec une affirmation forte alors de la jeunesse, mais certainement pas du lycée. J’évoque les professeurs médiocres ou mauvais que j’y ai eus. Pas là de quoi cultiver des regrets. Il est toutefois vrai que j’y incline peu.)

 

Il se montre impatient d’aller dîner. Nous n’avons guère qu’à franchir une rue et sommes une dizaine de minutes en avance.

Il me dit — c’est la seconde fois, en vérité — qu’il surveille son alimentation : il se trouve trop gros, s’est mis au régime, a déjà perdu du poids. Il commande toutefois une entrée, pour m’accompagner.

Nous parlons de Danièle, de ses fils — en fait, à leur sujet, il ne m’apprend rien de neuf (tandis que je ne retiens pas davantage à ce propos le nom de la chanteuse que l’aîné [?], musicien, accompagne dans ses tournées). Je lui raconte mes brèves rencontres avec Raphaël, comment je n’ai pas encore honoré l’invitation qu’il m’a faite de déjeuner avec lui — par crainte d’une déception, ou celle tout bonnement de n’avoir rien ou pas grand-chose à dire, je ne sais.

François  dit être venu à **** rapidement.

Il m’évoque son frère, qui, chaque année, va à B****, dans le même camping où séjournaient déjà ses parents (nous moquions François quand il était adolescent de ce qu’il devait les y suivre). Il dit que M. aurait peut-être voulu être professeur d’université. Je m’étonne : si c’était le cas, pourquoi ne s’être pas alors lancé dans une thèse ? Il y faut d’accointances, me répond-il. Je ne l’ignore pas, la cooptation réglant généralement toute sélection véritable entre les candidats…

 

Il me raconte avoir allé à un meeting de Raphaël Glucksmann auquel l’avaient entraîné Danièle et son mari. Lui en était parti au bout d’une dizaine de minutes, agacé par des discours mille fois entendus.

Il aborde l’affaire X. C’est M. qui l’avait propulsé en tête de liste de son syndicat pour les élections professionnelles. Je raille un peu à ce sujet. X, ainsi que me l’a appris T. quelques jours auparavant, serait en détention.

Nous évoquons un peu mes parents.

La maison familiale n’a toujours pas été vidée par son frère ni par ses oncles. Je m’étonne à part moi de cette incurie.

 

Le dîner est bon. Il plaît cependant davantage à François qu’à moi.

La salle s’est presque totalement remplie. Le lieu est étroit, dans lequel les tables sont entassées. François dit étouffer. De fait, nous sommes l’un et l’autre trop habillés alors que la température extérieure se montre plutôt douce (16°) — plus qu’en Italie ces trois derniers jours — quoique humide.


Nous allons jusque la rue de la Roquette dans un bar qu’il connaît où l’on peut se jucher sur des tabourets près du comptoir. Je m’amuse, constatant que je ne peine dorénavant plus à le suivre, de ce que le pas de François n’est plus si vif.

 

Nous avons fait le tour des sujets qui nous réunissent. Il me parle de la librairie où il va chaque semaine acheter des livres d’occasion. Puisque ses soirées se résument à regarder un peu la télévision, puis à lire, me précise-t-il.

Il a tout de même un trajet compliqué — le RER ne fonctionnant pas en ce moment pour une raison qui lui échappe — de métro et de bus à faire. Je n’insiste pas pour qu’il reste davantage, consulte le site de la RATP, et, au vu d’une correspondance possible assez rapidement, l'incite à partir.

 

Je rentre à pied jusque la rue P****.

J’envoie un message pour le remercier de la soirée, ayant été un peu vague sur la prochaine occasion de se rencontrer.

La correspondance se fait encore attendre, me dit-il, quand il reçoit le message.

 

 

 

 

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