1089 - Carnets d'un confiné (25)

Publié le par 1rΩm1

 

 

CARNETS d’un CONFINÉ

 

 

25

 

[Journal pas toujours extime]

 

 

(14 mars, […] 1er MAI 2020 … …)

 

 

8 avril

Matin

Ravitaillement (j’aurai tenu treize jours par absolue exception sans faire de courses). Je tâche de m’organiser aussi bien que la fois précédente. Je me suis couvert le bas du visage de l’écharpe (en acrylique), qui ne cesse de glisser. Je me demande incidemment si cela ne transforme pas le tissu chauffé par le souffle et l’haleine en bouillon de culture.

Mon père, à qui je dois porter quelques courses, est injoignable. Et j’ai oublié les clés qui me permettraient de rentrer dans l’immeuble.

Je vais chercher dans le Drive-in les marchandises commandées la veille. C’est rapide, efficace, je le constate, et les jeunes gens qui apportent la commande sont protégés, masque et gants. Je retiens cette solution pour une fois prochaine (même si tous les produits souhaitables ne sont pas accessibles).

Je dépose quelques-unes des courses chez moi. Le téléphone sonne. Mon père était en communication quand je tentais de le joindre, le répondeur, avertissant d'un appel, se déclenche alors aussitôt — ce qui est bon à savoir.

Il m’attend devant le garage de l’immeuble. Ma sœur est partie retrouver sa fille, qui a de premières contractions.

 

Après-midi

Passablement énervé après la réunion avec les collègues, je téléphone à T.

Mon père veut connaître l’adresse du site sur lequel M.-C. a commandé des masques. Je téléphone donc à M.-C., qui, elle aussi, se lance dans des pronostics les plus noirs concernant l’avenir et préconise le port de masque en toutes occasions.

Dans les rues, les gens arborent fièrement ce signe de richesse exceptionnelle. Je continue d’être rebuté.

 

Soir

Parmi les mauvaises nouvelles du jour, Bernie Sanders s’est retiré de la candidature à l’investiture démocrate.

 

Dans l’après-coup, je regrette d’avoir été « passablement énervé » lorsque j’ai téléphoné à T.

Pourtant, les collègues entre-temps se sont manifestés à nouveau, et j’envoie ce message :

T.,

Désolé pour la teneur de la conversation téléphonique tout à l’heure, je crois que j’étais encore sous le coup de l’énervement ^^ !

(Mais, bon, entre N. qui demandait ce qu’il nous fallait faire pendant les vacances, l’autre qui disait attendre demain du discours du Président de savoir… je n’ai pas bien compris ! [tu auras reconnu S., usant du « Le Président » comme on dit « Madame l’Inspectrice » !], la troisième qui s’inquiétait du suivi virtuel des élèves alors que l’un de ses secondes jouait les trolls sur ma "classe virtuelle" et une autre encore qui s’interrogeait sur les évaluations qu’elles avait faites, tandis que J.-F. se glorifiait d’avoir mené à bien les quatre objets d’étude jusqu’au bout [je ne sais pas à quoi il allait occuper ses élèves durant les dix semaines qui auraient dû avoir lieu !] et que ses ouailles avaient bien quinze textes… pffff ! ils m’ont fatigué — et même déprimé !!)

Depuis, le palpitant n’a pas faibli, après ce qu’E*** a écrit :

Cher-e-s collègues,

Si vous avez 5 mn vendredi soir et si cela vous dit, à 19 h, je vous invite à un petit apéro virtuel, juste pour fêter les vacances… qui sont samedi... je sais... mais n'empiétons pas sur le week-end! 

Je vous donne le  lien élève  de la classe virtuelle du CNED en espérant que ça fonctionne !

Bon courage d'ici là et à vendredi pour trinquer !

Les doigts me démangent de répondre :

Un apéro coronaconfiné ? Désolé de jouer les rabat-joie, mais cela ne me tente pas trop…

Toutefois, je penserai à vous dans mon dialogue solitaire avec mon bouquin !

— Et ce seront bien les vacances :) …

… que je souhaite bonnes à toutes et tous, en espérant qu’elles feront leur office malgré tout.

A bientôt, j’ose imaginer, pour d’autres moments moins virtuels ^^ !

Tu crois que ce serait (vraiment) déplacé ? (Ils m’énervent, je te le dis !!)

Bon ! bientôt les vacances — tout de même ! Je vais me détendre à mesure ;-) ...

Amitiés,

Romain

Quelle bande d'abrutis !

Est-ce que chacun est supposé boire son apéro chez lui en devisant par caméra avec les autres (abrutis) sur la classe virtuelle du CNED ?

Ta réponse est pertinente, mais faut-il l'envoyer ? — Tu les connais mieux que moi...

— me répond T.

(Nos messages se croisent alors que, parcourant un document transmis par S., fautif ou lacunaire sur divers points, je réagis ainsi :

Je n’avais pas tout lu tout à l’heure : depuis quand « quand » (^^) et « si » sont-ils des adverbes (sauf bien sûr « si » adverbe d’intensité ^^ ) !?! [point 5 du premier point sur les subordonnées]

Point 3 sur la négation :

comme la forme négative est compatible avec les trois types, elle n’entre pas nécessairement dans le seul cadre de la déclarative ^^ ! (cf. point 7 à propos des interro-négatives)

Point 4 :

Nul n’est pas toujours « déterminant », mais peut être pronom !

Bon ! tout cela est à utiliser avec des pincettes et à rectifier aux entournures !

Bonnes vacances :)

Et je réponds (une nouvelle fois) à T. :

j’ai bien peur de les connaître… pour ce qu’ils sont !

(je vais plutôt me terrer dans mon terrier — et me contenter de mon rectificatif grammatical épidermique :) )

— Mais oui, chacun est supposé boire son apéro chez lui en devisant par caméra avec les autres « abrutis » sur la classe virtuelle du CNED ^^ !

 

La brosse à dents a cessé de jouer les capricieuses et paraît reprendre du service tout à fait normalement…

 

Nuit du 8 au 9

Réveillé par la voix des voisins. Il est une heure du matin. Je change de chambre. Impossible ensuite de me rendormir. J’ai mal à la tête (ce à quoi je suis pourtant très peu sujet).

Je lis donc.

Les passages proprement érotiques (mot au demeurant assez mal approprié) du Journal de Julien Green me laissent souvent indifférent. Pourtant le récit d’une aventure (p. 783) et certains détails réussissent à me faire bander (encore y mets-je du mien, en l'espèce : de mon imagination !) :

<Hier couché avec le petit Charles Clément que Robert> est allé chercher chez Smith <...>. Son petit visage est des plus jolis. Il est le fils d'une actrice qui n'ignore rien de ses mœurs. <Au lit, il montre un petit corps assez musclé> mais moins joli que je n'aurais cru. <Sa peau est douce>. Elle commence à se couvrir d'un duvet noir. <Je lui ai léché le cul assez longuement. Il était fort excité et voulait que nous jouissions tous les trois ensemble. Robert a déchargé abondamment, malgré son aventure de la veille. Sa belle et grosse queue a fait tomber une pluie de foutre sur le ventre de Charles qui lui a envoyé à droite et à gauche quelques gouttes... et cela dans de grands jouissements. Pour ma part, j'ai joui entre ses fesses en admirant son joli visage aux cheveux emmêlés. Il nous a dit qu’il enculait Jean Robert et a même imité les grognements et soupirs de ce jeune homme au moment où cela vient. Paul Bernard prend son plaisir de même.> <...> C'est un gentil garçon que Paris corrompra tout à fait, je le crains. II est de Fontainebleau et n'est ici que depuis six mois.

1089 - Carnets d'un confiné (25)

— J’y mets aussi la main, arrivant à satisfaction en m’imaginant donc recevoir la « pluie de foutre » de Robert de Saint-Jean !

A propos de membre, les érections du mien s’amenuisent, me semble-t-il, avec les années. Mais il est vrai que l’excitation est moindre pour soi seul qu’avec un partenaire (à vérifier plus tard, dès, si possible, qu'aura cessé ce confinement !).

 

 

 

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