1100 - Carnets d'un confiné (30)

Publié le par 1rΩm1

 

 

CARNETS d’un CONFINÉ

 

30

 

[Journal pas toujours extime]

 

(14 mars, […] 1er MAI 2020 … …)

 

12 avril [suite]

Après-midi

Sieste (il importe que j’en consigne la durée : une heure).
Courriels de T. Je l’appelle. Il récrimine contre ses voisins, dont il subit les nuisances sonores (bien plutôt que musicales). (Je remémore que, ce matin, s’est produit un bruit singulier, devenu inaccoutumé, sous les espèces d’un bourdonnement naguère familier pourtant : on sonnait chez les voisins — du dessous ou d’à côté ; comme il était six heures du matin, j’ai cru avoir rêvé ; quelques minutes plus tard une nouvelle salve insistante confirmait cette visite, interdite à présent !)
Mes propres voisins me procurent des moments d’agacement, mais irréguliers. Je parviens de mieux en mieux à m’abstraire de leurs causeries nocturnes ; mais gare au réveil intempestif comme l’avant-veille !
Nous parlons de Merci patron de François Ruffin, que j’ai regardé la veille. Je crois avoir compris ce qui a pu déplaire à T. De fait, une certaine autoglorification anime le personnage, un animal politique qui, de fait, peut agacer pour ce qu’il sait jouer de son image.
La conversation est interrompue après une vingtaine de minutes du fait des facéties de mon téléphone fixe : alors que je suis lancé dans une exégèse du Journal de Julien Green, je ne m’aperçois pas tout de suite que je suis en train de parler dans le vide…
Je rappelle. Cependant, nous écourtons : le cœur n’y est plus tout à fait… Nous sommes l’un et l’autre, je crois, frustrés de ne pas nous voir, d’autant que T. aime moins le téléphone assurément encore que moi.

 

Journal superposé

Des musiques vont et viennent, reviennent, jouant elles aussi leurs circuits de balles sous forme de liens consignés dans mon journal, que j’ajoute à la réédition de mes premiers billets. De lien en lien, je découvre que Barbara de Jacques Prévert a été chanté par Yves Montand ; je me montre assez sensible à cette interprétation, alors que je n’aime guère Montand en général. Je l’ajoute à la version récemment publiée de mon neuvième billet breton.
    En revanche, la version par Ella Fitzgerald de April in Paris avec l’étonnant scat singing dans une version concert de 1957 se coupe intempestivement, et je renonce à l’adjoindre.
    Le lien que je retrouve avec la chanson de Sinatra doit provenir de N***.
    C’est l’occasion de remettre en service l’amplificateur que nous avons en partage avec Christelle [?], ma logeuse de Rennes en août dernier. La puissance de cet amplificateur portatif est parfois étonnante.

 

Soir

    Je reçois un message d’Aymeric  à propos de mon neuvième billet breton.

1100 - Carnets d'un confiné (30)

    Je rêve un moment au roman en raccourci, à la sorte de Cœur sous une soutane que son propos suscite.

Bonsoir Romain,
Merci pour ton photo reportage malouin. Ce fut un passage express en effet.
Je n’ai pas de remarque particulière sur ton road book.
Je ne pense pas que l’Institution de St Malo soit rue du Pélicot, mais plutôt rue du Collège. C’est dans ce lieu sinistre que j’ai « séjourné » de la seconde à la terminale. En série B. Pour le bac de français, mon prof était un curé ivrogne, qui n’avait que notre classe comme élèves, donc peu d'heures par semaine, et qui arrivait aux cours déjà largement imbibé et il passait la moitié du cours à tousser d’une toux très chargée et on se demandait à chaque fois s’il n’allait pas régurgiter son récent breuvage ou faire une hémorragie. Ceci dit, son cours, quand il pouvait parler, n’était pas dépourvu d’intérêt. Il n’avait aucun tabou dans l’explication des textes étudiés et jamais son engagement religieux ne transparaissait dans son enseignement. J’avais un autre curé, comme prof d’anglais, connu pour son goût pour les jeunes hommes mais, s’il était croyant en l’occurrence, il n’a jamais été pratiquant, du moins à ma connaissance.
Sinon, le (mon, notre !) confinement suit son cours. Aujourd’hui, j’ai démarré ma voiture pour la première fois depuis plus d’un mois. Plus pour la faire tourner que par vrai besoin. Ça m’a quand même valu un contrôle de police. Comme je m’étais auto-autorisé à sortir, tout s’est bien passé. Il semblerait qu’on en sache un peu plus demain soir sur ce qui nous attend pour les semaines qui arrivent. Il faut qu’on en sorte de ce cauchemar.
Et je lis, tout va bien.
Avec mes amitiés,
Aymeric

  

Je lui réponds incontinent :

Bonsoir Aymeric,

La seule hésitation que j’avais eue concernait la rue du Pélicot/ du Collège. De fait, je crois avoir recouvré la mémoire à ce sujet : au débouché de la première, on tombe ou presque sur l’Institution où tu as sinistrement passé tes années de lycée (merci pour ce roman en raccourci). Il suffira, pour rectifier, de faire glisser l’étiquette.
Je ne sais si cet été me permettra d’approfondir la ville de Surcouf et de François-René : j’ai peur que non, il sera trop tôt sans doute pour retourner en Bretagne :(

(Aujourd’hui, j’aurais dû me trouver à Paris…)

On verra demain ce qu’« on » nous raconte, oui. J’ai peur d’autres mauvais rêves quand on sera sorti du cauchemar ^^.

Lisons en attendant. (Je m’étonne de ne pas le faire davantage, mais j’écris aussi — et je me laisse porter par je ne sais quoi.)

Toutes mes amitiés,

Romain

 

 

 

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