1154 - Carnets d'un confiné (61)
CARNETS d’un CONFINÉ
61
[Journal pas toujours extime]
(14 mars, […] 1er MAI 2020 … …)
13 mai
Matin
Il me semble que je devrais « déconfiner » un peu ce journal aussi — en tout cas, lui donner l’air nécessaire, sans quoi le risque est grand de l’asphyxie, de par tant de monotonie…
Amélie et Elvire ont toutes deux répondu, la seconde renchérissant sur la première. Elles ont vraiment la fibre militante — et m’incitent à poursuivre.
Je leur réponds dans un premier jet, mais laisse mûrir encore ma réaction. Je poursuivrai plus tard.
Après-midi
Promenade. Les voitures — et je m’en exaspère — sont à nouveau nombreuses, et nombreux les passants dans la rue, la moitié masqués, occupés à des emplettes : les inconvénients d’hier trouvent une forme inédite encore de désagrément puisque ces gens au visage à demi dissimulé n’ont pas entièrement — et pour cause ! — forme humaine… et l’impératif de distanciation n’ajoute guère au plaisir de se côtoyer.
C’est peut-être la première fois où j'éprouve si fortement l’inconvénient de vivre dans une ville — alors même que circulation automobile et humaine n’ont pas encore repris tout à fait comme auparavant…
Je m’étais fixé pour but la Place S**** pour voir si elle ne s’était pas volatilisée, mais j’écourte ma déambulation.
Claude hier me disait que, revenant du village vosgien où il se trouvait confiné, il avait eu la surprise de constater, pour la première fois, que tout à **** est demeuré inchangé, alors même que, habituellement, après s’être absenté deux ou trois semaines, il notait toujours quelques transformations.