1209 - Si tant est que ce ne soit pas une maladie… (6)
Si tant est que ce ne soit pas une maladie…
Carnets d'un convalescent
(Journal extime)
Work in progress
6
Mardi 16 juin 2020
Matin
Nous buvons un café, Simone et moi, après le cours de gymnastique.
Ma sœur m’emmène en voiture pour que nous fassions des courses ensemble.
Après-midi
Nous prenons un verre en terrasse, T., Paul, Marthe, Eliane (la sœur de Marthe) et moi. La conversation entre Paul et T. s’avère plutôt insipide.
Mon père m’appelle : il a trouvé un EHPAD — « à but lucratif », précise-t-il (rançon sans doute de tant de rapidité).
Je reçois un message de Claude. Mon imagination me porte à lui prêter une réaction négative — ou indifférente —, alors que tout mon entourage a réagi impeccablement.
Je passe un coup de téléphone à Valérie et Denis, qui m’invitent à dîner le 4 juillet.
Nuit
L’idée, lumineuse, surgit soudainement dans mon esprit que si j’avais pu prendre ma retraite à soixante ans comme on pouvait naguère rien de tout cela ne serait arrivé !
Mercredi 17
Toute une journée s’offre à moi.
Il pleut.
Je trie des photographiques pour mon journal napolitain.
* * *
Quarante-cinq minutes au téléphone avec A.
Elle m’adresse ensuite les photographies de deux peintures à l’huile qu’elle avait faites récemment (elle qui ne faisait auparavant que des aquarelles a franchi le pas, m’explique-t-elle, tout en en commentant les difficultés et exigences techniques). Je trouve l’une très belle — et l’imprimerai à l’ordinateur, avant de l'encadrer par la suite.
* * *
Ma mère a été transférée à l’EHPAD. Tout est allé très vite, finalement.
J’ai invité mon père à dîner, et j’ai plaisir à lui faire à manger.
Mes hématomes à l’aine droite — séquelles de la thrombectomie — se résorbent et s’estompent.
Nuit du 17 au 18
La voisine, qui ne devait rentrer que vendredi (d’après ce qu’elle avait dit à mon père — mais peut-être est-ce sa mère flanquée de son amant qui viennent investir l'endroit), fait trembler l’immeuble en claquant la porte d’entrée à 01:54 du matin. Je suis réveillé en sursaut et ne parviens pas à me rendormir.
La conversation, menée à haute et forte voix, ne s’achève enfin qu'une heure plus tard...
Jeudi 18
Matin
Je travaille à diverses tâches : l’index de mon journal napolitain, un courrier pour les élèves, la répertorisation de DVD récemment enregistrés (pour éviter tout doublon, à rebours de ce qui arrive fréquemment à Paul, qui commande des films qu’il possède déjà parce qu’il en a oublié l’existence).
Après-midi
Séance encourageante chez l’orthophoniste.
* * *
Quand nous arrivons pour une première visite à l’EPHAD, mon père et moi, nous trouvons la chambre de ma mère vide.
Ma mère, en fait, se trouve au rez-de-chaussée, tout hébétée et livrée à elle-même.
Mon père chapitre alors les aides-soignantes.
D’après ce qu’il peut dire ensuite, je comprends qu’il sent coupable d’abandon vis-à-vis de ma mère — et que l’idée de la ramener chez eux le taraude.
J’aimerais que les mots me viennent plus aisément pour parvenir à le dissuader de le faire...