1247 - Si tant est que ce ne soit (toujours) pas une maladie… (9)

Publié le par 1rΩm1

Si tant est que ce ne soit (toujours) pas

une maladie

Carnets d'un rescapé

(Journal extime)

Work in progress

 

9

 

11 octobre

Matin

Je rédige une lettre pour le contrôleur des impôts afin de faire valoir ma bonne foi.

 

Après-midi

Non seulement mon père me donne les sept verres Lalique dont j’avais demandé qu’il me les cède plutôt que, le cas échéant, de les vendre, mais il adjoint six autres verres : il en possédait dix-huit — il les compte —, il en répartit six pour lui, six pour ma sœur, six pour moi.

1247 - Si tant est que ce ne soit (toujours) pas  une maladie… (9)
1247 - Si tant est que ce ne soit (toujours) pas  une maladie… (9)

Je m’amuse de cette comptabilité soucieuse d’équité.

Pour la première fois, nous déjeunons chez ma sœur.

 

12 octobre

Lorsque je veux imprimer la lettre aux impôts, l’imprimante en vient à flancher.

Autrement manquement : l’orthophoniste est absente.

Elle me téléphone le soir : elle était souffrante, et, si elle annule aussi le rendez-vous du lendemain, elle sera là jeudi, à moins de prévenir d’une nouvelle absence. Elle précise qu’elle ne croit pas que le coronavirus soit en cause.

 

Je suis vivement contrarié de ce que la femme de ménage a cassé un des flacons en pâte de verre que m’avait offerts ma mère…

Les contrariétés s’enchaînent donc.

 

Je reçois un courriel de Claude :

 

Bonsoir Romain,

Ce petit courriel pour prendre de tes nouvelles, car je ne trouve plus ton numéro de téléphone dans mon répertoire ; cela m'arrive de temps à autre, de découvrir que des numéros disparaissent de ma carte SIM...

Où en es-tu dans ta rééducation ? As-tu retrouvé une bonne forme physique ? Où en es-tu avec l'alma mater Éducation nationale ?

De mon côté, ce n'est pas très gai. Après le décès de sa sœur, J.-P. a fait une dépression qui l'a mis deux mois en congé maladie. Il a repris maintenant, et il remonte doucement la pente. Mais, est-ce dû à cela ?, mes vertiges de Ménière, loin de s'estomper avec l'atténuation de l'épidémie de Covid comme me l'avait prédit mon ORL, se sont multipliés depuis le mois d'août ; je n'ose plus conduire seul pour un trajet de plus de 10 km, je n'ose faire des projets, je suis toujours dans l'appréhension d'une crise qui peut survenir n'importe quand sans prévenir. Nouveau Damoclès, j'ai l'impression de n'avoir jamais vraiment quitté le confinement.

Néanmoins, comme je suis maintenant la plupart du temps à Nancy, et qu'entre les crises je suis à peu près normal, on pourrait envisager de se voir quand tu seras disponible, et à condition, bien sûr, que Ménière ne m'attaque pas sournoisement au moment prévu.

Pas trop de films qui me tentent mais les concerts des Nancyphonies vont commencer bientôt.

En t'espérant au mieux possible, je t'envoie toutes mes amitiés,

Claude

 

Soir

L’œuvre de Mathieu Riboulet s’ouvre sur la maladie de Paul, le narrateur de le Sentiment océanique, et s’achève, pour peu qu’on veuille y songer, par la maladie de son auteur, par l’aigle de les Portes de Thèbes.

 

La Sirène du Mississipi est le plus hitchcockien des films de Truffaut, y compris dans l’emploi de Catherine Deneuve. Je ne me souvenais pas que l’on y voyait par deux fois les seins de l’actrice…

1247 - Si tant est que ce ne soit (toujours) pas  une maladie… (9)

 

13 octobre

Matin

Je m’attarde un peu après le cours de Simone. Elle est très remontée par le couvre-feu que le gouvernement menace de faire appliquer dans les grandes villes. Ce gouvernement qui, en effet, confond « culpabilisation » et infantilisation — et en profite pour réduire les libertés de tout un chacun. Les arguments de Simone ne sont pas toujours les miens, mais je la rejoins tout à fait dans son inquiétude envers les dérives autoritaires du pouvoir en place.

 

Après-midi

Visite à ma mère, la veille en forme quand l’avant-veille ce n’était pas le cas, et qui aujourd’hui se plaint presque continuellement.

Mon père m’a apporté les verres.

J’achète une clé USB pour des échanges de documents entre T. et moi.

 

Soir

Au restaurant, nous nous amusons, T. et moi, de ce que l’un des serveurs a vraisemblablement surpris ce que l’on disait du charmant duo constitué, précisément, par les deux garçons qui nous servaient.

Et, de fait, l’un, très brun — « méditerranéen » dit T. — me conquiert bientôt, rivalisant en beauté avec le second, plus clair de cheveu.

Dans un premier temps — et je m’en étais déjà amusé —, T. n’avait pas remarqué que sévissaient non pas une, mais deux « créatures affolantes » (pour emprunter à son vocabulaire), confondues — injustement ! — par le regard de T.

Et T. avait raison : je lui préfère son avatar plus brun, même si je conçois que le suffrage de T. aille davantage à son homologue plus blond — puisque, de fait, ils se ressemblent de par une corpulence assez semblable.

En fait, par-delà ces deux garçons charmants — encore que le brun demeure partiellement inconnu en raison du port du masque —, lesquels rivalisent d’amabilités envers nous, ce qui véritablement me ravit reste la complicité qui nous lie, T. et moi.

 

 

 

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article