1318 - Mars à Paris (1)

Publié le par 1rΩm1

 

 

 

Mars à PARIS/ MARCH in Paris

[Journal extime, 15-22 mars 2022]

 

Work in progress

 

1

 

15 mars 2022

Après-midi

J’ai menti à l’orthophoniste. Impunément. Elle était en retard — alors qu’elle n’avait pas de patient auparavant —, plus encore qu’à l’ordinaire. J’en ai été irrité et j’ai prétendu avoir oublié de programmer le chauffage avant de partir, écourtant ainsi la séance.

Pressant le pas ensuite jusque la gare, j’espère que Paul sera au café. Il ne s’y trouve pas, non plus que Dimitri.

Il pleut dans un ciel jaune. Du sable ocre a criblé ma casquette, ma valise et mon sac de voyage.

Je rédige un brouillon de courriel pour Adrien, lequel sera à Bruxelles puis Marseille durant mon séjour à Paris.

*  *  *

Dans le train, je voyage sans voisin de siège. Durant le trajet, je lis un peu, écoute de la musique (Britten, De Falla, Shostakovich). Pour la première fois depuis bien des jours, je me détends tout à fait.

J’ai mis un masque distribué par le maire — évincé par son concurrent depuis lors aux municipales de 2020 (auxquelles j’ai refusé de participer) — aux administrés de la commune de ****, plus précisément aux « séniors », au tout début de l’épidémie, la clientèle plus particulièrement ciblée par cet élu qui n’aura finalement accompli qu’un mandat — masque jadis cédé par mon père, ma mère s’avérant dispensée de son port… L'anniversaire de  es deux années du coronavirus sonne dans tous les cas bien ironiquement…

 

Paris, soir

Les trottoirs ont été élargis rue P**** près de l’école primaire que l’on voit dans le film d’Eric Rohmer, l'Arbre, le maire et la médiathèque.

Eric Rohmer, l'Arbre, le maire et la médiathèque © Internet

Eric Rohmer, l'Arbre, le maire et la médiathèque © Internet

Un embryon de « mur végétalisé » y pousse ses premières tiges. Rue de la F****, une nouvelle pharmacie s’est ouverte.

Du sable a aussi poudré Paris. Dans une quantité moindre, toutefois.

J’ai le temps d’ouvrir mes bagages, de faire quelques courses pour le lendemain avant de me mettre en route pour le restaurant où j’ai rendez-vous avec B.

Comme je suis à nouveau en avance, je bois un verre de vin blanc dans un café du Boulevard Saint-Marcel.

* * *

B. est dans un de ses plus mauvais jours. Autant quand je l’avais vue quelques jours auparavant à ****, elle s’était montrée agréable et enjouée, autant elle se montre agressive et irritée. Elle sort, il est vrai, d’une réunion de copropriété où l’un des locataires a joué les mauvais coucheurs, l’agressant elle, en particulier. Lorsque, quelques minutes après qu’elle s’est installée et que le serveur vient passer commande, mon téléphone sonne et que, s’agissant de Claude dont je me doute qu’il a quelque chose d’important à me dire concernant son séjour le surlendemain, je décide de répondre, elle manifeste de la mauvaise humeur (je n’entends pas exactement ce qu’elle dit, son propos se surajoutant à celui de Claude), tandis que Claude comprend que je suis à l'évidence accompagné et qu’il écourte notre conversation.

Une grève de la SNCF, le lendemain, empêche son train de circuler. Il n’est pas encore parvenu à procéder à un échange de billets. Il me demande si, plutôt que se lever très tôt, il pourra coucher chez F. et Pascal la veille : cela voudrait dire toute une matinée à remplir le jeudi, peut-être en ajoutant une nouvelle exposition dans un agenda déjà fort chargé… En vérité, cela m’enchante pas, et mon hésitation à accepter ou le ton de sa voix doit me trahir. Je ne décline pourtant pas. Il me tiendra informé de ce qu'il aura pu faire le lendemain.

Quelques minutes plus tard, la sonnerie, annonçant quelque message, se fait entendre à nouveau. « Mais tu es accro au portable ! » m’exclame B., toujours agacée. Je proteste qu’il n’en est rien, messages et appels téléphoniques restant exceptionnels. Il s’agit d’ailleurs d’un SMS du site sur lequel j’ai réservé me proposant de payer par son intermédiaire…

Le repas se poursuit sans incident. Les plats, tous très bons de même que le vin qui les accompagne, s’enchaînent toutefois un peu trop rapidement.

La conversation roule d’abord sur la situation sanitaire ou politique. Je laisse B. la mener. Je n’ai aucune envie de polémiquer avec elle à ces sujets, d’autant qu’elle se montre assez péremptoire dans ce qu’elle expose.

Elle me demande ce que je compte faire durant mon séjour, développement interrompu par le serveur qui apporte déjà le second plat. Nous sommes les seuls clients. Il apparaît et disparaît pour aller dans des salles attenantes, elles au contraire très achalandées ainsi que j’avais pu l’entrevoir en entrant d’abord par une autre entrée, réservée au restaurant proprement dit, coté dans le guide Michelin, fréquenté par une clientèle bourgeoise. Un voiturier d’ailleurs (signalé comme tel en lettres dorées sur ses casquette et jaquette), jeune et assez beau garçon va et vient, désœuvré, dans notre salle, sortant régulièrement, peut-être pour vérifier qu’on n’a pas besoin de ses services, ou pour fumer une cigarette. Voiturier et serveur échangent des propos amènes quand ils le peuvent.

Je dis que je songe fortement à entreprendre bientôt un voyage — celui même dont j’avais été empêché deux ans auparavant… B., même si elle ne l’envisage pas, n’est pas sûre que les deux doses de “vaccin” qu’on lui a administrées, avant un COVID qui l'a rendue positive, ce dont elle a été enchantée quelques temps auparavant, seraient suffisantes pour circuler partout à l’étranger…

Le train un peu trop véloce avec lequel nous avons été servis nous a menés au bord du dessert. Comme il reste un peu de vin, nous demandons une pause dans le service.

J’en profite pour aller aux toilettes et, quand je reviens, je surprends  B. occupée à consulter son portable. Je lui retourne le compliment qu’elle m’avait adressé en début de repas.

Elle finit d’ailleurs par s’adoucir, évoquant mon aphasie — c’est ainsi qu’elle la nomme — et s’enquérant des progrès réalisés dans l’écriture et la lecture durant les derniers mois.

La note qu’on nous apporte, amputée d’une réduction de 25 €, est bénigne et, comme nous avons bien mangé, B. manifeste cette fois un peu d'aménité. Je comprends toutefois qu’elle n’entend pas prolonger la soirée.

Je la quitte devant une station de métro toute proche. Il n’est pas tout à fait 22 heures. Comme elle propose si j’en ai le temps de nous revoir en début de semaine prochaine, un peu échaudé tout de même par notre soirée et son tempo rapide, je réponds que je doute en avoir l’opportunité

Je saute dans un bus qui me mène Place d’Italie, avant de prendre le métro. Je renonce à prendre un dernier verre. Il me semble avoir suffisamment bu durant la soirée.

*  *  *

Je suis bientôt au lit, avec un bouquin que je quitte après les quelques pages de sa mise en place liminaire.

 

 

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