1331 - Mars à Paris (5)

Publié le par 1rΩm1

 

 

Mars à PARIS/ MARCH in Paris

[Journal extime, 15-22 mars 2022]

 

Work in progress

 

5

 

17 mars 2022 [suite]

Après-midi

Nous revenons sur nos pas mêmes du matin pour nous rendre au Musée Carnavalet et voir l’exposition Marcel Proust, un roman parisien. Nous n’apprenons pas grand-chose concernant l’auteur de la Recherche, non plus que ses contemporains, ou le Paris qu'il a pu côtoyer,

Antonio Henri Pierre de La Gandara (Paris, 1862-id., 1917), Portrait de Robert de Montesquiou [1855-1921], Vers 1892, Huile sur toile, Tours, musée des Beaux-Arts

Antonio Henri Pierre de La Gandara (Paris, 1862-id., 1917), Portrait de Robert de Montesquiou [1855-1921], Vers 1892, Huile sur toile, Tours, musée des Beaux-Arts

Gustave Caillebotte, (Paris, 1848-Gennevilliers, 1894), Vue de toits (effet de neige), 1878, Huile sur toile, Paris, musée d'Orsay

Gustave Caillebotte, (Paris, 1848-Gennevilliers, 1894), Vue de toits (effet de neige), 1878, Huile sur toile, Paris, musée d'Orsay

et les archives télévisées de témoignages (Jean Cocteau, Paul Morand, Céleste Albaret…) ont été diffusées mainte fois. Je ne m’y attarde pas (au contraire de Claude, qui dit ne pas les connaître).

La presse est importante (« trop de monde », dira Claude, qui semble néanmoins vouloir consciencieusement tout lire). Tandis que nous piétinons là, je m’ennuie. Je découvre, en outre, que nous n’avons, lui et moi, pas du tout les mêmes goûts (ce qui se confirmera le lendemain) : quand je contemple assez longuement l’Avenue de l’Opéra de Camille Pissaro (« j’aime pas Pissaro », dit-il)

Camille Pissarro (Charlotte-Amélie, 1830-Paris, 1903), l'Avenue de l'Opéra, 1898, Huile sur toile, Reims, musée des Beaux-Arts

Camille Pissarro (Charlotte-Amélie, 1830-Paris, 1903), l'Avenue de l'Opéra, 1898, Huile sur toile, Reims, musée des Beaux-Arts

ou la Place de la Concorde par Henri Le Sidaner,

Henri Le Sidaner, (Port-Louis, 1862-Paris, 1939), la Place de la Concorde, 1909, Huile sur toile, Tourcoing, Musée des beaux-arts Eugène Leroy (MUba)
Henri Le Sidaner, (Port-Louis, 1862-Paris, 1939), la Place de la Concorde, 1909, Huile sur toile, Tourcoing, Musée des beaux-arts Eugène Leroy (MUba)

Henri Le Sidaner, (Port-Louis, 1862-Paris, 1939), la Place de la Concorde, 1909, Huile sur toile, Tourcoing, Musée des beaux-arts Eugène Leroy (MUba)

lui, paraît conquis par Une soirée au Pré-Catelan « du » Gervex (comme aurait dit Zola)… C’est d’ailleurs l’accrochage des quelques peintures qui me sollicite le plus (dont l’une — à nouveau — d’Henri Gervex, bien représentative des ambiances finiséculaires…).

Henri Gervex (1852-1929), le Bal de l'Opéra, 1886, Huile sur toile

Henri Gervex (1852-1929), le Bal de l'Opéra, 1886, Huile sur toile

Je demeure encore un instant rêveur devant la chambre à coucher de l’écrivain, en raison surtout de l’épaisseur de liège qui l’isolait des bruits, songeant au bonheur que ce serait d’être ainsi séparé du jeune Erwan ¡…

Il ne nous reste pas tout à fait une heure pour effectuer une nouvelle visite de l’Hôtel, récemment rénové. Je lui laisse le choix de ce qu’il veut voir. Nous faisons bientôt face au portrait de Madame Récamier (celui de François Gérard, non pas celui parodié par Magritte). Puis nous arpentons, très rapidement, exhortés par les gardiens de l’endroit à presser le pas, la section consacrée à l’art nouveau — que je ne suis pas sûr d’avoir jamais vue. Nous achevons notre visite — toujours repoussés de salle en salle par les gardiens — par le décor de la bijouterie Fouquet,

1331 - Mars à Paris (5)

qui, n’en déplaise à Claude à nouveau, dans ses extravagances, n’est pas tout à fait de mon goût, quand bien même je suis d’ordinaire assez bon public pour les arts décoratifs de l’époque.

1331 - Mars à Paris (5)
1331 - Mars à Paris (5)

* * *

Sur ma proposition, les gardiens ayant accompli leur besogne et nous ayant fait décamper, nous sommes bientôt Place du Marché Sainte-Catherine. Claude y donne rendez-vous à un ami, Nicolas, qui nous rejoint trois quarts d’heure plus tard.

Nicolas m’est assez vite sympathique. Il a quarante-cinq ans environ. Il est mince sans être maigre et a des traits fins. Me plaisent surtout ses oreilles, qu’il a très petites (je ne sais pourquoi les oreilles, avec l’âge, ont tendance à s’étendre et battre pavillon ¡). Il travaille dans l’informatique et la comptabilité. L’exercice de sa profession lui pèse, surtout depuis qu’est entamée une réforme dont j’ai oublié les tenants et aboutissants (et bien dans l’air du temps de la macronie), qui lui complique singulièrement la tâche.

Nous nous mettons (par les voies électroniques) en quête d’un restaurant qui puisse satisfaire ses goûts, puisque Nicolas, m’a précisé Claude auparavant, est végétarien.

La cuisine qu’on nous sert est correcte, mais l’endroit s’avère très bruyant en raison, une mezzanine plus haut, d’un groupe de jeunes gens que nous ne voyons pas mais qui fêtent le plus bruyamment qu’ils peuvent l’anniversaire d’un dénommé Victor. On aimerait que sa victoire, remportée au bénéfice de l’âge, soit moins éclatante — car nos oreilles en sont toute fracassées.

Nous parlons de la sœur de Claude, qui vient de se faire cambrioler. Du mari de Claude et de sa pathologie, des souffrances au travail du frère de Nicolas, enseignant dans un collège difficile Normandie.

Le repas fini, nous sommes contents de quitter la compagnie tapageuse qui a empiété sur notre conversation.

Nous raccompagnons Nicolas jusque Saint-Paul, puis nous poursuivons à pied jusque Bastille.

Il est 23 heures lorsque nous regagnons l’appartement de F. et Pascal, et nous ne nous attardons pas avant de nous coucher.

 

Nuit du 17 au 18

Je suis réveillé au mitan de la nuit par des voisins bruyants. Décidément. Je m’enfonce des bouchons dans les oreilles en les maudissant.

 

 

 

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