1339 - Mais… en attendant de partir ? (2)

Publié le par 1rΩm1

 

 

Mais… en attendant de partir ?

 

(Journal extime, 27 avril - 9 mai 2022)

 

Work in progress

 

 

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1339 - Mais… en attendant de partir ? (2)

 

28 avril 2022

A l’arrêt au bas de ma rue, devant le passage pour piétons, en attendant que la file de voitures s’interrompe, je dévisage un adolescent dont me paraît familier le visage : au vrai, ce pourrait être le frère cadet d’un élève que j’ai eu en cours deux ans auparavant — à qui il ressemble quasiment trait pour trait. Or, me regardant à son tour, le sosie de cet élève me salue et me parle. Je comprends alors que c’est cet élève même qui s’adresse à moi, et non je ne sais quel frère imaginaire —ou je ne sais quel Caloub ¡…

Je demeure un instant étonné de cette identité, au double titre du terme. Car il est demeuré absolument tel qu’en lui-même, ses traits ainsi que gravés dans ma mémoire, tandis qu’un calcul rapide me conduit à conclure qu’il doit avoir désormais dix-huit ans. Or, il a l’air d’en avoir seize tout au plus — le visage glabre, le teint rose et frais au point qu’il en revivifie le cliché, les hanches et les épaules fines, avec des restes de l’enfance qui s’attardent dans sa personne, laquelle n’a pas du tout, semble-t-il, grandi en taille ni ne s’est épaissie.

Tout en devisant, il m’apprend qu’il est en vacances, qu’il étudie dans un établissement privé de Versailles en classe préparatoire scientifique, et il s'enquiert de ce que je suis devenu. Je me réjouis de notre conversation, d’autant que je me souviens qu’il était un esprit fin et avisé, agréable, intéressant et intéressé, capable d’une réflexion personnelle pertinente, tandis que son physique de jouvenceau pourrait démentir encore ce que je sais de lui. Il m’informe du devenir de l’un de ses camarades (que, cette fois, je n’identifie pas), qui a entamé une formation de sous-officier de marine (dans un sous-marin). Le coronavirus et les confinements successifs les a éloignés, d’autres camarades et lui, et il ne sait, comme je l'interroge, ce que sont [s]es amis devenus

Nous nous quittons quelques centaines de mètres plus loin, chacun divergeant dans sa trajectoire. Et, je lui dis, en toute sincérité, être content de l’avoir revu.

 

Rentré chez moi après le cours de Simone, je tâche de mobiliser tous mes souvenirs afin de retrouver son prénom. Un de ces petites anamnèses miraculeuses qui semble toujours une lumière intense dans les replis caverneux de la mémoire survient : je retrouve en même temps son patronyme et le prénom que je cherchais : Vincent H., et je lui suis reconnaissant — la reformulation peut sembler excessive, mais elle est vraie et je la lui dois — de l’épiphanie aussitôt produite.

 

 

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