1341 - Mais… en attendant de partir ? (3)
Mais… en attendant de partir ?
(Journal extime, 27 avril - 9 mai 2022)
Work in progress
3
30 avril 2022
Il nous annonce la mauvaise nouvelle : le neurologue avec qui vendredi Paul avait rendez-vous a diagnostiqué une maladie de Parkinson. Depuis quelques temps, sa main tremblait, sans excès toutefois et par intermittences. Je ne croyais pas qu’il s’agît de cela.
Paul, entre-temps, a consulté divers sites sur Internet et est naturellement tombé sur une littérature plutôt horrifique à propos de la maladie. Il nous retrace les quatre phases de ce mal dégénératif qui peut s’achever dans une incapacité de se mouvoir, voire par la démence sénile. Nous nous efforçons, par de pauvres paroles, T. et moi, de désamorcer les pronostics les plus noirs. Je le trouve à part moi pas si abattu, sur le moment au moins, par la nouvelle, protégé qu’il est par une certaine inaptitude au réel et aux aspects concrets de la vie matérielle. Evoquant la déchéance mentale, il nous parle d’un pistolet à billes de plomb qu’il a en sa possession, dont il se servira le moment. T. parle d’euthanasie — et je dis que, en effet, il existe des morts plus douces que le moyen auquel Paul parle de recourir et que, d’ailleurs, il risque de ne plus avoir de toute façon la lucidité nécessaire pour passer à l’acte, évoquant ma mère, qui n’aurait certainement voulu les longs mois de déchéance qu’elle a connus.
Nous évoquons aussi, plus positivement, une amie de M.-C., décédée assez récemment des suites probables de la maladie [nous n’apprendrons que plus tard qu’elle est, en vérité, morte d’un cancer] : il y avait longtemps que ses symptômes étaient autrement plus graves que les tremblements de la main pour lesquels Paul a consulté un neurologue, symptômes s’étant déclarés bien avant l’âge de Paul, qui vient d’avoir soixante-dix ans. Peut-être, arguons-nous, mourra-t-il autrement plus tard qu’elle — qui plus est, d’une maladie autre que Parkinson…
Il expose qu’il doit désormais prendre quatre fois par jour à heure fixe des gélules en plus de la pharmacopée nécessaire à titre préventif de l’accident vasculaire cérébral survenu quelque huit ans auparavant. Il a aussi — naturellement — consulté la notice dudit médicament et y a lu toutes sortes de contre-indications. Cette fois, nous avons assez beau jeu de lui dire qu’il en va toujours ainsi de cette sorte de prose.
Auparavant, Paul nous a parlé de l’appartement qu’il devrait louer. Il signera le bail le jeudi qui suit et ne disposera des lieux qu’à partir du 10 juin, ce qui lui laisse le temps d’organiser un déménagement.
Nous nous tournons vers de telles perspectives, afin de tâcher de repousser de plus sombres échéances.
Nuit du 30 avril au 1er mai - Pensée nocturne
A ce rendez-vous où je devais me rendre, je signerais ma reddition sans condition — lambeau de phrase que je triture dans ses soubassements, jusqu’à lui faire rendre gorge, tout en regrettant de ne savoir faire de romans.
(J’ignore ce que cette pensée doit, ou pas [¡], à l’Arc-en-ciel de D.-H. Lawrence, roman que je suis en train de lire — non d’ailleurs sans ennui par instants, mais qui contient en son écrin des passages de vraie sensualité : non pas d’érotisme, mais de sensualité —, sans que je parvienne à isoler des extraits suffisamment courts, ou au contraire longs ou suivis, significatifs dans tous les cas, et qui pourraient illustrer mon propos…)
9 mai
Au moment où je m’apprête à partir, les martinets sont revenus.
[Lundi 23 mai
Je verrai bientôt des hirondelles à Madrid.
— Et… puisqu’il le faut bien ! je suis désormais déjà revenu…]