1355 - Mais… en attendant de partir ? (3 bis)

Publié le par 1rΩm1

 

 

 

Mais… en attendant de partir ?

 

(Journal extime, 26 - 30 juillet 2021)

 

Work in progress

 

 

3 bis

 

 

29 juillet 2021

J.-M. aurait eu soixante-et-onze ans aujourd’hui.

 

Le mal de dos m’a presque entièrement quitté.

 

Mon père m’appelle. Le médecin responsable de l’unité de soins est passée dans la chambre — elle connaît évidemment les habitudes de visite de mon père — en rappelant l’idée que ma mère avait signé un protocole de fin de vie spécifiant d’éviter l’acharnement thérapeutique. Mon père, me rapporte-t-il, a convenu par avance des cisions qui seraient prises. Il est question d’interrompre le potassium — et d’augmenter les doses (faibles, lui est-il précisé) de morphine. Le médecin a esquivé, dans les questions que mon père lui posait, la possibilité d’envisager la sédation profonde, s’il y avait lieu.

Je lui dis que j’envisage un séjour à Dieppe.

 

(J’écoute ces lignes tout en écoutant — en entendant sans doute plutôt — l’adagietto de la cinquième symphonie de Mahler.

1355 - Mais… en attendant de partir ? (3 bis)

Je n’ai pas repéré le moment le moment où, selon Hervé Guibert, se produit un basculement. L’on pourrait se saouler jusqu’à plus soif — ou plus encore — de cet adagio —, et ce, sans se prendre pour Aschenbach pour autant ¡)

 

Après-midi

J’appelle M.-C., et tombe sur le répondeur. Quand je la rappelle cinq à dix minutes plus tard, elle demande à être excusée de n’avoir pas pris la communication téléphonique, en me précisant — avec un naturel qui, un instant, me confond et, après avoir raccroché, déclenche chez moi un moment de pure gaieté — qu’elle « étai[t] au lit avec quelqu’un ».

Elle envisage de rentrer chez elle peut-être samedi. Son indécision me paraît peu tenir compte de l'éventualité de ma prochaine venue. Je dis alors que je pourrais la précéder à Dieppe par rapport à la date de son retour. Elle ne semble pas entendre, ayant pour seule réponse qu’elle devrait s’enquérir de la possibilité pour une amie de venir durant la période (question qu’elle m’avait dit déjà devoir poser). Voilà qui augure de complications quant à mon propre séjour.

 

Je suis légèrement en retard à mon rendez-vous avec Simone. Je m’étonne toujours et à nouveau de ce que les sujets qu’elle aborde concernent avant tout la vie matérielle. Elle évoque les quatre ou six dîners où nous sommes allés ces dernières années au restaurant — dont quatre chez le même restaurateur. Je m’amuse de cette évocation. Au moins est-elle gourmande.

Quand je raconte mes difficultés de sommeil et qu’elle me parle de ses insomnies, il me traverse l’esprit que Simone est peut-être moins épanouie qu’elle semble le dire…

 

30 juillet 2021

Je suis refoulé à l’entrée de la médiathèque à cause du défaut de “pass sanitaire”, obligatoire à l’entrée des “lieux de culture”, ce à quoi je n’avais pas (naïvement) songé. Je rends donc livres et CD sans pouvoir en emprunter.

Ai entendu à la radio qu’en Israël le “variant delta” sévit, y compris parmi les personnes vaccinées : le principe du variant viral n’est-il pas de savoir s’adapter ?

Autre désagrément dans la série d’enquiquinements de la journée : le casque ne fonctionne plus ; il doit être déchargé, mais me laisse désœuvré sur cette terrasse, sans livre ni musique.

Un jeune homme, qui pourrait être distrayant, me lance un regard valant comme fin de non-recevoir [?]. — Il me reste guère plus qu’à finir mon verre et m’en aller !

 

F. G., venu prendre des mesures sur la terrasse afin d’établir divers devis en vue de sa réfection, au cours de la conversation et le temps d’une bière, se montre réfractaire à la vaccination. Il argue d’une clause que j’ignorais, décidée au sortir de la deuxième guerre mondiale à Nuremberg. Je crois d’abord à je ne sais quelle thèse fantaisiste comme il en circule tant. Il s’agit, en fait, d’accords internationaux stipulant une interdiction de recourir aux vaccins avant que ceux-ci n’aient été expérimentés durant cinq ans au moins.

Il me parle d’un grand-oncle, décédé à l’âge de quatre-vingt-onze ans. Il était ébéniste et l’a initié aux travaux de menuiserie. « Je ne lui arrive pas à la cheville… C’était un grand bonhomme… » Il me raconte avoir été élevé par ses grands-parents plutôt que par ses géniteurs. Il a donc vécu proche de ce frère de son grand-père ou sa grand-mère.

Il me demande des nouvelles de ma mère.

(Nous parlons aussi de la sculpture d’un motard et de sa machine — œuvre d’époque et d’inspiration futuriste — que possède mon père, qu’il veut me donner — et dont je sais que F. G. l’aime beaucoup… C’est pourquoi je ne lui demande pas de m’aider à la transporter chez moi.)

 

 

 

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