1499 - Si bien que… ? (57)

Publié le par 1rΩm1

 

 

Si bien que… ?

(Journal extime)

Work in progress

 

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1499 - Si bien que… ? (57)

 

27 décembre 2022

J’ai — d’abord et avant tout — rendez-vous T. et sa cousine [dont j’ai oublié le prénom, si je ne l’ai jamais su, T. disant toujours « ma cousine » pour la désigner]. Nous avions fixé pour horaire a priori 16 heures 30.

Il m’envoie une heure auparavant un message lapidaire mentionnant deux lieux possibles où se retrouver, l’un assorti d’une question (à laquelle je n’entends rien). Je me mets en route en répondant que je verrai bien où ils se sont installés.

Je ne les trouve ni dans l’un, ni dans l’autre. Plus exactement : je me rends dans l’un puis l’autre café, puis, sans pour autant me décider à m’installer, retourne dans l’un, dans l’autre ensuite. Le serveur, me voyant vaguer ainsi, croyant que la raison en est qu’aucune table n’est libre me propose avec amabilité de m’ouvrir l’accès à l’étable supérieur.

La contrariété me rend bègue. J’explique tant bien que mal que j’ai rendez-vous avec mon habituel comparse et qu’il pourrait mêmement m’attendre dans l’un ou l’autre bar — je ne sors pas de cela, décidément, et m’empêtre —, mentionnant ce dernier. Je sens son incompréhension. Je lui demande donc, beaucoup plus simplement, de dire à T., s’il le voit, que je serai installé au P***. (Au moment où je quitte les lieux, Ethan surgit, qui me salue avec une telle cordialité que me point le regret brûlant de devoir partir.)

 

Je m’attable au P***. Je songe alors que je pourrais très bien croiser là Justine et Romain. Alors que, au C***, c’est plutôt Nathalie et Léo. J’y rêve un instant comme à une possibilité qui me procurerait un vif plaisir.

Attablé, je réfléchis. Je ne crois pas à un si important retard venant de T. Il m’aurait téléphoné. Je crois plutôt, à la réflexion, à un malentendu. Et, de fait, je reçois bientôt un message qui confirme le rendez-vous pris la veille à 16 heures 30.

 

Je suis content de revoir la cousine de T., qui se montre enjouée, bavarde et amusante…

Après que nous avons vidé nos verres, je propose de reprendre une autre bière. La cousine décline. Elle doit repartir, elle est attendue à L**** chez une amie. Je propose donc que T. la raccompagne jusqu’à sa voiture afin qu’ils puissent reprendre une conversation « entre cousin et cousine » qu’ils n’auront pas de sitôt — elle habite Lyon et ne vient pas si souvent —, tandis que j’irai m’installer au C***. Je sens T. un peu réticent, mais il accepte malgré tout.

Je reste là un instant, puis me rends au C***.

Sur la terrasse, j’avise Nathalie et l’ancienne amie de Léo, qui ne m’ont pas vu. Je les aborde donc. Elles plaisantent : elles étaient venues la veille, et je n’y étais pas !

J’explique que je dois être rejoint par un ami et propose de les rencontrer à un moment à leur convenance dans les jours à venir. (Ce disant maladroitement, ma timidité et mon embarras de ne pouvoir m’attarder font que ma demande a l’air de manquer de chaleur, alors que, précisément, j’espérais les rencontrer ¡). L’amie de Léo grimace : elle, doit repartir le lendemain.

Je me tourne donc vers Nathalie : nous pourrions nous voir, elle et Léo. Celui-ci, me dit-elle, repart également le lendemain. Je dois montrer mon désappointement. Voire (songé-je) : rencontrer Nathalie seule n’aura ni la même intensité ni le même agrément. Sans doute ce seule à seul ne lui convient-il aussi qu’à demi puisqu’elle me parle incontinent de Clotilde, une autre ancienne élève. Je suis distrait alors, et, quoi que j’en aie, ne montre pas d’enthousiasme excessif envers ladite Clotilde, dont j’avais oublié l’existence. (Il ne me vient d’ailleurs pas à l’esprit que celle-ci pourrait être d’ailleurs tout aussi embarrassée que moi de devoir me retrouver ¡…)

En guise de diversion, toujours aussi pataud dans mon manque d’à-propos, je me tourne vers l’amie de Léo, et, puisque je ne la reverrai pas, songe à lui demander ce qu’elle devient. Elle n’est plus attachée d’enseignement et de recherche et s’est donnée une année de champ pour faire le point sur ses envies de carrière universitaire. Je développe un peu en retour, en abondant dans son sens, pareil besoin s’avérant parfois salutaire — spécialement au sein du milieu universitaire.

Je lui dis alors que j’ai cru la croiser deux jours auparavant dans l’un des rares cafés ouverts le jour de Noël. Mais que manifestement, ajouté-je, ce n’était pas elle puisque nos regards en se croisant n’ont provoqué aucun signe de reconnaissance chez la personne, que, d’ailleurs, celle-ci était plus grande qu’elle — avant qu’elle ne me coupe en affirmant que c’était elle au contraire, qu’elle devait être distraite, etc.

Je demande Nathalie des nouvelles du père de Léo. Elle marque un instant de silence, ne souvenant peut-être pas de ce qu’elle m’avait dit quand je l’avais rencontrée par hasard quelque six mois plus tôt, et m’apprend la rémission de son cancer. (Je m’étais trouvé léger, comme peu réceptif, lorsqu’elle m’en avait parlé, et m’en étais voulu aussitôt ensuite de n’avoir pas exprimé davantage d’empathie…)

Nous nous quittons sur la promesse que Nathalie me téléphonera dans les jours à venir. Je me hâte de pénétrer à l’intérieur, ayant assez accumulé d’à-peu-près et distillé d’ambiguïtés, me semble-t-il, dans mon attitude...

Et ce n’est qu’ensuite que l’idée me vient que l’amie de Léo avait peut-être délibérément feint de ne pas me remarquer — et que ni elle ni Nathalie n’étaient peut-être aussi pas ravies d’ainsi de me croiser…

 

T. tarde à arriver. Il n’y a plus aucune place à l’intérieur. Je croise Ethan, qui officie à l’étage, et me propose d’ouvrir le troisième niveau. Comme je ne veux pas le faire grimper si haut (¡) — l’escalier hélicoïdal, en outre, n’étant guère praticable avec un plateau —, je décline la proposition. Je patiente alors sur un tabouret au bar (je doute cependant que T. ait plaisir à se jucher là ensuite) en attendant qu’une table se libère.

T. arrive enfin alors que mon vœu d’une place libre vient tout juste de se réaliser. Je le sens contrarié. Sa cousine s’est montrée intarissable, prolongeant indéfiniment leurs adieux. Je devine qu’il n’a accepté ce second verre, en fait, qu’en raison du malentendu sur l’heure de notre rendez-vous. Il est à l’évidence distrait. Je meuble la conversation. Je tente un portrait en rose et blanc d’Ethan, qui évolue devant notre regard. Le serveur attaché à notre espace tarde, lui, à venir. Il s’excusera de nous avoir fait attendre ensuite.

T. argue de l’heure avancée pour ne pas raccompagner comme il le fait d’habitude et rentre chez lui à quelques pas de là…

*  *  *

Je reçois un coup de téléphone de Pascal alors que je rentre le soir chez moi. Ils ont connu toute une période d’alarmes pour JM, son frère, qui a développé un cancer. La mère de W. est morte. Nous finissons la conversation par mes petits bobos. — Décidément, cette journée me donne tous les torts, et je m’en accable impitoyablement

 

 

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