1502 - Si bien que… ? (59)

Publié le par 1rΩm1

 

Si bien que… ?

(Journal extime)

Work in progress

 

59

 

1502 - Si bien que… ? (59)

 

1er février 2023

Cette femme a le don de transformer en pile électrique les autres par sa seule présence, par sa conversation débridée, son débit précipité, chaotique, son rire agité. — Et qui croirait qu’elle est la mère de Tristan, garçon équanime s’il en est ?

Une autre mère me téléphone, ce matin. C’est la mère du locataire du rez-de-chaussée, qui veut que je réveille son fils à coups de sonnette insistants, ou en tambourinant à sa porte. Elle s’épanche : son téléphone doit être déchargé… il n’a pas de cours ce matin… j’ai besoin de le joindre…il a dû se coucher tard… il est jeune, il profite d’une existence de barreau de chaise bien de son âge… il doit dormir encore, etc.

Je joue (à mon corps défendant ¡) la Providence des garçons dissipés : je ne carillonne néanmoins qu’à mon retour de la séance chez l’orthophoniste, presque une heure plus tard. Il paraît, en robe de chambre, ébouriffé, aussi peu sexy que possible. Décidément, ce n’est pas Tristan !  (Aussi vrai que je ne m’appelle pas Yseult ¡)

 

8-10 février 2023

Un peintre dans l’immeuble doit s’occuper enfin de la mise en peinture des portes des locataires, après qu’elles ont été changées sur les instances de l’agaçante mère de l’époustouflant Tristan.

Je m’enquiers auprès du jeune Erwan de ses clés. Il me reçoit après ses cours de la journée. Nous avons eu tous deux la coquetterie d’avoir ôté nos lunettes. Un rideau d’ampoules (une sorte de guirlande de Noël) produit une lumière tamisée dans la pièce principale. Il se montre charmant. Mon imagination joue à plein, et je m’amuse de toutes les façons de la situation ¡

 

Le soir, j’écris à Aymeric pour lui annoncer ma venue prochaine à Paris :

Bonsoir Aymeric,

J’ai enfin réussi à caler mon prochain séjour parisien, un peu plus tard que je ne l’avais d’abord imaginé, mais l’appartement de la rue P*** n’était pas disponible auparavant. Ce sera du 18 au 25 mars. Ainsi, je pourrai suivre l’injonction de la chanson, et d’être (enfin) de retour au printemps — et serai tout heureux de déambul[er] dans les rues de Paris !…

Je serai là — donc — (autre chanson !) toute une semaine, laquelle comprendra de cette façon un dimanche, au cas où tu serais disponible le 19.

 

Je sors (ou presque) d’une double visite chez le médecin agréé par le Rectorat, lundi d’abord pour que soit prolongé de trois mois mon congé de longue maladie (jusqu’à la date anniversaire, si l’on [ose] dire, des trois années écoulées !), aujourd’hui, pour ma demande d’une éventuelle invalidité. Celle-ci, au cas où je l’obtiendrais, serait de 60% — ce qui n’a aucune signification concrète pour moi !

 

Pas de nouvelles particulières, sinon. Je bats le pavé chaque jour d’appel à manifestation, et attends avec une impatience mal contenue un signe, même infime, du retour des beaux jours…

(Où il est question d’ailleurs des possibles travaux de la terrasse, lesquels débuteraient, selon les sirènes de l’artisan commis à cet effet, peut-être (peut-être !) dès mars-avril…)

 

Et, en attendant de toutes les façons une avant-garde printanière, je t’adresse toutes mes amitiés,

Romain

 

Le surlendemain, le peintre a fini son labeur. Je ferme à clé la porte de l’appartement du jeune Erwan sitôt la peinture sèche.

Celui-ci m’accueille de nouveau pour que je lui rende ses clés, mais sur le seuil. Comme il n’a pas payé son loyer encore, je lui dis qu’il pourrait mettre en place un virement automatique pour ne plus avoir à y songer.

Embarras de sa part. Il se justifie sommairement : il dépend, dit-il, de l’argent de son père, que sa mère lui envoie après que celle-ci l’a relancé, d’où les délais parfois, cette fois jusqu’au 7…

Entre-temps je me suis attendri quelque peu (¡). Si ça dépend de votre situation familiale… !, ai-je répondu en substance. Mais je ne peux m’empêcher de repartir qu’en fait nous sommes déjà, non pas le 7, mais le 10

Bref, le ton a — naturellement — changé.

A peine rentré chez moi, toutefois, un signal sonore m’avertit de la réception d’un message. « Le virement du loyer vient d’être effectué, bonne fin de soirée. »

 

17 février

J’appelle l’entreprise qui doit changer les fenêtres (la baie de la terrasse, le Velux de la salle à manger). Maxime, au téléphone, me dit que les ouvriers interviendront lundi. Je téléphone au jeune Erwan. Il part en vacances, ô Joie, ô Bonheur : je me fais par avance une félicité de cette semaine où je ne l’entendrai pas jacasser au-dessous de ma tête quand je me tiens dans le bureau.

 

 

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