1524 - Si bien que… ? (68)
Si bien que… ?
(Journal extime)
Work in progress
68
Mardi 2 mai 2023
Je reçois un premier message d’Anne et Patrice : non seulement le train est retardé mais aussi détourné, du fait — apprendront-ils plus tard — d’une tentative de suicide en gare de ****.
Un deuxième, puis un troisième message me parviennent au fil du retard accumulé.
Il n’est désormais plus question de déjeuner à Metz, comme projeté précédemment. Comme je propose de manger sur place, ils me disent qu’ils se sont acheté un sandwich et ont déjà mangé !
Je m’irrite un peu du procédé, d’autant que je les attendais pour déjeuner avec eux et qu’il est déjà 13 heures !
Sans doute se sont-ils dit entre-temps que, de fait, ils avaient pu entre-temps en user cavalièrement : ils arrivent avec une boîte de pâtisseries achetées sur le trajet pour compléter notre repas…
Nous cherchons que faire de notre après-midi en ce jour où la plupart des musées restent fermés — ce à quoi Patrice n’avait pas songé en réservant leurs billets de train, lui qui pourtant a travaillé si longtemps dans un musée national !
Après avoir très peu délibéré, nous arrêtons notre choix sur une visite à l’Abbaye des Prémontrés à Pont-à-Mousson. J’y étais jadis allé lors d’un gala d’école quand Simone, adolescente, était encore élève d’un cours de danse quelque quarante-cinq ans auparavant — sans retourner depuis, même si j’ai travaillé toute une année à quelques encâblures de là. Nous prenons ma voiture et nous y rendons.
Si, dans l’abbaye, est installé un hôtel dans une aile dont nous traversons les couloirs, le reste des lieux est très peu meublé, et la statuaire dont subsistent quelques éléments s’avère plutôt décevante. Et, si je ne goûte qu’assez peu en général les fastes qui rutilent pleins feux, j’admire malgré tout le lustre issu des cristalleries de Saint-Louis.
Après avoir parcouru les extérieurs, nous nous attardons dans le jardin des senteurs, curieux des plantes que nous y croisons.
Nous allons ensuite au centre ville. Dans une rue sécante de la place Duroc, nous entrons dans l’église Saint-Laurent, dont la visite constitue une heureuse surprise. Elle abrite notamment, en effet, un retable du XVe siècle dont Philippe de Gueldres, duchesse de Lorraine (et morte à Pont-à-Mousson) a été la commanditaire — autant de détails dont j’étais entièrement ignorant —, confiant sa réalisation à un atelier anversois. (Les photographies que j’en fais, à travers des grilles, ne sont guère réussies malheureusement…)
Nous découvrons également un Christ portant sa croix, attribué sans certitude à Ligier Richier — ce qui nous ramène deux ans auparavant, Patrice et moi, à la Chapelle des Cordeliers de Nancy.
De l’autre côté de la chaussée, s’offre à nos yeux deux façades Renaissance magnifiques, au 19 de la rue, l’Ancienne Maison des Echevins
— et, au 11, l’Hôtel des Charvet, dont le portail arbore comme devise en langue latine — on aimerait y croire, quoique l’invitation ne soit pas aimable pour autant ¡ — virtus agitata crescit, « la vertu se fortifie des épreuves qu'elle a traversées ».
* * *
Nous prenons un verre sur la place Duroc. Les épais nuages noirs menaçants se sont entre-temps dissipés, et le soleil lèche gentiment nos visages.
J’achète dans le petit supermarket attenant le Côtes de Toul rouge dont Patrice avait pu être frustré quand il était venu en novembre.
Nous rentrons et achetons une tourte lorraine chez le traiteur non loin de chez moi, en passe de fermer boutique. Patrice choisit une taille à la mesure de son envie : de quoi en faire au moins deux repas.
Nous préparons à manger. Patrice coupe l’ananas et je mets la dernière main à ma soupe d’endive, pendant qu’Anne prend une douche.
Anne me montre des photos de Félix, le nouveau-né de leur fille aînée, qui a trois semaines désormais. Nous confrontons les clichés que nous avons pris pendant l’après-midi.
Nous dînons agréablement. Patrice se dit content de notre escapade à Pont-à-Mousson. Le vin est un peu décevant, qui manque de longueur en bouche, mais l’ananas est bon.
Anne et Patrice se couchent peu après le repas.
Je débarrasse la table, fais la vaisselle et les imite bientôt. Las, Erwan jacasse dans sa cuisine, c’est-à-dire en dessous de ma tête de lit !
3 mai
Nous discutons de riens, Patrice et moi d’abord, puis Anne et moi.
Eux n’ont pas été dérangés par le nouveau voisin, Anne, il est vrai, recourant à des bouchons d’oreille, Patrice, ayant le sommeil lourd.
Il est vite l’heure de mon rendez-vous avec l’orthophoniste. Comme FG a le double de mes clés — les travaux sont à l’arrêt depuis deux semaines désormais —, Patrice et Anne décident d’une promenade à la Pépinière en attendant que je revienne de ma séance.
Avant de s’en aller, ils emportent le reste de la tourte — tant et si bien que je devrai improviser pour le déjeuner !
Après-midi
La météorologie manifestant un instant une poussée printanière, nous prenons des bières en terrasse, T. et moi.
Je lui raconte notre défilé du 1er mai — puisque celui-ci ayant lieu le matin, T. n’avait pas souhaité nous y accompagner.
4 mai 2023
Je reçois ce message de Patrice : « Après une belle journée à Colmar et une nuit où Anne a été patraque (Covid ?) nous voilà au ralenti en route pour Strasbourg ».