1525 - Si bien que… ? (69)
Si bien que… ?
(Journal extime)
Work in progress
69
13 mai 2023
[Si bien que… ? Mes jours ne valent guère plus que mes nuits - 10-13 mai]
Nuits difficiles. Le nouveau voisin (et son amie), emménagés fin avril, sont des noctambules — doublés de bavards impénitents. Ils me réveillent en rentrant à des heures tardives et se livrent ensuite à d’incessantes palabres. Il est 1 h 30, 2 h, 3 h 30, selon les cas… J’ai déjà envoyé un courrier à ce sujet, mais il semble que le message n’ait pas été compris… Réveillé de la sorte avant-hier à 1 heure et demie, j’ai d’abord commencé par recourir aux bouchons d’oreille ; mais je percevais encore les voix malgré cela. J’ai tapé comme un sourd — si j’ose dire ! — avec les quatre pieds de la chaise proche de mon lit, sans produire de résultat. Que faire d’autre alors, sinon changer de chambre ? Cependant, j’encours alors le risque d’être, cette fois, livré aux jacasseries d’Erwan — comme cela s’était produit deux jours auparavant. Ironie de mon sort, lui et le voisin s’adonnent à leur logorrhée chacun à la tête même de mon lit… Et il semble qu’Erwan se montre sensible à l’épanchement verbal de son voisin puisqu’il se couche de plus en plus tard — et se lève en conséquence. Il n’égale évidemment pas les levers du couple à côté, eux n’ouvrant jamais leurs volets avant midi (je note comme seule exception notable aujourd’hui, ceux-ci étant repliés à 10 heures et demie, en raison peut-être des aubades que je leur destine).
Car, réponse du berger malheureux en manque de médecin susceptible de coucher ses plus belles nuits insomnieuses à l’insoucieuse bergère jacassière, j’ai diffusé les lendemains de mes sommeils empêchés de la musique au moyen d’une enceinte portative sur laquelle je refermé les portes de ma chambre habituelle en montant le volume : ils ont eu droit à Jonny Lang hier, à Trombone Shorty aujourd’hui — à Edgar Varèse peut-être, ou quelque symphonie bruyante, demain. Je confesse toutefois une faiblesse : j’ai attendu, pour ce faire, qu’Erwan soit levé — mon courrier dans des entours similaires il y a presque deux ans ayant, il est vrai, recueilli davantage de fruits…
De guerre lasse — harassée serait plus exact —, j’ai fini par dresser un couchage dans le salon, sur un canapé de J.-M. acheté à Patrice, qui trouve un emploi inattendu. Ce n’est toutefois qu’un pis-aller : je ne pourrai en agir ainsi en des nuits trop chaudes ou trop froides…
Quand je suis passé ce matin devant la porte des voisins, j’ai entendu miauler le chaton aperçu à la fenêtre quelques temps auparavant, et me suis amusé qu’il réclame ainsi une présence humaine dont, pour ma part, je me passerais bien…
Mes jours ne valent guère plus que mes nuits — à dire comme un ennéasyllabe, en ravalant les [œ] instables par conséquent, le boitillement produit s’accordant à ma détresse — : eux connaissent une stase remarquable, dont j’ai enregistré hier la moindre manifestation dans un courriel adressé à Aymeric :
10 mai 2023
Bonsoir Aymeric,
Quelques non-nouvelles — du moins du présent. Ainsi le requièrent, il faut croire, mon histoire personnelle tout autant que l’Histoire en non-marche ! — Mais je vais tout de même m’employer à tirer à (ou jeter quelque) ligne pour voir ce qui mord…
J’ai clopiné encore quelques temps après ma chute Place des Victoires le jour où nous nous sommes vus. Il m’arrive de toujours avoir mal en effectuant tel ou tel mouvement de rotation, torsion, flexion ou élongation. Je me suis fait prescrire une autre chevillère vendredi dernier par mon médecin pour que marchent sur deux jambes mes chevilles droite et gauche, binaires heureusement, et, par conséquent, ambidextres (je parle des chevillères, la symétrie parfaite des organes n’existant de toute façon pas).
J’ai aussi ramené de Paris des douleurs dentaires. Dans l’urgence, dès le lundi de mon retour, l’abcès qui m’avait gagné en milieu de semaine ayant entre-temps dégonflé, mon dentiste m’a mis sous antibiotiques — et m’a donné rendez-vous pour un arrachage de dent les… 31 mai et 2 juin ! Je demeure donc aussi en stand-by de ce côté. Des lancées névralgiques se produisent depuis une semaine environ de temps à autre, désagréables, douloureuses et indiscrètes.
Khadija ne m’a pas donné de nouvelles depuis que rentré. Autant dire (presque assurément) qu’elle va mal. Son frère, cependant, qui habite Nancy, aurait dit à Paul, qui le connaît et qu’il a rencontré, que son séjour à Paris lui aurait fait du bien. Je l’espère, voire : je n’en doute pas ; mais il n’en demeure pas moins vrai que de subir des contrastes n’aide pas toujours à encaisser les revers d’humeur et de fortune.
On ne m’a pas fait parvenir de nouvelles de mon état de santé — validité ou invalidité — alors qu’un aréopage de médecins agréés ont statué sur mon cas le 2 mai. On ne m’a pas non plus versé d’indemnités journalières depuis plus de deux mois et demie, même si j’ai fait valoir la prolongation de mon congé auprès de ma mutuelle dès qu’un arrêté de longue maladie m’a été connu il y a tout juste cinq semaines. Des deux, la première attente est la plus pénible…
Les chantiers chez moi sont aussi à l'arrêt. La terrasse est en plan, après que l’artisan l’a entièrement détruite dans son ancien revêtement : la forme en plastique qui devrait servir de nouvelle étanchéité reste en cours de fabrication. Les finitions de la baie, posée depuis près de deux mois, se font attendre par ailleurs. J’ai espacé entre-temps mes relances téléphoniques…
11 mai
C’est donc vers l’avenir que je suis entièrement tourné…
Parmi les perspectives qui me sont ouvertes, j’ai demandé il y a une quinzaine de jours à Pascal si l’appartement de la rue P*** pouvait être disponible courant mai, voire au cours du mois juin. A la faveur des multiples ponts de la période, cependant, les lieux étaient souvent investis — si bien que seule l’avant-dernière semaine de juin était finalement possible. Je serai donc à Paris du lundi 19 au lundi 26 — en espérant fortement que de grosses chaleurs ne séviront pas encore. Peut-être M.-C. me rejoindra-t-elle quelques jours (du moins si elle parvient à s’organiser pour cela…). Quoi qu’il en soit, nous pourrions nous voir, toi et moi, soit le dimanche 25 en journée, soit tout autre soir, mais pas le lundi, puisque j’arrive en fin d’après-midi.
Je n’ai pas encore tout à fait peaufiné la relation de notre soirée du 20 mars. Il y manque une dernière (petite) main ! Mais je t’envoie en pièce jointe la relation de notre téléphonage de décembre en guise d’imprimatur.
Peut-être pourrions-nous prévoir un nouveau rendez-vous téléphonique la semaine prochaine (ou la suivante) — hormis mercredi (réservé à un restaurant avec T.) et le lundi (où je pourrais voir le film de Chantal Akerman, Jeanne Dielman, 23 Quai du Commerce, 1080 Bruxelles, que je n’ai jamais vu…)
Ce serait une autre douce perspective. Je te laisse la relever :)
A bientôt de te lire et de t’entendre.
Amitiés,
Romain
PS 1 (12 mai) - Depuis, j’ai appris que le conseil médical plénier qui devait statuer sur mon invalidité a été « annulé faute de membres présents » (!) et que mon dossier sera « représenté » le 30 mai prochain. J’ai téléphoné à ma mutuelle pour apprendre qu’il n’y avait pas trace de mes démarches que j’avais entreprises — et j’ai dû relancer la machine à coup de documents scanés…
Surtout, Khadija m’a envoyé un SMS, et nous avons convenu de nous téléphoner dimanche matin.
PS 2 - Un ouvrier - j’en ai été prévenu ce matin — est dans mes murs, s’appliquant à masquer une béance dans l’habillage en PVC de la baie qui donne sur la terrasse. Il avait trois heures de retard mais est en passe d’achever !
* * *
Last but not least : j’ai délibérément enjambé hier l’anniversaire de Nathan…