1530 - Si bien que… ? (73)
Si bien que… ?
(Journal extime)
Work in progress
73
5 juin 2023
Visite d’un aspirant-locataire, Angelo (¡), que je trouve sympathique. Il se déclare intéressé. Il me fera parvenir un dossier de candidature au plus tôt.
6 juin 2023
Je croise Catherine R. en manifestation. Nous discutons de son emploi au sein du comité médical dont elle est (donc) une des représentantes du personnel. Son père lui-même a été victime d’un AVC. Il a, me dit-elle, soixante-quinze ans, il est très éprouvé par l’épreuve et se montre rétif à la rééducation orthophonique.
Angelo appelle. Il voulait déposer son dossier, mais ne vois pas de boîte à lettres à mon nom. Je lui dis que la boîte est commune à tous les habitants de l’immeuble, que je l'y trouverai.
Je le trouve décidément sympathique.
Des échanges téléphoniques s’ensuivent. Comme sa mère ne gagne pas énormément, je me fais préciser certains détails par acquis de conscience. Lui, travaille le week-end, voire davantage quand s’interrompent ses cours à l’université ; la pension alimentaire de son père lui est reversée et il bénéficie d’une bourse assez conséquente.
Au moment où je lui dis par téléphone que, finalement, j’accepte, il écourte la conversation en me disant qu’il est sur le point de prendre son travail. Ce n’est que dans l’après-coup que je réalise que le jeune homme travaille le soir — et risque de perturber mon sommeil en rentrant, autant ou peut-être davantage que ne le faisait Erwan et que ne le fait Enzo.
8 juin
Très embêté le lendemain, je lui rends son dossier de candidature. [J’ai du rapporter notre entretien, mais n’en pas trouve trace.] Nos bavardages, agréables, durent trente-cinq minutes.
Je dîne avec T. Sur ses instances, je raconte mes entrevues avec Angelo. En vérité, j’oriente le propos de telle façon que T. puisse prendre le parti pris inverse du mien.
J’improvise un message, qu’il entreprend de corriger. Ses rectifications et dictées me laisse désemparé, je butte sur les mots, ne parvient pas à attraper ses formulations, lesquelles se perdent dans les lambeaux de phrases que l’énervement, la contrariété ne me permettent pas de saisir.
9 juin
Je dors mal, d’un sommeil entrecoupé d’instants de veille— où je m’essaie à des formules nouvelles en direction d’Angelo — et de période de rêves passablement agités sur une trame désagréable.
Après cette nuit pourtant courte, une formulation s’impose, qui me satisfait enfin.
Je réponds à un message de Judith, écris à Aymeric en vue d’organiser mon prochain séjour parisien, téléphone à mon père pour lui faire part de ma décision concernant Angelo. Ensuite seulement, j’envoie le SMS que j’ai rédigé audit jeune homme.
Il me téléphone bientôt. Il n’a pas trouvé d’autre appartement, et nous convenons de signer un bail le lendemain.
Fin d’après-midi
Une jeune fille parfaite, en tous points (fine, jolie, vive de ses gestes et reparties, avisée et souriante), vient visiter l’appartement avec ses parents. Sur mes questions, j’apprends qu’elle va « rentrer en première année de Master », brigue l’Agrégation de Lettres Modernes, entend obtenir un doctorat par la suite, tout en se destinant à l’enseignement supérieur. Elle semble pondérée, déterminée. Peut-être est-elle légèrement outrecuidante, malgré tout. Il n’importe : je la juge la locataire idéale. Elle me ferait presque regretter d’être engagé vis-à-vis d’Angelo.
Soir
La jeune fille parfaite envoie un message. Elle remercie de la visite mais a choisi un autre logement. Je la remercie à mon tour de m’avoir prévenu et lui souhaite « une parfaite continuation ».
— Pour moi, je devrai donc vaille que vaille continuer avec Angelo…