1553 - Retour à Dieppe (1)

Publié le par 1rΩm1

 

 

Retour à Dieppe

[cidive]

Journal extime

(26 juillet - 2 août 2023)

 

1

 

 

26 juillet 2023

Aller jusque Dieppe a pris considérablement plus de temps que je l’avais prévu : l’ordinateur de bord de la voiture indique que j’ai conduit près de huit heures et demie.

J’avais organisé un covoiturage dès l’avant-veille, et quatre personnes avaient réservé différents trajets.

Ce n’est qu’après avoir quitté **** et roulé un certain temps que je m’aperçois que j’ai oublié la carte grise de mon véhicule sur mon bureau…

 

Je prends d’abord trois passagers dans la banlieue de Reims, qui arrivent en ordre dispersé. Il faut dire que je me suis trompé de sortie d’autoroute, tant et si bien que je dois téléphoner à la première personne qui a réservé pour me faire indiquer une adresse plus précise que celle qu’elle m’avait communiquée : elle-même avait choisi ce point de ralliement parce que proposé par le site comme propice au stationnement, sans savoir précisément où il se situait, et, plutôt que des références d’autoroute et de sortie, elle me donne des noms de ville et de rue.

J’étais parti en avance ; je serai le seul à être à l’heure ; mais je n’ai pas mangé…

 

Arrivent donc l’un après l’autre un jeune rémois qui travaille à Dieppe, puis mon interlocutrice — qui me confie un ami irlandais, dont elle me dit qu’il ne parle que très peu français et à laquelle j’explique que, s’il me parle en anglais, je le comprendrai sans doute mais sans pour autant pouvoir lui répondre du fait de mes problèmes d’élocution aggravés désormais par le passage à une langue étrangère (lui, doit prendre un avion à l’aéroport de Beauvais pour rentrer en Irlande) —, enfin, un quadragénaire égaré, que je dois guider au téléphone pour qu’il parvienne jusqu’à la bretelle d’autoroute où je suis stationné.

Comme la faim me vrille, nous faisons un saut dans une boulangerie. L’Irlandais achète sandwiches et pains au chocolat.

Le dernier passager survenu explique qu’il entend se rendre dans un garage dans les environs de Beauvais pour prendre livraison d’un véhicule et entame à ce sujet de vibrantes (et d’assez agaçantes) palabres, tout en assurant que ce n’est pas un détour important. Après échange avec les autres covoiturés, lesquels assurent qu’aucun d’eux n’est véritablement pressé, j’accepte de faire le crochet qu’il nous demande.

En fait, nous prendrons deux heures et demie pour nous y rendre. Parvenu là, il me glisse un billet de 20 euros pour me dédommager du détour, que je refuse par trois fois, avant de finalement l’accepter.

Nous avons plus d’une heure de retard par rapport au passage initialement prévu à Beauvais pour prendre un quatrième passager, lequel manifeste sa mauvaise humeur quand, ralentis encore par la traversée d’une banlieue interminable, je téléphone pour la deuxième fois. Il se radoucit toutefois et finit par accepter ma proposition de le cueillir près de chez lui, à une adresse qu’il m’indique.

Nous accompagnons ensuite l’Irlandais jusqu’à l’aéroport tout proche (et que je n’aurais pas imaginé si proche de la ville).

Nous mettrons cependant presque deux heures pour gagner Dieppe. Le premier tiers de la route égraine des villages qu’on aborde, traverse et quitte, non sans limitations de vitesse et ralentissements dus cette fois à des tracteurs et leurs remorques pleines de balles et de bottes de paille…

La fatigue à conduire commence à se faire sentir et j’ai hâte à mesure que le trajet se termine.

Les deux passagers restants sont la plupart du temps sur leur téléphone. Nous subissons en particulier une longue prise de bec du Beauvaisien, haut-parleur activé, avec l’épouse, que la perspective de se rendre seule à Paris dans sa famille paraît inquiéter.

Puis de longues plages de silence, ce qui me convient parfaitement.

Je dépose l’un et l’autre à des endroits qu’ils me désignent dans les environs de Dieppe, le dernier dans un quartier excentré de la ville.

 

Je téléphone alors à M.-C. pour la prévenir des dix minutes qu’il me reste pour parvenir à bon port : il sera bon d’arriver et de se mettre pieds sur table. Elle m’enjoint de ne pas me garer près de l’hôpital, elle-même ayant retrouvé les pneus de sa voiture crevés, sans doute en raison la de plaque d’immatriculation de son véhicule. J’espère néanmoins trouver une place plus proche pour pouvoir débarquer mes impedimenta.

*  *  *

Soir

Albert Marquet, le Port de Dieppe,  1937, Huile sur toile, Collection particulière

Albert Marquet, le Port de Dieppe, 1937, Huile sur toile, Collection particulière

 

Je raconte cette minuscule odyssée, distrayante et harassante à la fois.

Je reçois un SMS de FG : il n’interviendra pas sur ma terrasse avant le 7 août. Evidemment, ce délai me contrarie beaucoup, d’autant que je ne suis pas certain qu’il puisse tenir le délai. [Plus de trois mois se sont écoulés depuis, et les travaux n’ont pas toujours pas eu lieu…]

 

M.-C. a fait refaire sa salle de bains. Elle a remplacé la baignoire bleue dans laquelle j’avais malencontreusement glissé par une cabine douche. Elle-même a repeint sa cuisine dans une couleur cassis foncé. Comme celle-ci est exiguë et qu’on ne peut dresser le couvert pour y manger, que l’évier fait face à la fenêtre, le manque de luminosité qui en résulte n’importe guère.

Je raconte des heurts avec T. survenus récemment, par accumulation d’agacements successifs (de mon côté). M.-C. le dit très dépressif, et, tout comme moi, s’étonne — elle, plus critique que moi — de l’ampleur de la dépression qu’il traverse en répétant ce qu’elle lui avait dit, qu’il devrait consulter un psychothérapeute.

Elle me raconte alors son séjour à Paris, rendu contraignant par l’amie chez qui elle a logé.

 

Comme je me sens accablé de fatigue, nous nous couchons tôt.

M.-C. insiste, sans que je comprenne pourquoi, pour que je dorme dans le lit à sa place dans la pièce qui constitue sa chambre, et elle, dans le canapé-lit qu’elle avait déplié pour moi la fois précédente. J’accepte, quand bien même je vois l’inconvénient qu’il en résulte : comme j’ai l’habitude de me lever tôt, je ne pourrai que l’éveiller en traversant le salon et me levant le lendemain…

 

 

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