1629 - Balise : 11 mai 2013 (3)
in memoriam J.-M.
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Il reste peu à dire, si peu, en vérité, que l’on pourrait dire… croire… espérer… que, depuis, nos larmes se sont taries. Onze ans ont passé, et je m’affligerais désormais aussi de faire mentir la mémoire en en contant davantage.
Je l’ai écrit alors dans un courriel adressé à Aymeric. Quand, au moment de partir le lendemain de la cérémonie funéraire, Pascal me donne le trousseau de clés de son appartement parisien, lequel trousseau appartenait auparavant à J.-M., je suis submergé par les larmes. Celles-là mêmes peut-être que je n’ai pas su verser auparavant.
Je m’efforce de ne pas surréagir au moment je comprends que ces clés ne me sont pas laissées pour la fois prochaine où j’irais à Paris, mais de façon permanente.
Sans doute Pascal n’a-t-il pas compris ce que j’entendais par « fier ». Cela me taraude par la suite un peu qu’il pourrait imaginer que ce pût être négatif pour autant.
Je lui écrirai peut-être.
* * *
Onze ans déjà que cela passe vite onze ans.
Jamais formule ne m’a paru si fausse que cet alexandrin de “Strophes pour se souvenir”. Vladimir Jankélévitch faisait, il est vrai, la différence entre la mort en deuxième ou troisième personne. L’agenda mémoriel passe à l’allure de l’Histoire — quand faire le deuil de ceux que l’on a aimés se traîne misérablement… Le temps est unijambiste, en pareil cas. Et pas un jour ne se passe… sans l’amer sentiment d’une incompressible durée, même si la douleur s’assourdit et que ses coups, avec le temps, se montrent de plus en plus ouatés…