1720 - Si ça au moins… ça pouvait ressembler… à l'Italie ! (13)
Si au moins…
ça pouvait ressembler…
à l’Italie !
(récidive)
13
Mardi 2 octobre 2024
Brescia, Matin
J’organise un ultime tour des églises de la ville avant de quitter l’appartement. Je laisse mes bagages dans une consigne automatique à la gare (il faut entrer nom, prénom, adresse électronique et numéro de téléphone, et, comme je ne suis pas certain de l’indicatif international, je vérifie sur Internet).
Je vais à pied ensuite et me rends tout d'abord à la Chiesa del Santi San Nazaro e San Celso.
Alessandro Bonvicino dit Moretto (1498-1554), Cristo con i symboli della Passione tra Mose ed Elia, Altare e tabernacol attributi a Cristoforo e Gianfranco Scalvi da Rezzato
Ce n’est que de loin que je parviens à voir et photographier (en m’aidant du zoom de l’appareil, qui constitue en l'occurrence un précieux secours) le polyptyque de Titien.
Je visite ensuite la Chiesa di Santa Maria dei Miracoli,
puis la Chiesa di Sant Francesco d’Assisi
Alessandro Bonvicino detto il Moretto (1498-1554), Pala raffigurante S. Margherita d'Antiochia tra i santi Francesco e Girolamo, 1530
Girolamo Romano detto il Romanino (1484 ca.-1560), Discesa dello Spirito Santo, Affresco, (1520-1525 ?)
Cappella Immacolata. Architetto : Filippo da Caravaggio (1477), Trasformata nel 1737 da G. Battista Sassi con l'aiuto di Giacomo Lecchi, Eugenio Ricci e Antonio Cucchi. Grazio Cossali, Pala d'altare Vergine Immacolata con S. Giovanni Battista e Santa Apollonia (1603) ; Benedetto e Battista Virchi, Stalli intarsiati (1548-1553) ; Geronimo e Andrea Ambrosi, Altare (1739) ; Andrea Ferretti, Balaustra marmorea (1739-1741)
Pittore lombardo detto Maestro di S. Francesco, Crocifisso, Dipinto su tavola, 1310-1320, 240 x 410 cm, Brescia, Chiesa di s. Francesco, Cappella del Crocifisso (Architetti : Antonio Zurlengo e Filippo da Caravaggio, 1483)
pour atteindre enfin la Chiesa Sant’Angela Merici.
Giulio Cesare Procaccini (Bologna 1570-1625, Madonna col Bambino tra S. Latino e S. Carlo, Chiesa Sant'Angela Merici, Brescia
Paolo da Cailina il Giovane (1495-1540), Polittico, La Pieta - S. Faustino - S. Giovita S. Latino vescovo - S. Faustino vescovo, Chiesa Sant'Angela Merici, Brescia
Lorsque, précipitant mes pas, je parviens au Parco archeologico di Brescia romana, je me rassérène en constatant que j’ai finalement cinq minutes d’avance sur l’horaire réservé.
En regardant assez distraitement une vidéo diffusée en boucle sur place, dans l’attente que commence la visite (semi-)guidée à laquelle je dois participer, je prends conscience — en vérité, j’avais eu l’intuition de ne pas tout à fait parcouru l’intégralité du complexe monastique de Santa Giulia — que j’ai manqué la veille les fresques, a priori remarquables, d’une église, la Balisica di San Salvadore [?]), oubli que je m’empresserai de réparer ensuite, comme j’en suis tout près.
Contemplant les magnifiques fresques de Santa Giulia, je ne regrette pas ma visite in extremis.
Puis, Place de la Loggia, où je me rends à pied, j’attends que sonnent les douze coups de midi au marteau de l’horloge astronomique.
Est-ce pour cette raison qu’à la gare je suis bientôt, ironiquement, informé que le train pour Vicenze aura trente de minutes de retard ?
Il pleuvait fort ce matin à Brescia, et la météorologie telle qu’annoncée à Vicence ne semble pas devoir se montrer plus clémente. Voire : elle s’annonce bien plus maussade encore et fraîche le lendemain matin…
Après-midi
Le train sera finalement parvenu à Vicence avec une heure en retard.
Heureusement, la logeuse habite sur place, aux étages supérieurs de l’appartement qu’elle m’a loué dans une maison excentrée de la ville — où je suis parvenu en bus.
Elle m’est sympathique. Plus encore : je me sens accueilli. Nous conversons — du mieux que je peux — en anglais, et elle m’assure que je devrais rallier le centre ville, où elle se rend chaque jour à pied, en un quart d’heure tout au plus.
Fin d’après-midi et soirée, Vicence
Je profite du “pass” acheté à mon arrivée pour aller de la gare jusqu’à l’appartement, des 90 minutes allouées, pour aller jusqu’à l’Office du tourisme, me procurer quelques dépliants, dont l’un consacré à Andrea Pallodio, architecte à la gloire de la ville (quoique né à Padoue), à qui l’on doit vingt-trois bâtiments urbains et seize villas — lequel dépliant contient un « itinéraire palladien » sous les espèces d’un plan, simple et facile à consulter, du centre historique de Vicence.
Je photographie une première façade.
Après avoir bu un verre de vin blanc Corso Andrea Pallodio (décidément, l'homme est incontournable !), je dîne très correctement dans un restaurant excentré, mais recommandé par le guide et dont j’ai noté l’adresse. En outre, les prix y sont doux. Un dîneur solitaire s’avère français (le signale le Guide du routard !). Il doit avoir soixante-dix ans au moins.
Je l’apostrophe imprudemment. S’ensuit une série de quiproquos d’où il résulte que je dois passer comme un ignare. Ma diction s’emmêle. Il me demande mon propre guide, qu’il consulte un instant et me rend ensuite sans commentaire. Comme il me demande si j’aime l’opéra, j’avoue très franchement mon peu de goût pour l’art lyrique (hormis les précurseurs tel Monteverdi et l’opéra après Debussy, mais mon élocution m'empêche de préciser cela). Il me parle alors de la Villa La Rotonda, qu’il est allé visité durant la journée. C’est là qu’a été tourné Don Giovanni de Joseph Losey, m’apprend-il. Je me souviens assez bien du film, du décor dans lequel évoluent les personnages. Il m’évoque l’œuvre du cinéaste comme si j’en ignorais tout. Je n’en prends pas cependant ombrage, m’étant montré si pataud auparavant. D’ailleurs, la conversation tourne court lorsqu’on nous apporte les plats.
Je me suis éloigné de l’endroit où je loge, et je me mets un certain temps pour pouvoir rentrer ensuite sous une pluie fine et pénétrante le long d’artères mal éclairées…