1727 - Si au moins… ça pouvait ressembler… à l'Italie ! (19)
Si au moins…
ça pouvait ressembler…
à l’Italie !
(récidive)
19
5 octobre 2024 [suite], Après-midi
J’avais envie de revoir l’Oratoire Saint-Georges, dont les fresques m’avaient impressionné quand nous l’avions visité, M.-C. et moi.
Altichiero da Zevio, Jacopo Avanzi, Fresques de l'Oratoire Saint -Georges. Mur d'entrée - en haut, séparée par un oculus : l'Annonciation ; au centre : l'Adoration des Mages ; en bas : la Fuite en Egypte, la Présentation au temple
Mur du fond - haut : le Couronnement de la Vierge entourée d'ange ; bas : la Crucifixion (3,82 x 4,30 m)
Mur de gauche, Vie de saint Georges (en six épisodes) : Saint Georges terrassant le dragon (haut), Saint Georges boit le poison et demeure indemne (bas)
Mur de droite, bande supérieure : Martyre de sainte Catherine d'Alexandrie (la miraculeuse libération de sainte Catherine du supplice de la roue)
J’apprends alors que le “pass” acheté à l’Office du tourisme ne comprend pas l’entrée à la Scoletta del Santo, contiguë, qui m’avait alors tout autant plu. Le gardien, qui s'occupe de l'entrée de l'un et l'autre lieu, m'en refuse l'accès.
J’erre un peu dans les bâtiments avant de trouver le guichet qui délivre les billets. (Je me rappelle s'être livré à ma rapine photographique en novembre 2017 au moyen de ma tablette de M.-C., avec de meilleurs résultats qu'en recourant à mon téléphone d'alors. Pour autant, mes clichés s'avèreront autrement réussis cette fois-ci.)
Francesco Vecellio, le miracle du cœur de l'avare : saint Antoine fait découvrir que le cœur de l'avare n'était pas dans son corps mais dans un coffre-fort, 1511
Bartolomeo Montagna, la translation des reliques de saint Antoine présidée par le cardinal Guy de Montfort en 1350, 1512
Je visite ensuite le Museo Antoniano, assez peu intéressant au demeurant, hormis la Madonne de Carpaccio ou la réplique du Vir dolorum de Donatello — sans souvenir d’y être allé auparavant.
Carpaccio (1465-1525), Madonna con il bambino in trono e sei santi, 1515-16 ca., Museo Antoniano, Padova
Andrea Mantegna, I santi Antonio di Padova e Bernardino da Siena presentano il Monogramma di Cristo, 1452, Affresco
— sans souvenir d’y être allé auparavant.
Puis, remontant les cloîtres déjà traversés, je me dirige vers la Balisica di Sant’Antonio.
Sur la place, la statue du cavalier de Donatello, tout emballé et imperméable à tous les regards, me domine ironiquement en souvenir de tous les monuments ainsi dérobés à ma contemplation.
On processionne à l’intérieur pour saint Antoine, au point que c’en est impressionnant — tandis que, pour moi, pareille ferveur s’avère quelque peu dérangeante…
Les sculptures de Tullio Lombardo font état dans le marbre de quelques miracles du saint tels que ceux précédemment rencontrés en arpentant la Scoletta del Santo
Tullio Lombardo (Tullio Solari), le Miracle du cœur de l'avare ; le Miracle du pied coupé et rattaché, 1525, Marbre
— tandis que parmi les fresques de Giusto de Menabuoi [qui prolongent ma visite de la matinée, sans que je note sur le moment qu’elles ont donc été exécutées par le même artiste que celles du baptistère du Duomo] dans la Cappella del beato Luca Belludi sont exposés les miracles de l’apôtre Jacques telles que racontés dans la Légende dorée.
Giusto de Menabuoi, Cappella del beato Luca Belludi [chapelle du bienheureux Luc Belludi, disciple et compagnon d'Antoine], La Vierge entourée de saints franciscains, 1382
Le chœur de la basilique, lui, est inaccessible en raison d’un office. Je m’y résous et me dis que je reviendrai le lendemain.
Puis, après traversé le Prato della Valle — dont j’avais à nouveau conservé un souvenir précis —,
je me rends à l’Abbazia di Santa Giustina. Le Veronese (non pas dans l’abside, comme l’indiquait de façon erronée le guide, mais dans le chœur) est si éloigné des yeux qu’il en devient quasi indiscernable.
Je poursuis jusqu’à l’Oratorio di San Michele. La fatigue de la journée se fait alors sentir et je juge que c’est aller bien loin pour quelques fresques — certes intéressantes — grandement altérées par le temps…
[A gauche] Pietro di Bartolomeo de Bovi, l'Arcangelo Michele pesa le anime, Oratorio di San Michele, Padova
Le bus du retour ensuite se fait attendre. Consultant mon téléphone par désœuvrement, je m’aperçois que j’ai reçu un message désespéré d’Angelo, qui a accidentellement fracassé la vitre de la porte de la cuisine et dont la maladresse insigne me fait sottement rire lorsque j’en prends connaissance. Décidément, le jeune homme est doué pour s’attirer les catastrophes…
Puis, le bus ayant enfin collecté ses passagers, j’en descends au centre et j’achète des chaussures neuves, n’en pouvant plus que mes pieds macèrent dans des chaussures montantes et fermées, lesquelles, qui plus est, prennent l’eau sans pouvoir s’en remettre et sécher — tant et si bien que, fait inédit pour moi, je perçois de mauvaises odeurs de pied aux moments d'enfin les ôter.
Les chaussures en daim brun sur lesquelles j’arrête mon choix ne sont pas faites pour la pluie, mais je fais le pari, pour les heures à venir du jour et du lendemain, du soleil, celui-ci revenu (difficilement) au cours de l’après-midi.
Les pieds vannés par tant de pas parcourus, je clos la journée et rentre dîner.