1731 - Si au moins… ça pouvait ressembler… à l'Italie ! (22)
Si au moins…
ça pouvait ressembler…
à l’Italie !
(récidive)
22
Lundi 7 octobre 2024
Je passe la matinée à diverses tâches d'intérêt variable. J’adresse un courriel à Judith, en espérant qu'elle pourra réserver au musée d'Orsay deux places pour visiter l'exposition consacrée à Gustave Caillebotte. Je transcris, sans parvenir à utiliser mon clavier pour reprendre et étoffer la journée d’août où nous étions allés à Metz, elle, Norbert et moi. J’effectue quelques courses et achète une semelle en cuir, solution espérée pour chasser les mauvaises odeurs de transpiration après que mes pieds ont macéré dans mes chaussures en ce temps de pluies importunes — et inattendues en Italie, qui connaît en principe de belles arrière-saisons…
Le chat du logis s’entremet dès qu’il le peut. D’entrée de jeu, au petit déjeuner, il avait bondi sur mes genoux et s’agrippait à moi au moment où je l’avais saisi pour le déloger. Je lui interdis l’accès à ma chambre et la salle de bain.
Après-midi
Enfin, je décide de sortir et de me rendre au centre de Trévise. Près de l’arrêt de bus, je jette dans une poubelle sans scrupule un caleçon dont l’élastique s’est distendu et une chemisette en polyamide donnée par mon père.
Autant, le dimanche, les rues de Trévise étaient noires de monde, autant la ville aujourd’hui paraît assoupie. Si les musées sont fermés, les magasins sont, eux, rarement ouverts. L’on refuse de me servir dans deux cafés en passe de fermer après le déjeuner, qui ne rouvriront qu’à 17 heures. Le café-restaurant où j’avais dîné ma veille et où j’entendais lire une bande dessinée (en français !) à disposition de la clientèle consacrée à Egon Schiele m’oppose une porte close, et, quant à la cathédrale, que j’avais trouvée fermée à mon arrivée, elle ne rouvrira ses portes qu’à 15 heures 30.
Je me prépare donc à affronter une journée morte, inutile assurément. Je songe que l’expérience des voyages prouve qu’il en est toujours ainsi, quoi qu’on entreprenne, mais je pensais mieux pallier le jour de fermeture en Italie de la plupart des musées. Peut-être la proximité de Venise (où j’aurais dû aller, ce pour quoi je ne puis m’en prendre… qu’à moi-même !) a-t-elle nui au développement de la ville de Trévise…
Je me console quelque peu en visitant il battistero di San Giovanni, « la fontaine baptismale de la ville pendant des siècles », qui propose au visiteur, à l’intérieur, quelques fresques du XIIe siècle.
Non loin de là, à l’extérieur, au ras de mes pieds, des mosaïques de l’époque paléochrétien s’offrent à mon attention de promeneur.
Et puis. A force d’errer et de temporiser — je parviens à boire un verre de vin blanc non loin de la Piazza dei Signori —, la cathédrale a rouvert.
Et le retable de Titien vient rédimer — en partie ¡ — l’offense. Cependant, je me fais abuser par un itinéraire fléché auparavant, qui laisse croire qu’il faut en passer par le musée de la cathédrale pour l’admirer (je dois payer pour cela ¡), alors que — je me fais indiquer à quel endroit — le tableau trône dans une chapelle latérale du chœur, tout entière décorée par le peintre. Le musée en question s’avère, en revanche, à peu près dépourvu d’œuvre digne ce nom…
Tiziano (1487-1576), Retable de l’Annonciation (vers 1520), Trévise, Cathédrale (Chapelle Malchiostro)
(à suivre)