1737 - Si au moins… ça pouvait ressembler… à l'Italie ! (27)

Publié le par 1rΩm1

 

 

 

 

Si au moins…

 

ça pouvait ressembler

                             

                                        à l’Italie !

 

 

(récidive)

 

 

26

 

 

 

 

Jeudi 10 octobre 2024

Matin

Pascal a laissé sécher ses chaussures devant le radiateur de l’entrée et je crois un instant que, précisément, ils ne sont pas partis, qu’ils ont raté l’avion… J’entre alors la pièce qui sert de salon où ils ont si peu dormi pour constater qu’ils se sont tout de même envolés…

Je jette les premiers linéaments de notre soirée de la veille sur mon petit carnet.

Je m’émeus un instant au souvenir de la proposition de Shun, mon sexe y réagissant par une légère tumescence, puisque je ne suis pas insensible (ô litote ! quoique l’érection reste, en l’occurrence, limitée) à son charme, Shun au demeurant se montrant assez enjôleur… Je songe un instant à ma nature, peu entreprenante — contrairement aux allégations de Julien W., ou aux projections de Pascal, qui me prête toutes sortes d’aventures, voire d’intentions d’aventures, que je n’ai jamais eues.

Mes chaussettes et chaussures, elles, sont encore trempées des pluies de la veille…

J’écris un message à Aurélien, même si je doute qu’il soit disponible, et diffère celui que je compte envoyer à Duncan.

 

Fin de matinée

Nous nous rendons au Musée des arts décoratifs, Judith et moi.

La Galerie des bijoux pour quoi nous sommes venus, qui expose près de mille deux cent pièces du Moyen-Âge à nos jours sous vitrines, si elle suscite souvent notre intérêt et admiration, s’avère rétive à la prise de clichés en raison même des reflets et des éclairages. Après divers essais infructueux, je supprime les photographies prises.

Nous poursuivons notre arpentage à la recherche des Objets de luxe en Chine disséminés aux deuxième, troisième et quatrième niveaux.

Nous nous amusons de l’étiquetage parfois déficient de l’endroit, des cartels ayant été intervertis, et le tableau de Cranach, par exemple, n’étant pas renseigné (je vérifierai sur la toile ensuite qu’il est bien de la main du peintre).

Cranach, Adam et Eve

Cranach, Adam et Eve

Vase, Chine, dynastie Qing (1644-1912), XVIII siècle porcelaine à couverte bleue et rouge de cuivre dite « flambée » ou « flammée » ; Coupe lave-pinceau Chine, Dynastie Qing (1644-1912), 2de moitié XVIII, début xıx siècle, grès à couverte rouge de cuivre dit «flambé» ou « flammé »

Vase, Chine, dynastie Qing (1644-1912), XVIII siècle porcelaine à couverte bleue et rouge de cuivre dite « flambée » ou « flammée » ; Coupe lave-pinceau Chine, Dynastie Qing (1644-1912), 2de moitié XVIII, début xıx siècle, grès à couverte rouge de cuivre dit «flambé» ou « flammé »

Alexandre Louis-Marie Charpentier (1856-1909), Armoire à quatuor, vers 1901, présenté au Salon de la Société nationale des beaux-arts, Paris, 1901, bâti en charme, placage de tamo (frêne japonais), bronze doré ; Pupitres à musique, v. 1901, présenté au Salon de la Société nationale des beaux-arts, Paris 1901, piètement et cadre du pupitre en charme, placage de tamo

Alexandre Louis-Marie Charpentier (1856-1909), Armoire à quatuor, vers 1901, présenté au Salon de la Société nationale des beaux-arts, Paris, 1901, bâti en charme, placage de tamo (frêne japonais), bronze doré ; Pupitres à musique, v. 1901, présenté au Salon de la Société nationale des beaux-arts, Paris 1901, piètement et cadre du pupitre en charme, placage de tamo

 

Fin d’après-midi et soirée

La soirée que nous passons, Aymeric et moi, ressemble à bien d’autres, confortable, dans le confort singulier que me procurent nos rencontres, le plaisir — gommant à mesure toute inquiétude de ma part — de nous retrouver égaux à nous-mêmes. Il entre dans cela un art de vivre que je goûte d’autant mieux que d’autres amis sont, quant à eux, sujets à des sautes d’humeur, selon leurs caprices — et peuvent rendre, comme le dit l’étymologie, chèvre tout aussi bien leur interlocuteur…

En avance d’une ou deux minutes, Aymeric Place Verlaine m’attend sous l’auvent de la boulangerie. La pluie a repris, en effet.

Nous nous acheminons vers le bar accoutumé. Puisque c’est de circonstance, je raconte Venise l’avant-veille sous la pluie. Le retour calamiteux d’Italie.

Aymeric commande la même pinte que moi.

Je retrace la soirée bien arrosée de la veille avec F. et Pascal.

Comme j’évoque l’annulation intempestive de mon train en gare de Brescia, lui, me raconte qu’avait été mêmement annulé durant l’été un train qu’il avait réservé en Allemagne, dont le remboursement ensuite s’était avéré difficile. Le train en question circulait pourtant, mais ne s’arrêtait plus à Ulm [gare de laquelle partaient, ou à laquelle, P. et lui voulaient parvenir, détail que je ne me rappelle pas entre-temps].

Les cadences à son travail sont plus soutenues depuis la rentrée. Aymeric, il est vrai, travaille dans la plus grosse imprimerie de toutes les universités hexagonales.

Son neveu a entrepris un semi-tour du monde, lequel a commencé à Jakarta (ce qui, à mon sens, est un début plutôt rude) ; pour ce faire, il a démissionné de son emploi. Nous commentons ce changement dans les carrières, désormais plus souvent hachées et interrompues, auxquelles sont exposés les jeunes gens, mais aussi leur précarité et la carence de vraies perspectives en la matière…

Aymeric dit n’être pas allé au cinéma depuis que nous avions vu les Carnets de Siegfried de Terence Davis. Je lui donne l’invitation surnuméraire que j’ai reçue du film de Gaël Morel, Vivre mourir renaître.

J’ai reçu un message d’Angelo, qui m’annonce que le réfrigérateur de son appartement est de nouveau en panne. Après nous être installés au restaurant indien, Aymeric et moi, je l’appelle depuis la rue. La conversation, assez longue, me donne l’impression que je soliloque, d’autant que je l’entends mal.

Je fais retour auprès d’Aymeric. Sur la tablette qu’on nous a mise entre les mains, nous constatons que la carte comporte de nouveaux plats. Le serveur époustouflant1 officie toujours, que je confonds pourtant d’abord avec un autre, qui lui ressemble — Aymeric me détrompe à ce sujet — et qui, quoique à peine trentenaire, arbore déjà un petit ventre (signe d’aisance, néanmoins, dans la culture indienne, me semble-t-il).

Et ce que nous commandons, en prenant soin d’étrenner de nouvelles recettes, ne nous déçoit pas. Mon plat est d’ailleurs trop copieux et je laisse quelques pommes de terre sur mon assiette. Contrairement à Aymeric, je me dispense donc d’un dessert.

Aymeric prendra quelques jours durant les vacances de la Toussaint pour se rendre en Bretagne. La succession des biens entre frères et sœur après le décès de sa mère n’est pas encore réglée. Aymeric héritera de la maison, actuellement louée. Il envisage de prendre sa retraite à l’âge légal en novembre 2025 — sans, selon toute vraisemblance, prolonger afin de “sur-cotiser”. J’évoque J.-M., qui avait fait ce choix — et qui ne l’avait aucunement regretté. Je songe d’ailleurs qu’il n’aura profité de sa retraite que deux années et quelques mois… Aymeric, après s’être fait calculer le montant de sa retraite, touchera 2000 euros de pension, ce qui lui semble tout à fait suffisant étant donné son train de vie coutumier.

Nous prenons un verre après avoir dîné. Je retrace la soirée de la veille avec F. et Pascal, ce que m’a révélé Pascal de leur vie affective et sexuelle. J’évoque, à ce propos, ma lecture — seulement entamée, l’ouvrage comportant un nombre considérable de pages — de l’opus d’Arthur Dreyfus, Journal sexuel d’un garçon d’aujourd’hui. Je précise en quoi je ne suis pas toujours en phase avec le jeune homme, en quoi nous différons, ce qui me surprend et, sans pour autant m’indisposer, parfois me laisse un sentiment de totale indifférence. Aymeric s’étonne que ma curiosité m’ait poussé à lire un récit de la mère de l’écrivain, que j’ai emporté dans mes valises durant mon voyage en Italie et vais bientôt terminer.

 

C’est sur la perspective d’un prochain retour à Paris en novembre ou décembre que nous nous quittons Place Verlaine — sur la perspective de pouvoir nous voir bientôt à nouveau.

-=-=-=-=-=-=-=-

1De mon point de vue, en tout cas. Aymeric, à qui j'ai soumis mon imprimatur et qui a corrigé quelques-unes de mes coquilles, a ajouté en effet : « A ce point ? J’aurais dit “charmant” ». Pour ce qui me concerne, "charmant" m'agrée — mais dans son sens fort, celui de la littérature médiévale courtoise — et je maintiens volontiers l'hyperbole ¡

 

 

 

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