1744 - Si au moins… ça pouvait ressembler… à l'Italie (32)

Publié le par 1rΩm1

 

 

Si au moins…

 

ça pouvait ressembler

                             

                                        à l’Italie !

 

 

(récidive)

 

 

32

 

 

 

 

13 octobre 2024 [suite]

Soir

B. se montre autrement mieux disposée que d’ordinaire.

Elle survient quinze minutes avec l’heure du restaurant dans le bar de la Place d’Italie où je l’attends et proteste qu’elle ne veut pas prendre de consommation alors qu’il reste si peu de temps. Personne, en effet, ne l’y oblige. Pas même la serveuse, plutôt indolente.

Au restaurant où nous nous rendons ensuite, la table qui nous est réservée — je n’ai pourtant rien demandé — se trouve à l’écart et nous sommes installés à une table pour quatre personnes.

Le petit serveur — celui que je connais dès longtemps, non pas le grand Indien bouleversant — me reconnaît et fait assaut d’affabilités à notre égard.

Naturellement, B. maugrée de devoir se servir de la tablette. Nous choisissons les mêmes plats. Elle croit à toute force que, même si c’est indiqué, le curry de poissons ne sera accompagné de riz. Elle s’en assure donc auprès du serveur.

Le concert de chant choral dont elle revient lui a beaucoup plu. Elle parle de la pénurie de doliprane actuelle, des laboratoires pharmaceutiques et de vaccins. Ledit doliprane ne lui fait aucun effet, alors que le cocktail de vaccins injecté la dernière fois [ou s’agissait-il de l’ingestion d’un antibiotique ?] a provoqué chez elle une éruption de boutons. Tout ce qu’elle développe se tient souvent au bord du complotisme, et, comme je sourcille un instant à propos d’une de ses allégations concernant le « réchauffement climatique », elle tempère aussitôt son discours, s’accordant avec moi que c’est peut-être avant tout une question de termes, que « réchauffement » ne convient pas toujours, sinon globalement, l’année en cours étant déjà la plus chaude jamais enregistrée, et que « dérèglement climatique », de plus en plus usité, rendrait mieux de phénomènes climatiques extrêmes qui se multiplient à divers endroits de la planète, sans parler de ce que j’appelle un « yoyo climatique » sévissant de plus en plus souvent, qui fatigue et désempare l’organisme et l’esprit

Elle évoque aussi sa retraite, dans la perspective de cesser peut-être toute activité d’ici une ou deux années. Elle ne travaille actuellement plus que deux jours par semaine, continuant par là à cotiser. Peut-être ne conservera-t-elle pas son appartement à V*** et vivra-t-elle sur un train plus réduit ensuite. Sa chaudière menace de la lâcher, une dépense conséquente dont elle se serait bien passée. J’évoque la mienne, toute neuve et en panne au bout de trois mois.

Nous parlons — à peine — de mon voyage en Italie. Et elle me demande où en j’en suis avec l’orthophonie.

Elle, a constaté des retards de langage chez de plus en plus d’enfants, et de plus en plus tôt — surtout parmi des familles de migrants. Elle s’empresse d’ajouter que certaines situations compliquées, inextricables en sont la raison, mais qu’elle fait face à des cas qui ne sont pas toujours de son ressort, mais bien plutôt celui d’un psychologue. Du fait des coupes drastiques dans les moyens et les soins, le personnel des institutions et des hôpitaux sont à l’évidence débordés — et malheureux. Je parle des démissionnaires de l’Education nationale, dont le nombre, en augmentation constante, n’est plus communiqué. Je parle de Khadija, qui a accepté des vacations de professeure de français, travaille actuellement dans un collège difficile, et dont je n’ai pas de nouvelles.

B. trouve excellent notre repas, y compris le pichet de vin que nous avons commandé. Et l’addition, en outre, est indolore, puisque bénéficiant de 50 euros de remise. Nous laisserons un pourboire important, quoique moindre que deux jours auparavant avec Aymeric.

De quoi parlons-nous encore ? — Fugitivement des prochaines vacances de Simone, que, pour ma part, j’avais oubliées, qui impliquent une suspension des cours de gymnastique pendant quinze jours. Mais aussi de cinéma. Des deux films que je viens de voir à Paris. Je lui conseille les Graines du figuier sauvage (dont je ne retrouve pas immédiatement le titre).

 Mohammad Rasoulof, les Graines du figuier sauvage © Internet

Mohammad Rasoulof, les Graines du figuier sauvage © Internet

*  *  *

Nous avons passé trois heures ensemble, bien plus longtemps que d’ordinaire.

Nous nous quittons à l’intérieur de la station de métro, chacun allant vers une direction opposée..

 

 

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