1754 - Par, Paris, par ici (6)
Journal extime
(Paris, 26 novembre - 2 décembre 2024)
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Il court, il court, le furet
Le furet du bois, mesdames,
Il court, il court, le furet…
(chanson enfantine)
Vendredi 29 novembre 2024 [suite]
Après notre arpentage minutieux de l’exposition Ribera, Norbert se dit fatigué et déclare vouloir rentrer.
Il nous quitte donc, Judith et moi. Nous délibérons un instant quant à la suite à donner à notre journée.
Nous sommes bientôt en route vers le musée Bourdelle pour d'abord déjeuner, puis voir « Rodin/ Bourdelle. Corps à corps ».
Bourdelle dans le plâtre du Monument aux combattants, dans l'atelier du sculpteur Jef à Bruxelles, 1901, Contretype d'après un négatif sur support en nitrate d'argent, Paris, Musée Bourdelle © Internet
Albert Harlingue (1879-1964), Rodin au milieu de sa collection d'antiques, Non daté, Agrandissement d'après une épreuve gélatino-argentique, Paris, Musée Bourdelle
La surface d'exposition au sous-sol en est (nécessairement) réduite, mais la confrontation des deux sculpteurs, Bourdelle et Rodin, avive notre intérêt.
Antoine Bourdelle (1861-1929), Rodin travaillant à La Porte de l'Enfer, 1910, Bronze Fonte Rudier, avant 1927, Paris, Musée Rodin
Auguste Rodin, Ève Fairfax (1871-1978), Vers 1904, Plâtre, modèle mis aux points ; Ève Fairfax, 1904-1905, Marbre exécuté par Antoine Bourdelle et Victor Peter, Paris, Musée Rodin
Antoine Bourdelle, Adam, Modèle à grandeur d'exécution , 1889, Bronze Fonte Susse, 1990, Paris, Musée Bourdelle
Antoine Bourdelle, La Hellade immortelle ou Buste de Pallas, 1897-1898, Marbre de Paros, Paris, Musée Bourdelle
Antoine Bourdelle, Esprit maîtrisant la matière , 1900, Bronze, Fonte Rudier, vers 1925, Paris, Musée Bourdelle
Alberto Giacometti (1901-1966), Homme traversant une place, 1949, Bronze, Zürich, Alberto Giacometti-Stiftung
Judith, après notre visite, se dit à son tour fatiguée, ce qui réclame une sieste de sa part. Quelques trois cents mètres la séparent de cette jouissance. Elle me quitte donc.
Il n’est que 14 heures à peine. Je me rends dans un magasin d’habillement, vanté la veille lorsque nous étions passés devant son enseigne, où, sans trop chercher, j’achète un pull à col roulé noir et un pantalon en velours de la même couleur (le besoin d’un amincissement, dans le miroir de la cabine, se fait criant, me dis-je, dans un bref exercice d’auto-ironie en regardant sans m'attarder mon reflet).
Après-midi
Comme Macron « inaugure Notre-Dame », nous apprend le chauffeur de bus, itinéraire détourné et périmètre bouclé, le dernier arrêt régulier sera Odéon, avant Oberkampf-Filles du calvaire quelques bons kilomètres plus loin. Nombre de passagers manifestent leur mauvaise humeur de devoir être ainsi débarqués. Je suis épargné par le souci de changer de véhicule, mais lance à la cantonade : « À l’Elysée ou à Notre-Dame, Macron nous emmerde ! » Quelqu’un rit.
La mésaventure n’aura pas d’incidence sur moi, en vérité. Voire : je serai rentré plus vite.
Je passe un bon moment de l’après-midi à légender les photographies prises au cours de la journée.
Soir
Je vais au cinéma au Forum des Halles voir Grand Tour de Miguel Gomes. Le film est intéressant. Il recourt, souvent avec humour, à un sens exact de la dérision — ce qui veut dire aussi qu’il tient à la lisière le romanesque, l’aventure, voire l’exotisme du propos, en dépit des images empruntées aux pays traversés (tournées un siècle après l’histoire du film censée se dérouler en 1917, ce qui maintient, voire accroît, la distance requise).