Par, Paris, par ici (8)
Journal extime
(Paris, 26 novembre - 2 décembre 2024)
8
Il court, il court, le furet…
(chanson enfantine
1er décembre 2024
Matin
Je vais à la librairie gay non loin de l’appartement de F. et Pascal acheter l’ouvrage récemment paru de Karim Kattan, l’Eden à l’aube — j’ai entendu par hasard l’auteur s’exprimer à la radio, ce qui m’avait donné l’envie de le lire —, dans l’idée, puisque je n’avais pas été déçu dans ma lecture, de l’offrir à mes hôtes parisiens. Et j’ai eu pour autre idée entre-temps d’acheter Nos vies pour Anne. Malheureusement, le récit de Marie-Hélène Lafon est absent des rayons. La vendeuse à laquelle je m’adresse me communique toutefois gentiment le nom d’une librairie proche, ouverte le dimanche, qui le possède, m’assure-t-elle après avoir cherché sur son ordinateur.
Je marche jusque là.
Je nettoie la tablette de toutes les données, ce à quoi je parviens après quelques approximations. Il est temps ensuite d’aller chez Anne et Patrice.
Après-midi
Anne se montre loquace en diable. Elle saute d’un sujet à l’autre et interrompt sans cesse par quelque association d’idées mon propos (et le sien). Je prends le parti de m’habituer à ses « sauts et gambades ». En fait, j’ai envie de la suivre cette fois-ci — et y parviens malgré tout.
Elle a lu l’ouvrage de Lafon (je me rappellerai, mais seulement ensuite, que l’idée de le lui offrir venait, en fait, de la réminiscence d’une conversation antérieure) — et le possède. Elle l’échangera plus tard.
Elle m’offre une boisson fermentée qui détoxifie l’organisme, que j’accepte et qui, au vrai, me paraît buvable. Cela n’est pas trop sucré et a le goût du gingembre.
Elle me fait un compliment sur le pull vert amande rescapé de l’aéroport de Venise, et je parviens à raconter presque jusqu'au bout les circonstances dans lesquelles j’ai failli devoir y renoncer.
Elle fait l’éloge de l’exposition du Louvre. Je fais le récapitulatif, quant à moi, des expositions visitées au cours de ces deux mois derniers.
Ils n’avaient pas voulu voir le documentaire sur la famine en Ukraine en 1933. Eux, me vantent En fanfare.
Patrice, en effet, occupé à aller et venir depuis la cuisine, réussit à se joindre assez opportunément — quel que soit le cas de figure — à notre conversation.
Nous passons rapidement à table.
Lui, a préparé une potée lorraine, dont je me réjouis par avance le sachant bon cuisinier.
Anne parle de l’Ile rouge de Romain Campillo. Il me revient alors qu’elle et moi avions aimé le film.
Filles et petits-enfants vont bien — après avoir développé les maladies infantiles accoutumées.
Nous parlons aussi des deux sœurs de Patrice, demeurées coites depuis quelques années. J’apprends — ce que j’ignorais — que Martine était (est encore ?) alcoolique.
La potée est très bonne. Anne a fait le dessert, une tarte au chocolat, dont elle me prodigue la recette, assez simple, mais que je ne retiendrai pas.
La bouteille que j’ai apportée s’est bue toute seule — avec l’aimable et prompt secours de Patrice, qui n’a pas oublié (même si leste à lever le coude comme à son ordinaire) pour autant de servir mon verre.
Nous parlons de Pascal et F. Je décèle une note acidulée dans le propos. Patrice n’a pas vu Pascal, il est vrai, depuis la fois où nous avions été invités au restaurant (je date cela de quatre ans).
Anne propose ensuite une promenade au cimetière Lachaise, tout proche, dans sa partie haute, de leur domicile.
Elle me mène sur la tombe de Gaspard Ulliel avec une piété pour l’acteur qui me fait sourire. (Je pense d’ailleurs à Pascal et F., tout aussi réceptifs au charme de l’acteur principal de Juste la fin du monde, en prenant la photographie.)
Je raconte le rêve où Pascal avait deux paires d’yeux (de couleur différente, même si j’en ai oublié la nuance, verte et brune, j’imagine). Et, précisé-je, cela lui allait très bien
Anne nous précède, tout à sa volonté de nous guider. Elle m’apprend que, si Michel Legrand est bien mort, Macha Meryl, vivante encore, sera inhumée sous la même lame, que l’inscription préexiste — si j’ose dire — à sa disparition.
Nous avons, Patrice et moi, quelques apartés, que, sous ma capuche (il fait froid), je n’entends pas toujours très bien.
Je prends un cliché d’un monument art déco.
La promenade dure une bonne heure. Je rentre avec eux. La conversation dure un peu dans l’entrée de l’appartement. Pourtant, je ne veux pas m’éterniser. J’ai eu plaisir à les voir : je le dis, mais m’esquive bientôt.
Fin d’après-midi
Je continue de ré-initialiser la tablette, sans succès. L’être fictif, que je voudrais prêt aussi à l’emploi pour Pascal et F., afin de la partager avec eux n’est pas viable : il y faudrait des indications véritablement personnelles.
J’y renonce donc.
2 décembre
Matin
Je pars en oubliant l'argent des nuitées, que j'avais pourtant retiré durant la matinée.
La matinée se passe à un ménage aussi complet que possible, hormis le salon où je n'ai pas mis les pieds.
Je suis particulièrement content de mon séjour, même si Duncan ne s'est pas manifesté.
N'ayant pas réussi à créer une adresse électronique à mon usage, je remporte la tablette, en remettant à plus tard peut-être la possibilité de le faire.
* * *
Quand j’arrive en milieu d'après-midi à ****, il pleut sans discontinuer. Dans mon appartement, il fait plutôt frais, l'impression en étant accrue du fait de l'humidité.Quand je rentrerai trois heures plus tard après bu un verre en compagnie de T. puis fait quelques couses, le thermomètre n'accusera qu'une hausse limitée. Et je songerai que l’entrée dans l’hiver semble définitive, et que, selon toute vraisemblance, ce ne sera qu’au printemps que je jouerai de nouveau les furets assidus dans les rues de Paris…
(à suivre : séjour parisien [en préparation], 30 mars-7 avril 2025)