De Lille à Bruges (1)

De Lille  à Bruges

 Journal extime

(15 - 23 juillet 2025)

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15 juillet 2025 [suite]

Fin d’après-midi

Après mon passage auprès de Raphaël, je m’arrête au Luxembourg afin de faire le plein de gazole, puis acheter quelques bières — ainsi que les deux cartouches de cigarettes que m’a demandées Khadija pour elle et son frère. Je m’effare que le tabac soit devenu si hors de prix. (Comme, à la demande du buraliste, j’ignore si je dois prendre des cigarettes légères ou non, je téléphone à Khadija en me faisant préciser la couleur, rouge ou dorée, des paquets.)

Quand j’arrive près de M***, toutes sortes d’oiseaux volent au crépuscule dans la campagne ardennaise.

A. m’aide à décharger mes bagages. Khadija me dit être en retard dans ses préparatifs culinaires : elle s’est enfoncée dans une longue et lourde sieste après avoir bu trois Ricard au déjeuner.

Aussi les bières que nous buvons sur la terrasse s’étirent-elles dans le temps imparti à la cuisson du plat principal. Il fait bientôt frais et nous décidons de rentrer.

Khadija m’apprend qu’elle a finalement accepté la vacation qu’on lui proposait sur deux établissements scolaires différents et plutôt distants entre eux (elle a fait le trajet jusque celui qu’elle ne connaissait pas avec son frère, sur une autre mauvaise route, qui lui prendra quarantaine de minutes). Son emploi de temps serait de 22 heures avec 5 classes. Je ne m’étends pas mais je suis navré qu’elle n’ait pas su refuser : elle va se faire une année difficile.

Il est assez tard quand nous entamons le repas. Le lapin, qui n’a pas cuit assez longtemps, s’avère ferme sous la dent. Le Rasteau, en revanche, est très bon. Comme je n’aime guère la pastèque, j’ai acheté des cerises.

Je m’amuse des « Ninou » et « Maman » et autres hypocoristiques dont Khadija use avec son chat — et songe, avec davantage d’amusement encore, à ce que m’avait dit Claudie à propos du fait que A. va garder le chat durant notre absence : « pour rien au monde je ne lui confierai pas le mie ! » (je crois même citer textuellement les paroles prononcées).

Nous nous couchons dès après le dîner, en prévision du lendemain, de la route que devrons faire, peu après vingt-trois heures…

Khadija a préparé des mouchoirs et une bouteille d’eau minérale au chevet du lit à mon intention, gestes à quoi je reconnais bien son sens de l’hospitalité.