1319 - Lettre à J.-M. [août-septembre 1986] (2)

Publié le par 1rΩm1

 

[in  memoriam  J.-M.]

 

Mardi [2 septembre 1986], 17 h 30

    Ma première journée de [formation] était pleine d’un entregent tout à fait positif.

1319 - Lettre à J.-M. [août-septembre 1986] (2)

C’est beaucoup moins vrai de cette journée-ci, bien plus fatigante, et presque stérile.
    C’est l’air hagard, le matin, hier que je suis sorti de ma boîte à chaussures. Il était sept heures pétantes. J’étais le premier à vouloir petit-déjeuner. C’est dire peu que de dire que j’étais à côté de mes pompes. Aussi lorsqu’un  jeune homme s’est mis face à moi espérais-je que je n’aurais pas à lui faire conversation. Espoir vain, et vite déçu. Mais ce désir immédiat, égoïste, s’est vite estompé, tant l’interlocuteur m’était sympathique. Nous nous sommes croisés deux fois ensuite à Reims, dans la journée. Samuel. Vingt-et-un ans. Professeur stagiaire de dessin. Echappé d’Aix-en-Provence. Voix chantante des méridionaux. Nous avons bu des demis en fin d’après-midi, et avons fini par un échange de nos adresses provisoires. A suivre, peut-être.
    J’ai revu — bien sûr — [Philippe,] mon “spéciman” ardennais. Engoncé dans un sempiternel pull à col roulé gris. « Salut ! » J’ai investi la place tout à côté de lui. Il a semblé surpris, et, immédiatement, très nerveux. Son trouble a mis au moins un quart d’heure à se dissiper. Puis la conversation a roulé, banale. Mais, à midi, nous sommes allés manger ensemble dans un restaurant. J’étais content de cette tournure que prenaient les choses. A suivre donc — avec circonspection. D’ailleurs, je suis méfiant désormais. Et le charme est rompu. En dépit de cela, l’on en fera peut-être, de ce monsieur, un ami fort convenable.
    J’ai terminé de me saouler — voir les demis avec Samuel — avec W., chez j’ai dîné. Après quoi, nous avons consommé des cocktails dans un endroit baroque et feutré de Reims — où Pascal, je crois, est déjà allé. Bien avinés, nous avons bien ri. En fait, W. était un peu crispée de ne pas savoir ce qui l’attendait pour sa rentrée du lendemain.
    Le reste ?… Beaucoup de temps perdu à visiter des appartements chers ou minables. Des réunions stériles [dans le centre de formation] et [au lycée]. Mademoiselle B., vieille demoiselle à moustache et trente-et-un ans de service pour l’Education Nationale, est ma « tutrice », qui m’agrippe le bras à chaque qu’elle veut me parler. Bref, rien de captivant ni d’extraordinaire.
    Pour l’heure, je suis accablé de fatigue. Les pieds, les bras m’en tombent, et je doute d’avoir encore ma tête. Le demi que je bois continue de me couler doucement…

P.-S. - D’autres démarches. J’ai trouvé une “agente immobilière” sympathique, qui doit me faire visiter un appartement sans confort — ni douche, ni eau chaude — à 330 F/ mois ! Sait-on jamais ?!
    Je joue les “free-timers”. Je n’ose pas trop investir la cuisine de W., pour m’y faire à bouffer. Si la voiture est “re-carrossée” ce week-end, cela ne posera plus problème la semaine prochaine — car mes pieds en ont gros le cœur, et l’appartement de W., lorsqu’on arpente le centre ville et y tourne en rond, semble loin tout de même, en particulier à midi…
    Je ne vais pas jouer longtemps les libellules rémoises. Mon lit, ce soir, m’attend tôt, et je ne vais sûrement pas tarder à le regagner…

(à suivre)

 

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