1412 - La Toscane et la Ligurie au rythme de Sébastien
La Toscane et la Ligurie
au rythme de Sébastien
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(reportage photographique : 11-21 octobre 2022)
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[Comme la précédente, cette série a été initiée sous les espèces d'un jeu, sinon d'une plaisanterie, adressée à T.]
12 octobre, matin, Florence, Galleria degli Uffizi
14 octobre, matin, Florence, Museo dell’Opera del Duomo
Trittico di san Sebastiano/ Triptych of Saint Sebastian, Terzo quarto del XIV secolo/ Third quarter of the 14th century
15 octobre, après-midi, Lucques, San Michele in Foro
16 octobre, matin, Lucques, Museo Nazionale di Palazzo Mansi
18 octobre, après-midi, Gênes, Palazzo Rosso
18 octobre, après-midi, Gênes, Galleria di Palazzo Bianco
Fillipino Lippi (Prato, 1457-Firenze, 1504), San Sebastiano Fra i Santi Giovanni Battista e Francesco, Pala di Francesco, Dalla Chiesa di San Teodoro
19 octobre, matin, Gênes, San Lorenzo
Federico Barocci (Urbino, 1535-1612), Crocifissione con Vergine, San Giovanni e San Sebastiano, olio su tela
19 octobre, après-midi, Gênes, Palazzo Reale
Domenico Fiasella, il Sarzana (Sarzana, 1589-Genova, 1669), San Sebastiano, 1630 circa, olio su tela
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Tout jeune ou homme formé, voire adulte vieillissant, irradiant la beauté ou non — malgré ce qu’affirme sa légende —, criblé de traits (« tout couvert de pointes comme un hérisson », selon Jacques de Voragine) ou à peine empenné ou transpercé, porteur parfois d’ailleurs lui-même d’un penne bénin sous les espèces d’une plume, le buste savamment dénudé — rarement velu en raison de sa supposée grâce adolescente1 — ou exceptionnellement vêtu, dûment ligoté au bois de son supplice ou libre et délié de toutes ses cordes, semblant prêter le flanc à son martyre, dans une pose volontiers alanguie, la variété des Sébastien croisés m’étonne toujours, tandis que sa vocation victimaire m’émeut presque invariablement. Précisément — et pour échapper quelque peu à l’iconographie gay quasi pavlovienne héritée des adulateurs de beauté et lecteurs de Mishima frissonnants de pitié à l’idée de sa mort —, celui de Filippo Lippi à Lucques me plaît beaucoup (si c’est par jeu ou dérision que j’ai photographié le lendemain le tableau de Gelli).
Malgré tout sensible donc à la détresse de l’homme blessé, de tous ses avatars, je tends néanmoins à lui préférer le Sébastien soigné par Irène du Guerchin vu à Bologne en octobre 2018.
Giovan Francesco Barbieri detto il Guercino (Cento, 1591-Bologna, 1666), San Sebastiano curato da Irene, 1619, tela, 179,5 x 225 cm, Pinacoteca nazionale de Bologna
J’ignorais alors que Sébastien avait miraculeusement guéri une première fois — avant d’être finalement tué à coups de verges, épisode que je n’ai jamais vu représenté, non plus que celui (il y aurait fallu peut-être le Caravage) où l’on le jette à l’égoût…
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1C’est pourtant le cas dans cette représentation du saint par Ribera au Musée San Martino de Naples (cliché du 18 février 2020, pris lors de l’exposition consacrée à Giordano Bruno au Grand Palais).