1197 - Si tant est que ce ne soit pas une maladie… (1)

Publié le par 1rΩm1

 

 

Si tant est que ce ne soit pas une maladie

Carnets d'un convalescent

(Journal extime)

Work in progress

 

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1197 - Si tant est que ce ne soit pas une maladie… (1)

Vendredi 5 juin, après-midi [suite au Journal de l'hôpital]

Mon père et ma sœur me laissent devant chez moi. Je retrouve mon appartement, heureux de pouvoir y vaquer seul.

Le ménage a été fait. A la demande de ma sœur, la femme de ménage s’y est employée. Le réfrigérateur a même été nettoyé.

(Je ne sais pas encore que la femme de ménage habite juste en face de l’hôpital — et que j’aurais pu photographier, tout aussi bien que l’unité de soins palliatifs où J.-M. a terminé ses jours, le petit pavillon où elle demeure. Comment ne pas songer que, sans elle, j’aurais été hospitalisé bien plus tard — que l’on m’aurait secouru Dieu sait quand ?…)

 

Samedi 6 juin

Je poursuis toutes sortes de correspondances, de ces « chaînes » qui, depuis longtemps, nous délivrent et délivrent des bouteilles à la mer salvatrice (les bouteilles étant bien entendu plus nombreuses que l’océan qui nous épargne, sauve, ou perd…).

Et nous convenons de nous voir, T., Paul et Marthe le lendemain.

 

Après-midi

Je rédige (donc) un message en direction de Christine, qui, elle aussi, dans les douze jours qui viennent de s’écouler, aura été d’un secours précieux — jusque durant mes nuits puisqu’elle avait ajouté aux livres et chocolats une paire de bouchons d’oreille en souvenir d’une conversation que nous avions eue à propos des voisinages bruyants. Et j’ai attendu d’être revenu pour ouvrir la boîte des chocolats qu’elle m’avait adressée :

1197 - Si tant est que ce ne soit pas une maladie… (1)

Bonjour Christine,

C’est fou comme des chocolats et bonbons anglais aident à la résilience ^^ !

Je suis rentré hier de l’hôpital — avec soulagement, vous pensez bien ! Toutefois, j’ai retrouvé mes voisins de dessous et dû remettre en service illico presto les bouchons d’oreille (toujours aussi précieux !) :(

Avant de quitter l’hôpital, j’ai croisé Anouchka. Ça [m’a] fait vraiment plaisir de la voir. Entre autres nouvelles que nous avons pu échanger, nous avons parlé un peu de vous :) : je lui ai notamment dit que vous prépariez le CAPES.

Tenez-moi au courant de la suite. Je forme naturellement des vœux pour que vous soyez la mieux classée possible, et être ainsi au plus proche de votre domicile. (Apparemment, il n’y a pas de stagiaire à ****, contrairement aux années précédentes…)

A bientôt. Recevez, comme d’habitude, tous mes encouragements.

R P

PS - Apparemment, mon père vous a trouvée très sympathique ^^…

 

Soir

J’écris à Judith.

Ma chère Judith,

Quelques mots (comme je le peux ^^, je ne garantis pas des dérapages d’un mot ou un autre, d'une forme ou à une autre, malgré x relectures :( !).

J’étais content de quitter l’hôpital — non sans avoir l’opportunité de rencontrer une ancienne élève, Anouchka, orthophoniste dans les murs, que j’ai été très heureux de rencontrer, d’autant que je l’appréciais vraiment beaucoup en tant qu’élève).

Ce n’est pas elle qui a été mon orthophoniste à cinq reprises durant ce séjour, mais une autre jeune femme, que j’ai trouvée efficace et qui m'a encouragée. J’irais désormais dans un cabinet en ville, tout près de chez moi (à moins de trois cents mètres, en vérité). J’ai déjà pris contact, dès vendredi, et entamerai les séances dès jeudi prochain. Pour ce qui est de l’ergothérapie, j’ai pratiquement récupéré (en deux séances !, mais aussi dans une pratique quotidienne) les doigts de la main droite : seul l’index se montre encore faible, ce qui n’est pas véritablement handicapant… Il y aura d’autres séances, mais plus tard.

Cela sera autrement plus long à réapprendre à écrire de manière fluide — et à tout simplement parler…

Je suppose que ma sœur ne t’a rien dit : ma mère est hospitalisée depuis dimanche dernier (je l’ai su par mon père jeudi). Elle ne reconnaît plus personne dorénavant. Mon père a entrepris des démarches par la placer dans un établissement spécialisé. C’est évidemment très dur pour lui, mais cela reste la meilleure chose à faire : il ne sera consacré à elle autant qu’il aura pu, mais faire davantage serait débilitant, à mon sens...

En tout cas, ces événements nous auront bien secoué[s], en moins d’une quinzaine de jours…

Puis-je te redire combien j’ai été sensible à ta sollicitude ? combien elle ne m’aura beaucoup touchée ?

Le plus dur est passé, indubitablement, du moins pour ce qui me concerne…

Bonjour aux enfants et à N.

Je t’adresse d’affectueuses pensées.

A bientôt,

Romain

*  *  *

Elle me répond bientôt, durant la nuit, à la faveur d’une de ces insomnies auxquelles elle est accoutumée :

Cher Romain,

Cela me fait bien plaisir de te lire et de retrouver tes qualités et ton goût pour l’écriture intacts.

Ravie d’apprendre que tu as récupéré, et si vite, l’usage de ta main droite. C’est très important. Et bon signe. Le cerveau a rétabli le circuit. Merveille !

Tu as pouvoir te concentrer sur la parole. Je ne doute pas que tu progresses là aussi rapidement. Garde confiance ; les orthophonistes doivent savoir quoi faire, les cas sont si nombreux, dont certains bien pires.

Je suis bien désolée pour ta maman. Ta sœur ne me l’avait effectivement pas dit. Je savais en revanche pour avoir posé précisément la question que ta mère avait compris ce qui t’était arrivé et je ne peux m’empêcher de penser que l’accablement lui a fait lâcher prise et descendre d’un cran.

Quand tu t'en sentiras la force, si ce n’est déjà fait, il est possible qu’inversement le fait de te revoir lui fasse retrouver en partie ou momentanément ses esprits. En tout cas, cela lui fera du bien.

C’est sans doute le destin des mères aimantes d’être plus affectées par le malheur de leurs enfants que du leur propre.

J’essayais ce matin justement d’imaginer ta vie de retour à la maison : les escaliers, les courses, la cuisine, etc., et je me faisais un peu du souci. Peur d’un accident domestique si vite arrivé. Mais si ta main droite est valide, je suis presque rassurée.

N’hésite pas néanmoins à te faire aider pour tout ce qui te semble harassant et sans intérêt rééducatif ou « sportif ». Prends-toi si besoin une aide ménagère en plus de ta femme de ménage.

Ton père et ta sœur vont sans doute t’aider et veiller sur toi mais j’imagine qu’ils auront besoin de repos après ces deux gros chocs et ces années d’endurance face à la maladie de ta mère.

Ici les choses suivent leur cours et les vacances approchent. On a loué à Montargis (Loiret) pour 15 jours en juillet et à Belle Ile en août. Entre les deux, stage et concerts avec le groupe de chanteurs dans le Cantal.

Le mauvais temps est revenu : on n’a pas encore repris de pot en terrasse. Mais on y pense!  Et un bon restau serait appréciable également. Sinon jardins, musées : la vie revient lentement.

A bientôt de tes nouvelles,

Je t’embrasse,

Judith

 

 

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