1518 - Si bien que… ? (62)

Publié le par 1rΩm1

 

 

Si bien que… ?

(Journal extime)

Work in progress

 

62

 

 

5 avril 2023

J’ai reçu — enfin — ce jour l’arrêté avalisant l’ultime prolongation (de trois mois) de mon congé longue maladie, assorti d’un « [a]vis favorable à une inaptitude totale et définitive à toutes fonctions ». L’instruction de mon dossier en vue soit d’une retraite soit d’une invalidité risque de prendre un certain temps encore. Je toucherai entre-temps un demi-traitement, « jusqu’à la décision ministérielle concernant la concession d’une pension d’invalidité », est-il précisé sur le courrier qui m’a été adressé. Aussi ai-je porté auprès de ma mutuelle la copie attestant ce dernier arrêt de travail dans la journée même, afin que le versement d’une indemnité journalière soit rétabli en attendant le 25 mai 2023 — d’autant que les travaux sur ma terrasse devraient débuter la semaine prochaine et que le devis en est tout de même relativement élevé. J’attends toujours, par ailleurs, qu’un ouvrier mette la dernière main à l’habillage de la baie de l’escalier — après quoi je devrai m’acquitter du restant de la facture, ce qui implique que je devrai bientôt la coquette somme de 10 000 euros. Ce que c’est de jouer au Monopoly et de devoir faire des réparations dans ses maisons !

(Quoi qu’il en soit, je me suis par procuration senti délivré d’un poids encombrant lorsque le dimanche précédent, ma sœur, mise à la retraite à compter du 1er avril et désormais soulagée de ne plus devoir rendre des comptes à une administration tatillonne — plus encore que celle à laquelle j’ai eu affaire ces trois dernières années —, a débouché le champagne : elle touchera plus dorénavant, en outre, que lorsque, pour des raisons similaires d’incapacité, elle était au R.S.A. !)

 

6 avril

Enième journée de manifestation.

© Internet

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J’ai rendez-vous avec Paul. Les participants manifestent avec d’autant plus d’énergie que les effectifs, sans avoir vraiment fondu, ont tout de même diminué, les jeunes, lycéens et étudiants, surtout, regroupés presque en tête de cortège redoublant de virulence.

Nous avisons Claudie, dont la rencontre apparaît de plus en plus inéluctable, quoi qu’en ait Paul, qui l’apprécie peu.

De fait, au gré des stations et déplacements, compressions et déploiements, nous sommes bientôt à moins d’un mètre d’elle.

Au carrefour des deux principales artères commerçantes de **** (dénommé « point central » par les autochtones), sans qu’on comprenne bien ce qui se passe, peut-être parce qu’un groupe plus radical s’est séparé et a souhaité envahir un espace en dehors du parcours prévu, une charge policière — que nous n’avons pas vue d’où nous sommes, mais qui paraît seule vraisemblable — a lieu, pendant que la foule recule et pendant que des gaz lacrymogènes dans leur expansion avancent sur ses talons. Les yeux clairs de Claudie pleurent. Comme j’ai ajusté prestement un masque que je conservais dans ma sacoche, les miens semblent moins affectés, de sorte que je me contente d’éternuer en raison des miasmes déployés. Paul, plus rapide ou drainé par le mouvement de foule, a disparu.

© Internet
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La tension et la colère sont grandes lorsque, après que le cortège s’est stabilisé les vapeurs se sont dissipées ; retentit alors, immense, la clameur « Macron, démission ! », scandée et reprise ad libitum par les manifestants.

 

Le cortège remis en branle jusqu’au « point central », nous rejoignons Paul dans le bar où nous sommes accoutumés d’aller après avoir ainsi défilé, et Claudie nous offre une bière.

Nous parlons de Khadija, dont Paul par raccroc connaît le frère. Claudie brosse un portrait sans concession, que je ne suis pas loin de partager, de M., qui porte tout à coup dans l’esprit de Paul, lequel a toujours chanté ses louanges — et, plus encore, Marthe — et qui se rappelle alors des détails concernant son addiction au jeu, puisqu’ils se voyaient souvent dans le bar P.M.U. de leur quartier. J'explique alors que Khadija a souvent épongé ses dettes de jeu de son frère, y perdant des sommes considérables.

Paul s’ouvre un peu mieux à ce que dit Claudie, et je m’en réjouis, d’autant que Claudie peut se montrer assez caustique et drôle.

 

 

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