1608 - Si bien que… ? (80)

Publié le par 1rΩm1

 

 

Si bien que… ?

 

(Journal extime)

Work in progress

 

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1608 - Si bien que… ? (80)

 

14 novembre 2023

Je reçois un avis concernant — c’est bien plus tôt que je l’avais escompté — la mise en paiement de ma pension.

 

15 novembre

Je téléphone à Monsieur B. : j’entends le remercier (je ne sais, au vrai, s’il y est pour quelque chose) du suivi — depuis cinq ou six ans — de mon dossier de retraite.

Je l’avais rencontré deux fois pour m’enquérir de mon avenir de retraité. Ce rond-de-cuir d’une stature imposante — son obésité le rendait presque plus large que long — assigné à résidence dans son bureau avait cette gentillesse que j’ai pu souvent discerner, depuis Hannah, chez les personnes en surpoids. Il semblait ravi que l’on le visite et distraie d’une occupation qui ne paraissait pas l’occuper beaucoup. Ses approximations (et erreurs successives) concernant le calcul de ma retraite — et ses commentaires désabusés sur les changements incessants des paramètres à prendre en compte —, plutôt que me rebuter, m’avaient amusé.

Notre discussion — il se montrait curieux et disert — m’avaient appris qu’il avait entrepris des études de littérature à peine plus tard que les miennes. Aussi avait-il pu mettre à jour une nécrologie de tous les disparitions survenues parmi les enseignants que nous avions connus : G. B. et P. L., en particulier.

Après le coronavirus, quand je l’avais à nouveau contacté pour prendre des renseignements pour une possible pension pour invalidité, il avait déploré que son bureau restait inaccessible à toute visite : nous allions devoir procéder à distance, par téléphone, sans possibilité de nous voir.

Quand, quelques temps après, je l’avais croisé par hasard tout près de chez moi, il m’avait adressé de larges signes depuis sa voiture, manifestement heureux de me voir depuis mon trottoir.

Il me rappelle d’ailleurs ce moment au cours de notre conversation.

 

16 novembre

Je me rends dans les bureaux de la mutuelle dont je suis adhérent.

Je réalise soudainement que je devrai m’acquitter d’une cotisation qui excédera chaque mois celle liée au montant du demi-salaire qui m’était versé pendant les deux dernières années de mon arrêt de travail, sans que j’en puisse calculer l’incidence.

Puis, me penchant sur les papiers que l’on m’a demandé de fournir, je prends tout aussi bien conscience que ce que je croyais une indemnité mensuelle versée au titre de mon incapacité à toute fonction représente, en fait, le montant majoré de la rente servie chaque mois par l’une des caisses de retraite : 25 €, et que je n’obtiendrai pas davantage !

 

 

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