Si bien que… ? (86)

Publié le par 1rΩm1

 

 

Si bien que… ?

 

(Journal extime)

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Si bien que… ? (86)

 

10 décembre 2023

Ai oublié mes lunettes : ce n’est guère commode pour lire.

La même mésaventure m’est arrivée après avoir relevé le courrier de l’immeuble. Comme le patronyme d’Angelo débute par les deux mêmes premières lettres que le mien, qu’en outre la seconde syllabe de son nom comporte la lettre E, j’ai éventré l’enveloppe que je croyais m’être destinée. M’apercevant de ma méprise, j’étais considérablement embêté — d’autant que nous nous étions quelque peu affronté au sujet du bruit produit par un de ses visiteurs au cours de la nuit quatre jours auparavant. Partant, je me retrouvais en position de faiblesse en cas de récidive de sa part ou de ses amis.

 

Téléphonage hier avec Aymeric. Sa mère est morte le 23 novembre, quelque trois semaines après la mère de Khadija. Il m’a prévenu de son décès quelques temps après les obsèques, après être revenu de Bretagne. Il exprime son soulagement : sa mère ne se nourrissait plus, ses facultés cognitives presque entièrement altérées. Il évoque ma mère à ce sujet. Il devra retourner au moment de Noël en Bretagne pour régler la succession, qui s’annonce compliquée, sa sœur pressée de toucher sa part d’héritage, son frère et lui, beaucoup plus indifférents. Après quoi, il passera le Nouvel An à Bordeaux en compagnie de C**** et d’une très ancienne amie, d’une nature enjouée précise-t-il à son propos, l’allègement procuré par elle pouvant compter, tant pour lui dans la période que pour C****, que la disparition récente de son ami affecte beaucoup encore…

Nous raccrochons après plus de deux heures et quart de conversation soutenue, moi parlant beaucoup d’abord, lui me relayant ensuite. A peine avons-nous eu conscience de ce temps écoulé.

 

(Je pourrais tomber amoureux de ce garçon, beau, grand, blond, musculeux — non que j’aime les muscles en général, mais les siens, les biceps, ceux que je devine des cuisses, du torse, des fesses (par gradation), me plaisent autant que l’ajout, parlant, d’une syllabe à l’adjectif d’ordinaire usité musclé, « musculeux » —, bien balancé, d’une aménité considérable, toujours empressé auprès de la clientèle. Seul défaut que je lui connaisse, les épais carreaux qu’il retire, sans doute par coquetterie, lorsqu’il prend son service, « myope comme une taupe » qu’il est, m’a-t-il glissé comme en confidence je ne sais plus à quelle occasion…)

 

 

13 décembre

Mon père, à qui je fais part, de mes différends avec Angelo du fait des bruits nocturnes réitérés qui, l’avant-veille, m’ont empêché de dormir, suggère que je me procure un sonomètre afin d’évaluer l’amplitude des nuisances sonores occasionnées. C’est davantage la localisation — à la tête même du lit que je me suis résolu à occuper, plutôt que dans la chambre où je dormais avant qu’Ennio n’emménage — que l’intensité des conversations entendues qui me dérange, au point de ne pas parvenir à verser dans le sommeil. J’explique que, en tout état de cause, Angelo s’avère bien moins bruyant que son voisin de palier, qu’il n’est pas certain pour autant que les mesures que j’effectuerais seraient probantes et dépasseraient un seuil acceptable, auquel cas je ne pourrais guère faire valoir une nuisance avérée. Je fais lire à mon père l’assez long courrier que j’ai rédigé à l’intention d’Angelo, sans vraiment être convaincu de devoir le lui adresser : il a surtout eu l’effet de me soulager en exposant griefs et mise en garde ¡

Je cède pourtant à l’idée de télécharger un sonomètre sur mon téléphone.

 

 

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