919 - Ricaduta italiana (VII)
RÉCIDIVE ITALIENNE
Journal extime, automne 2018
(Paris, Venise - Ferrare - Bologne, Paris)
VII
25 octobre
Matin
Je visite la fondation Guggenheim. Le prix d’entrée est élevé et, si les œuvres sont souvent intéressantes, les lieux sont toute de même assez petits — et vite parcourus. (Que l’endroit soit le plus insigne dévolu à l’art contemporain en Italie laisse songeur. Mais il est vrai que les villes italiennes doivent absorber aussi déjà tout leur patrimoine hérité de la Renaissance, et qu’il est peut-être difficile, dans ces conditions, de savoir où donner de la tête !)
Marcel Duchamp (1887-1968), Nu (esquisse), Jeune homme triste dans un train, 1911-12, Oil on cardboard, mounted on Masonite
De la terrasse-débarcadère, l’activité sur le Grand Canal retient quelques moments toute mon attention.
La statue de l’ange de la cité, qui, comme pour contrecarrer ses allures bonasses et à l'instar de sa monture, s'étire de tous ses membres — l'un en érection —, également.
Je reprends ensuite ma déambulation
— non sans me rappeler une exposition parcourue avec Judith à Beaubourg,
l’affiche dans l’appartement d’Else à Copenhague,
ou le fait que J.-M. aimait beaucoup Jean Dubuffet...
Jean Dubuffet (1901-1985), Portrait du soldat Lucien Geominne, 1950, Oil-based mixed-media on Mansonite
Avant de quitter les lieux, je photographie cette sculpture de Giacometti
puis enjambe le Grand Canal par le pont du Rialto.
Il est interdit de prendre des photographies dans le presbytère de San Stefano. Je n’y contreviens pas, l’ayant fait l’année précédente, les clichés n’en étant guère fameux du fait notamment du manque de lumière — et me contente de noter les titres des œuvres du maître du moment (le Christ lave les pieds des apôtres, Jésus au jardin des oliviers, sans en trouver de reproductions correctes par la suite…)
Je déjeune ensuite au même endroit que la veille.
Après-midi
Je me console — quelque peu — avec cet autre lavement de pied du même Tintoret à San Moisè.
Poursuivant mon tour des églises, je me rends à Santa Maria del Giglio.
Giulio del Moro (1632-1698), Dernière Cène ; Giuseppe Porta le Salviati (1520-1570), les quatre Sibylles (Agrippine, Cumane, Tiburtine, Delphique)
Antonio Zanchi (1639-1722), Marie sur son Trône symbole de l’église mère et les saints titulaires des églises affiliées
Je découvre, qui me rappelle mon séjour en août en pays flamand, la seule peinture de Rubens conservée à Venise.
Je me mets en quête ensuite du Palais Contarini del Bovolo et son escalier en colimaçon, que je me contente de regarder de l’extérieur.
Je prends ensuite le vaporetto pour Castello, afin de voir la Basilique San Pietro di Castello (sans savoir alors que j’emboîte le pas au héros de Hugo Pratt)
Antonio Belucci (1654-1727), Saint Laurent Giustiniani intercédant pour la libération de Venise de la peste de 1447, c. 1695
En toute conscience cette fois, je vais à pied, sur les traces de Corto Maltese, jusqu’à l’Arsenal, en pensant (et en regrettant) que je n'ai(e) pas fini Fable de Venise entamé durant mon séjour chez Patrice.
Je visite une dernière église, San Martino Vescovo, avant de déclarer forfait — il n’est pas 18 heures encore — et rentrer à Mestre faire des courses et me préparer à dîner.