931 - À pas maltais (3)

Publié le par 1rΩm1

 

 

 

 

À pas maltais

 

Paris – La Valette - Paris, 27 décembre 2018 - 5 janvier 2019

 

(journal extime)

 

3

 

28 décembre [suite]

 

Après-midi

 

Je ne trouve qu’avec beaucoup de difficultés le Musée national des Beaux-Arts, qui, en fait, a changé de lieu [depuis le 15 décembre, apprendrai-je ensuite] et est rebaptisé MUŻA. Il occupe — semble-t-il — la place du bureau d’information touristique que j’ai vainement cherché le matin [!], dans un bel immeuble rococo, siège naguère de l’amirauté britannique et fief autrefois des chevaliers italiens de l’ordre de Malte. Beaucoup de peintures, en raison sans doute de ce transfert, souffrent d’un défaut d’étiquetage.

 

Guido Reni, Risen Christ, c. 1619, Oil on canvas

Guido Reni, Risen Christ, c. 1619, Oil on canvas

Matthias Stom (ou Stomer) (c. 1589-90-c. after 1650), The Parable of the Good Samaritan, c. 1628, Oil on canvas

Matthias Stom (ou Stomer) (c. 1589-90-c. after 1650), The Parable of the Good Samaritan, c. 1628, Oil on canvas

931 - À pas maltais (3)
931 - À pas maltais (3)

Cependant, ces décollations, l’une de Baptiste, l’autre d’Holopherne sont de la main de caravagesques non répertoriés (le même Matthias Stom peut-être pour le premier tableau ?) — et non identifiés (par moi s’entend !) [le second, d’après des recherches depuis, étant de Valentin de Boulogne, dont je cherchais la toile — précisément].

Quant au peintre et au martyr — étripé ! — de ce tableau, je ne saurais davantage me prononcer… La toile pourrait être du même premier peintre.

 

931 - À pas maltais (3)

Mes yeux se rivent ensuite sur un tableau, dont, néanmoins, je ne suis nullement étonné d’apprendre qu’il est de Ribera.

 

Jusepe de Ribera (1591-1652), St Francis of Paola, Oil on canvas
Jusepe de Ribera (1591-1652), St Francis of Paola, Oil on canvas

Jusepe de Ribera (1591-1652), St Francis of Paola, Oil on canvas

*  *  *

Dans la rue, alors que je reviens des jardins où j’ai pris mes photographies le matin, tout en sacrifiant à nouveau à la vue qui s’offre à moi,

 

931 - À pas maltais (3)

je m’aperçois en les cherchant que j’ai perdu ma paire de lunettes solaires à ma vue, j’ignore comment et quand. Je suis furieux contre moi. Je parcours les lieux que j’ai pu arpenter depuis le moment où je me revois les porter encore. En vain.

Je me résigne à leur perte et fais des courses. Je trouve, en rentrant, le réfrigérateur presque plein. Je stocke sur le balcon les denrées qui ne nécessitent pas d’être gardées au frais. Il ne fait que 16,4 petits degrés dans la chambre : c’est tout de même assez peu... Je mets le chauffage en route.

En attendant qu’il fasse une température plus agréable, je vais au hasard des rues afin de me trouver un bar où consigner quelques notes en attendant l’heure du dîner.

 

 

Soir

 

Lorsque je rentre, le sapin de l’entrée, celui de la cuisine, sont illuminés. Paul a fait une crèche (comme disait ma mère). Près de la Fontaine-aux-Tritons, à l’entrée du centre de La Valette, j’ai vu, le matin, une crèche géante — ce qui m’avait rappelé notre séjour chez A., Khadija et moi, il y a dix ans à cette même période de l’année.

 

 

Nuit du 28 au 29

 

Je suis réveillé vers les trois heures — à nouveau !

Je remâche, sinon de sombres pensées, des idées du moins déceptives : quel est donc ce vide que je désire à toute force combler par mes voyages, mes déambulations dans les musées — ce vide que je comble de peintures magnifiques cependant, mais qui appuient aussi sur la médiocrité parallèle de nos vies ? Car les hommes aujourd’hui ont troqué les monuments d’hier, leurs croyances d’autrefois par des cathédrales  — voire : l’image peut sembler abusive, des temples plutôt ! — numériques qui ne leur apportent que de fausses satisfactions, engendrant peurs, colères, dépits, agitations, remuements...

C’est à cette idée, pour banale qu’elle soit, que mon esprit s’est livré en contemplant cet après-midi la façade d’une église baroque, majestueuse dans sa pierre ocre pâle. Certes, c’étaient des crédules que des puissants avaient cravachés pour monter ces monuments destinés aussi à assujettir, mais nos croyances valent-elles mieux que celles du monde d’hier ? — toutes exténuent, toutes agenouillent.

Et d’autres sombres pensées... À qui dire ce qui me travaille sourdement... ? Cette vieillesse désormais presque installée. Cette décrépitude proche à venir. Cela se dit à deux, parfois, avec Aymeric, avec T. ou M.-C. ; mais l’un joue toujours la modération — l’autre ou moi...

 

 

 

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