1135 - À la napolitaine (14)

Publié le par 1rΩm1

 

 

À LA NAPOLITAINE

 

RÉCIVIDE

ET (NOUVELLE) TRANCHE (DE VIE)

 

(Journal extime)

 

PARIS - NAPLES - PARIS - ****

 

(16 février - 1er mars 2020)

 

14

 

25 février

Matin

Overblog, après que j’ai cliqué sur une fenêtre, demeure obstinément en dérangement. Je perds du temps à rétablir la connexion, ce qui, bien sûr, m'agace suprêmement.

De premiers masques apparaissent parmi les usagers du métro.

Aucun train pour Paestum ne circule avant quelques heures, et je me résous à aller à Salerne, malgré l’heure et demie du trajet (la distance à parcourir n’étant que de quelque cinquante ou soixante kilomètres) !

Je travaille durant le trajet.

 

Je ne regrettai pas pourtant mon crochet.

A presque onze heures, je suis à pied d’œuvre pour visiter la cathédrale, qui me fait songer aux pavements et mosaïques de Monreale et de Palerme.

Porte des Lions (XIe siècle)

Porte des Lions (XIe siècle)

Duomo : atrium, loggia et campanile

Duomo : atrium, loggia et campanile

2-3th century - from the 13th De Vicariis family, Winged puttoes with the coat of arms of the De Vicariis Family

2-3th century - from the 13th De Vicariis family, Winged puttoes with the coat of arms of the De Vicariis Family

1135 - À la napolitaine (14)
1135 - À la napolitaine (14)
1135 - À la napolitaine (14)
1135 - À la napolitaine (14)
1135 - À la napolitaine (14)
1135 - À la napolitaine (14)
1135 - À la napolitaine (14)
1135 - À la napolitaine (14)
1135 - À la napolitaine (14)
1135 - À la napolitaine (14)
1135 - À la napolitaine (14)
1135 - À la napolitaine (14)1135 - À la napolitaine (14)
1135 - À la napolitaine (14)
Crypte (XVIIe siècle)
Crypte (XVIIe siècle)
Crypte (XVIIe siècle)
Crypte (XVIIe siècle)

Crypte (XVIIe siècle)

Après un peu erré pour trouver un endroit où me poser agréablement — entre-temps, j’ai visité la Pinacoteca Provinciale di Salerno, où j’ai été très bien accueilli (le personnel se montrant empressé envers le visiteur solitaire que j’étais), vite parcourue, et dont les œuvres, inégalement intéressantes, n’excédaient pas le nombre des gardiens livrés à l'ennui —

Francesco Guarino, Sacrificio di Isacco, olio su tela, cm 107 x 130, scolo XVII (prima metà), Pinacoteca Provinciale di Salerno

Francesco Guarino, Sacrificio di Isacco, olio su tela, cm 107 x 130, scolo XVII (prima metà), Pinacoteca Provinciale di Salerno

Pasquale Avallone (Salerno 1884-1965), Lo specchio [The Mirror], olio su tela, 69 x 69,5, 1915

Pasquale Avallone (Salerno 1884-1965), Lo specchio [The Mirror], olio su tela, 69 x 69,5, 1915

je déjeune d’une portion de pizza et d’un baba au rhum dans une pâtisserie.

Je goûte fort ce repas sur le pouce, d’autant mieux qu’un garçon accort et complice sert et dessert les plats.

 

Après-midi

Je laisse passer l’arrêt de train de Paestum. La jeune femme qui contrôle les billets m’indique aimablement quel train emprunter pour revenir en arrière, tout en inscrivant son numéro et son horaire, ce qui me fournira mon sésame pour un autre contrôleur.

De ce temps perdu, je me console bientôt en visitant le site, dont je photographie — nonobstant un élévateur et des ouvriers en action et aux prises avec le premier au moment où j'arrive — les temples à l'envi, sous tous leurs angles, perspectives, ambiances lumineuses ou contre-jours.

1135 - À la napolitaine (14)
1135 - À la napolitaine (14)
1135 - À la napolitaine (14)
1135 - À la napolitaine (14)
Templo di Athena detto di Cerere
Templo di Athena detto di Cerere

Templo di Athena detto di Cerere

Il santuario con piscina (III seco A.C.)

Il santuario con piscina (III seco A.C.)

1135 - À la napolitaine (14)
1135 - À la napolitaine (14)
Il tempio c.d. di Nettuno (metà del V secolo A.C.)
Il tempio c.d. di Nettuno (metà del V secolo A.C.)

Il tempio c.d. di Nettuno (metà del V secolo A.C.)

1135 - À la napolitaine (14)
Tempio di Hera detto Basicila
Tempio di Hera detto Basicila

Tempio di Hera detto Basicila

1135 - À la napolitaine (14)
1135 - À la napolitaine (14)

Les touristes y sont peu nombreux, même s’il me faut patienter qu’ils s’en aillent pour ne pas — ou peu — apparaître sur mes clichés.

Et je boucle ma visite par le temple de Cérès, sa vue débarrassée de l’élévateur motorisé avec lequel j’ai dû ruser pour prendre certaines de mes photographies.

Je me rends ensuite au musée attenant au site.

1. Anfora a collo lungo con la raffigurazione della nascita di Afrodite 3. Broccha (Oinochoe) 4. Vaso per le cerimonie nuziali (Lebes Gamikos)

1. Anfora a collo lungo con la raffigurazione della nascita di Afrodite 3. Broccha (Oinochoe) 4. Vaso per le cerimonie nuziali (Lebes Gamikos)

Contenitore per liquidi (Pelike) attico a figure rosse : vestizione in palestra [Santa Venera, tomba 174 (475-450 BC)])

Contenitore per liquidi (Pelike) attico a figure rosse : vestizione in palestra [Santa Venera, tomba 174 (475-450 BC)])

Arcioni, Tomba 641 (Seconda metà V sec. A.C.), Coppa per bere (Kylix) formata al pittore attico Xenothimos, con Armati su un lato, e Athleti sull’altro

Arcioni, Tomba 641 (Seconda metà V sec. A.C.), Coppa per bere (Kylix) formata al pittore attico Xenothimos, con Armati su un lato, e Athleti sull’altro

Santa Venera, Tomba 175 (480-470 A.C.), Contenitore per liquidi (Pelike) Attico : Dioniso e un satiro

Santa Venera, Tomba 175 (480-470 A.C.), Contenitore per liquidi (Pelike) Attico : Dioniso e un satiro

La tombe du Plongeur
La tombe du Plongeur
La tombe du Plongeur

La tombe du Plongeur

Fresque du Plongeur (couvercle de la tombe éponyme)

Fresque du Plongeur (couvercle de la tombe éponyme)

Andriuolo, Tomba 86 (330-320 A.C.) : Vittoria ala su biga in corso ; Ritorno del guerriero

Andriuolo, Tomba 86 (330-320 A.C.) : Vittoria ala su biga in corso ; Ritorno del guerriero

Marble Triton, Decoration from the impluvium of a private dwelling, Second century AD

Marble Triton, Decoration from the impluvium of a private dwelling, Second century AD

Puis je fais le chemin de la zone archéologique à la petite gare, pressé quelque peu par les horaires des trains du retour, non sans avoir acheté une carte postale de la Fresque du Plongeur, que je destine à Valérie.

Le train que je voulais prendre a disparu entre-temps du panneau d’affichage. Je prends dojnc mon mal en patience jusqu’au suivant.

Celui-ci est bientôt à l’arrêt. Un message en italien, puis en anglais, informe les voyageurs qu’une autorisation doit être donnée d’entrer en gare. Contrairement à ce qu’affirme quelque guide lu précédemment, les retards des trains italiens n’ont rien d’une légende : sur trois de mes trajets de la journée, ce sont deux trois des convois qui ont été retardés…

Et, quelle qu’ait été la densité de la journée — dont je me réjouis à maint égard —, le déplacement en train y a pris un temps prépondérant !

 

-=-=-=-=-=-=-

   de Pascal Quignard, l’Homme aux trois lettres, Editions Grasset & Fasquelle, 2020, pp. 127-128 :

    Tout amateur d’art authentique tombe dans la scène.
    Les « yeux » du lecteur n’observent pas l’objet qu’il tient entre ses mains ; le livre est oublié ; ses yeux sont fascinés par autre chose ; ils sont déjà avalés par le corps autre qui les mobilise tout entiers. La lecture alors est un carmen, un charme, un chant de sirène, un odos chamanique, un tao nébuleux. Il ne faut sans doute pas dire du lecteur qu’il ne voit plus « passer le temps » : il plonge dans le jadis où la diachronie se dissout. C’est le plongeur de Paestum, admirable peinture exécutée au dos d’un sarcophage, peinte pour le regard de personne, peinte pour les yeux morts du mort, admirable peinture comme peinte à l’instant, si liquide, si fraîche qu’on peut aller admirer, dans le plus complet des silences, sinon le bruissement de l’air conditionné, dans le sous-sol du temple grec si beau qui fait face à Capri, qui se tend vers l’île au sanglier si massif, tombant à pic dans la mer, juste avant que l’eau de la mer l’englou­tisse et le mêle aux sirènes qui se sont jetées à leur tour dans la mer.

 

 

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