1500 - Si bien que… ? (57 bis) • Postscript

Publié le par 1rΩm1

 

 

Si bien que… ?

(Journal extime)

Work in progress

 

57

 

POSTSCRIPT

 

 

[Ajout du 9 juin 2023 :

Je n’ai pas retranscrit, semble-t-il, mon rendez-vous avec Nathalie et Clotilde, qui a eu lieu le surlendemain (?) de notre rencontre, après que Nathalie m’a téléphoné et que nous avons convenu d’un moment où nous retrouver. Je n’en trouve pas de trace particulière non plus dans ma correspondance. A près de cinq mois et demi d’intervalle, je ne saurais donc garantir l’exactitude de ce que je peux en retracer…

 

Je nous revois néanmoins attablés avec assez de netteté dans ce bar à bières où je croise toujours Nathalie, Léo et son ancienne compagne (dont ma mémoire — significativement ? — se refuse à retenir le nom1).

-=-=-=-=-=-

1Elle s’appelle Silvia. Car, si je perds la mémoire, je la retrouve sous sa forme “blogueuse” dans ce journal-ci, ce qui n’est donc qu’un demi malheur…

*  *  *

Nous prenons des nouvelles des uns et des autres. Clotilde, que je reconnais bien finalement et dont j’ai gardé un bon souvenir, est désormais enseignante d’anglais dans un lycée de Versailles (?), où elle habite. Elle a un enfant (un garçon ?), et vit séparée du père de l’enfant — que gardent ses parents chez qui elle séjourne alors même que nous conversons. C’est une brunette enjouée, aussi bavarde (et brune) que l’est Nathalie. Elle n’a pas particulièrement l’intention de demander sa mutation dans la région (me semble-t-il me rappeler). C’est elle qui, lors de mon passage aux toilettes, qui réglera les consommations, à mon corps défendant — bien évidemment.

 

Nous avons dû nous voir le 29, auquel cas c’était le lendemain de l’anniversaire de Nathalie — dont je me rappelais qu’elle est née le 28.

Je lui demande tout à trac si elle a lu Mrs Dalloway.

Comme elle répond par la négative et que Clotilde, elle, a lu le roman, qui lui a plu, je lui dis que je le lui achèterai (je songe à Léo, à qui j’avais offert le Docteur Faustus de Thomas Mann pour ses vingt ans, quelque quinze années auparavant : j’étais invité pour son anniversaire, n’y étais pas allé, trop dans l’orbe alors de R. — j’ai déjà raconté cela —, et j’avais regretté cette lâcheté ordinaire consistant à ne pas se séparer, fût-ce temporairement, de son conjoint, même si nous n’habitions pas ensemble, pour ne pas le froisser).

Nathalie, après Londres, Berlin, Budapest, Jérusalem… est à présent attachée de recherche et d’enseignement en études hébraïques anciennes (?) dans une université américaine (Yale ?) au nord de New York dans une ville (New Haven ?), dont le nom refuse de revenir avec certitude, et ce, pour huit (?) mois. Toutes ses affaires personnelles sont demeurées à Berlin.

Je plaisante — admiratif néanmoins — sur cette existence nomade, selon des destinations, non pas improbables, mais tout de même constamment renouvelées, au point que l’on se trouve immanquablement avoir deux ou trois longueurs d’onde différées — ce qu’illustre aussi le parcours, quoique dans une mesure et sur un arc moindre, de Julie, dont je demande des nouvelles. Celle-ci connaît, assure-t-on, une existence heureuse, sinon épanouie, auprès de son batteur de mari. J’aimais beaucoup Julie la violoniste, dont j’avais incidemment entendu une transposition pour violon d’une pièce de Debussy. Et je suis content d’apprendre que Léo cachetonne de mieux en mieux auprès d’orchestres classiques berlinois, lui qu’en mon for intérieur j’appelle toujours « le petit Léo » (et dont, au vrai, la taille et la stature mériteraient encore l’appellatif), lui que j’avais fait pleurer un jour où je lui avais rendu un devoir où il n’avait obtenu que 11 — et qui m’avait ému considérablement de prendre si à cœur l’humiliation que je lui avais si involontairement infligée.

 

Le reste de ce qu’on a pu échanger m’échappe complètement dorénavant…

*  *  *

Je viendrai déposer, avant le retour de Nathalie aux Etats-Unis — Nathalie habite une centaine de mètres plus haut dans la même rue que moi, ce qui nous a valu bon nombre de conversations, quand elle me hélait et que nous cheminions de conserve depuis le lycée jusque chez moi —, outre Mrs Dalloway, Une Chambre à soi, accompagnés de quelques lignes :

Bonjour Nathalie,

Pour faire bonne mesure, j’ai ajouté un essai (évoqué par Clotilde au cours de la conservation) au roman de Virginia Woolf ! Pouvez-vous d’ailleurs remercier à nouveau de ma part Clotilde et que je tiens à “prendre ma revanche” envers elle une prochaine fois ?

Au plaisir de vous revoir,

R P

La fente de la boîte aux lettres étant trop étroite, je me verrai dans l’obligation de sonner. Après un certain temps d’attente, une jeune femme avec un fort accent étranger viendra m’ouvrir, à qui je délivrerai mon paquet.

Quelques temps après, je trouverai sur le seuil même de mon appartement — on avait sonné, mais je n’avais pas ouvert puisque ce n’était pas l’heure du facteur — à mon tour un paquet contenant le roman de David Grossman la Vie joue avec moi, accompagné d’une carte postale de Budapest :

6-I-2023

Cher Mr P***,

Apparemment vous êtes tombé sur ma belle-sœur quand vous êtes passé. Elle m’a priée de vous présenter ses excuses : elle ne parle pas français couramment  et n’avait pas compris que vous n’étiez pas le facteur !

Et, de ma part un petit cadeau : un roman qui, chose rare, [évoque] deux de mes (anciens) pays adoptifs.

Bonne année 2023 !

Nathalie

P.S. J’ai bien retransmis votre message à Clotilde.

 

Je répondrai par une carte postale achetée quelques années plus tôt à la Neue Wache de Berlin représentant une sculpture de Kätte Kollwitz, la Mère et son fils mort

1500 - Si bien que… ? (57 bis) • Postscript

— établissant ainsi une de ces « chaînes » que je prise par dessus tout entre Berlin (un des lieux d’habitation de Nathalie), le roman du même Grossman, Une femme fuyant l’annonce — et même Leiris, qui, dans Frêle Bruit, parle d’un état antérieur du mémorial sous les espèces d’un bloc de pierre exposé aux intempéries dans l’oculus à ciel ouvert de ce mémorial des « victimes de la guerre et de la tyrannie » qui aura finalement connu maint avatar (peut-être pareil progress demeure-t-il par essence inachevé !)…

*  *  *

Je me dis, rétrospectivement, que mes réflexions paranoïdes à la suite de notre précédente rencontre n’avaient guère de raison d’être, que nous avons passé un moment agréable, que notre conversation aura bien fructifié dans et par des livres apparus essentiels aux yeux des uns et des autres (même si, pour ma part, j’ai moins apprécié le livre offert par Nathalie qu’Une femme fuyant l’annonce…).

 

 

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