905 - A l'anversoise (13)
DANS ANVERS, DANSE ANVERSOISE
(AnverS, AverS et Endroits)
[titre provisoire ?]
WORK in PROGRESS
Journal extime
(Bruxelles - Anvers - Gand - Bruges : 13 août - 25 août 2018)
13
23 août
Matin
Je m’active et pars tôt, en vue de profiter de la ville avant l’invasion des touristes.
Le temps est de plus en plus gris, le temps est de plus en plus frais (j’en suis cependant content, ayant misé sur des températures plus clémentes que les chaleurs des villes plus continentales des étés précédents pour mon séjour…), et j’accorde par principe cette grisaille à ma lecture du récit de Rodenbach Bruges-la-Morte.
Déambulant le long des canaux — dont je ne me souvenais guère, les croyant plus nombreux —, je sacrifie à la carte postale, à laquelle, à l’évidence, il manque le bleu du ciel.
Rozenhoedkaai (quai du Rosaire)
Je visite le Groeninge museum à l’heure de l’ouverture et suis alors seul à arpenter les lieux.
La première salle est consacrée à des représentations de l’enfer et du paradis après le Jugement dernier. Je m’abîme assez volontiers dans la vue de ces eschatologies saisissantes.
Jan Provoost (1462-1529), le Jugement dernier, 1525, Huile sur panneau
Entre mon œil, sollicité souvent, et les œuvres, cependant, s’interposeront méchamment des vitres, destinées à les protéger...
Et, outre les primitifs flamands, dont la magnificence des costumes et la délicatesse de traits des protagonistes m’accompagne depuis Bruxelles et Gand,
outre encore Jérome Bosch, outre George Minne
outre Fernand Khnopff,
je m’attarde devant divers tableaux du XIXe siècle d’une même génération de peintres ou artistes (donc) liés de près ou de loin à la Bruges symboliste qui plonge encore ses racines dans l’univers médiéval, artistes ou peintres dont le nom de prime abord ne me dit rien
Alois Kolb (1875-1942), Portrait de Ludwig van Beethoven ou “Le baiser au monde entier”, ± 1900, Eau-forte et aquatinte
— tandis que je retrouve les impertinences et facéties revigorantes d’un James Ensor, qui fortifient l’idée que l’art doit se nourrir de blasphèmes…
James Ensor, l'Entrée du Christ à Bruxelles, 1895, Eau-forte rehaussée à la main
Et je me reflète, ironie de l'image, dans les caricatures bien connues de Jean Lorrain par Sem
— tandis que je m’amuse de ce dessin satirique représentant Maurice Rollinat
ou du titre de ce tableau, intitulé “Bruges la morte, Bruges la vivante”.
Je photographierai dans la maison musée attenante (Gruuthhusemuseum) — dont la cour donne sur l’Eglise Notre-Dame, que je visite ensuite —
une vue du béguinage qui rappelle et l’univers et le récit de Rodenbach.
La Vierge à l’Enfant de Michel-Ange ne s’offre que lointaine à la capture photographique, une barrière empêchant qu’on franchisse la distance qu’elle semble de toute façon mettre entre sa propre maternité, le regardeur, son marmot et le destin qui l’accable, elle ou lui.
Michelangelo Buonarroti (1475-1564), la Vierge à l’Enfant (1505) (Eglise Notre-Dame [Onze Lieve-Vrouwekerk].
Je remarque une copie grossière d’un Caravage
et m’attarde afin de pouvoir photographier les mausolées de Charles le Téméraire et de Marie de Bourgogne devant lesquels se concentrent les touristes.
Mausolées funéraires de Marie de Bourgogne (Jan Borreman, entre 1495 et 1502) et de Charles le Téméraire (Jacob Jonghelinck, 1562)
J’en profite pour réviser mon histoire de la Lorraine…
* * *
Les Brugeois qui habitent des rez-de-chaussée ne mettent que très rarement des rideaux à leurs fenêtres pour disposer sur leurs rebords, au vu et su du passant, les objets qu’ils estiment jolis...